Le Goethe-Institut, les ambassades d’Allemagne et de Suisse, l’Espace Art Sadika, et le DAAD – l’Office Allemand d’Échanges Universitaires – ont décidé de rendre hommage au Centenaire du voyage de ces trois peintres ainsi qu’à l’apport de la Tunisie au monde des arts. « Ces peintres ont trouvé leurs chemins ici en Tunisie et ils y ont découvert leur identité », disait Christiane Bohrer, directrice de Goethe-Institut Tunis. Pour cette raison, ces organisations ont concocté un programme artistique et culturel qui débute au mois de mars 2014 et qui se poursuivra jusqu’à la fin de l’année. « Notre rêve serait de présenter des tableaux originaux des peintres célébrés, au Musée du Bardo », a ajouté Christiane Bohrer. Mais jusqu’aujourd’hui les organisateurs n’ont pas reçu l’autorisation des propriétaires. En outre, les assurances pour les tableaux coûtent extraordinairement cher.
Comme Paul Klee avait une grande affinité pour la musique – il jouait le violon et aurait voulu la carrière de musicien – un concert du jeune ensemble Bach de Stuttgart, institution allemande de renommée, aura lieu, le jeudi 13 mars au Théâtre municipal de Tunis à 19h. Un colloque « La Tunisie de Paul Klee », suivi par la projection du film « Paul Klee, voyage à Tunis » de Bruno Moll se déroulera le 10 avril à14 h, au Cinéma Le Mondial.
Le jour d’après, l’exposition « Photos de Voyage – Jadis et maintenant » comporte les photos qu’Auguste Macke a faites, lors de son séjour en Tunisie en compagnie de Paul Klee et Louis Moilliet, ainsi que celles de Gabriele Münter, femme peintre allemande, qui a visité le pays avec Vassily Kandinsky et qui était fortement liée avec le mouvement de Blauer Reiter (Chevalier bleu). Cette exposition se tiendra à la Galerie Cherif Fine Art à Sidi Bou Saïd et elle regroupera aussi des photos de l’Allemand, Florian Schreiber, et du Tunisien, Wassim Ghozlani, lesquels donneront un regard photographique sur la Tunisie d’aujourd’hui.
Paul Klee : un peintre qui trouva son chemin en Tunisie
Paul Klee (1879 – 1940) est célébré aujourd’hui, à côté de Vassily Kandinsky, comme un des pionniers et fondateurs de l’art abstrait en Europe. Le séjour en Tunisie l’a aidé à se libérer du figuratif. Pour lui, ce voyage avec les amis August Macke et Louis Moilliet en 1914 incarna la grande percée artistique. Il chercha une confirmation des connaissances pré-formulées en Europe, en ce qui concerne la couleur et la forme et donc la peinture. C’est à Kairouan que Klee franchit le pas. Soudainement, il sentit qu’un nœud se défaisait et il nota dans son journal : « Je laisse le travail […]. La couleur me possède. Je n’ai plus besoin de l’attraper. Elle m’a conquis pour toujours, je le sais. C’est le sens de cette heure heureuse : la couleur et moi ne faisons plus qu’un. Je suis peintre. »
Dès son retour à Munich, Klee créa sa première œuvre abstraite. Ce fut la grande montée artistique pour Klee. Ses peintures furent exposées dans les galeries les plus renommées d’Allemagne et se vendaient bien. Sous les répressions des Nazis en Allemagne après la prise de pouvoir en 1933, Klee émigra en Suisse. Les nazis l’étiquetèrent d’« artiste dégénéré », lors de son exposition sur «l’Art dégénéré » de 1937 à Munich où 17 œuvres de Klee furent exposées, 102 autres confisquées. En 1940, Paul Klee mourut à Locarno, juste avant de recevoir la nationalité suisse.
L’artiste tunisienne Sadika Keskes, estime que la révélation de Paul Klee a eu lieu à Kairouan, grâce au contact de ce dernier des tapis et des klims tunisiens. C’est pour cela, qu’à l’Espace Art Sadika à Gammarth, elle organise le 13 avril une exposition « Paul Klee et le tapis tunisien » qui montre des similitudes existantes entre certaines œuvres de Klee et les tapis fabriqués par des femmes des régions de Foussana, Sidi Bouzid et Kasserine. Par la même occasion, des œuvres de sept artistes tunisiens, qui ont travaillé sur le thème de Paul Klee et son séjour en Tunisie, seront exposées.
Sarah Kanning