Dans le contexte géopolitique actuel au Proche et Moyen-Orient, en particulier à Gaza où le monde observe en silence un génocide en cours contre un peuple occupé, oppressé, depuis des décennies, et où il est permis à « certains » de transgresser toutes les lois et conventions internationales et de pilonner des sites nucléaires mettant en danger des millions de vies humaines, la conscience humaine et les valeurs universelles ont du mal à résister, à préserver leur légitimité, leur sacralité.
Les peuples, toutes nationalités, identités, appartenances confondues, sont divisés, certains en conflit interne, sur ce qui se passe à Gaza (il ne faut pas oublier la Cisjordanie occupée qui connaît le même sort). Ils sont témoins d’un monde qui marche à deux vitesses : les plus forts et les opprimés et dans lequel tous les peuples n’ont pas les mêmes droits, il y a les dominants et les dominés. Ce qui était considéré comme une injustice : le « deux poids, deux mesures » est devenu une règle, celle du plus fort.
Mais ils ne peuvent rien changer à ce que décident des dirigeants avides de pouvoir, de domination, cupides, qui ont le culte de la violence aveugle qui détruit tout sur son chemin et sourde aux cris des massacrés, des affamés, des assoiffés, des déplacés, des torturés, des martyrisés. Ces derniers n’ont aucune gêne à inverser l’ordre mondial des règles de bienséance, de respect mutuel et celui des lignes rouges à ne pas dépasser pour préserver des milliards d’âmes innocentes, un ordre établi par des générations d’hommes d’Etat qui ont connu les guerres, qui en ont fait et qui en ont tiré les leçons.
Ces dizaines de milliers d’offensés de par le monde, y compris dans les puissances occidentales qui soutiennent sans condition Israël dans son projet macabre d’épuration ethnique sous prétexte de se défendre contre quelques centaines de combattants pour l’indépendance de leurs terres, n’ont d’autres moyens pour faire entendre la voix de la raison, celle des droits élémentaires à vivre libre sans occupant, que de descendre dans les rues, de battre le pavé et de crier « free Palestine », « Gaza, Gaza » et d’autres slogans appelant à la fin de la guerre. Ces voix restent inaudibles et les Palestiniens des cibles désarmées pour les soldats de l’armée sioniste qui tirent à bout portant sur des Gazaouis affamés amassés par milliers devant les nouveaux centres de distribution des aides alimentaires sous supervision israélienne et américaine. C’est tout dire du piège macabre monté par l’entité sioniste, en remplacement de l’agence onusienne (UNRWA) chargée depuis des décennies de la gestion des affaires des réfugiés palestiniens, accusée de tous les maux afin de l’exclure des territoires occupés. Un piège contre un peuple opprimé qui en dit long sur l’échec des dirigeants sionistes de faire libérer leurs otages entre les mains des combattants du Hamas autrement que par la voie des négociations et des échanges otages israéliens contre prisonniers palestiniens. Une catastrophe humanitaire qui met à mal les consciences encore vives, sensibles aux droits de l’homme les plus élémentaires, au droit à la vie, à la liberté, à la nourriture, à l’eau, à l’éducation…à la dignité. Les Palestiniens ont tout perdu et le monde regarde impuissant.
A côté de ce désastre humanitaire, un autre a été évité de justesse. Pour le moment. Les frappes américaines et israéliennes contre les trois sites nucléaires iraniens qui auraient pu déclencher une guerre mondiale ou, du moins, régionale et mettre en péril la vie de millions d’habitants en Iran et dans les pays de la région. Une gageure qui aurait coûté cher à n’importe quel autre dirigeant de ce monde sauf au président des Etats-Unis, Donald Trump, et au premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu, les maîtres du monde devant lesquels le monde se plie aux desiderata les plus fous.
Dans ce contexte mondial perturbé, menaçant, la stabilité des pays, certains plus que d’autres, n’est plus une question de souveraineté. Les ingérences étrangères sont à l’œuvre, plus qu’auparavant, dans le but de concrétiser des rêves jusque-là inaccessibles comme l’annexion de territoires étrangers ou l’affaiblissement d’un pays voisin ou d’un concurrent récalcitrant. Les « réalisations » militaires du régime sioniste extrémiste de Netanyahu au Liban, en Syrie, puis en Iran, après la destruction de Gaza et celle en cours de la Cisjordanie occupée, dans l’impunité totale, ont donné des idées à certains adeptes de l’ingérence étrangère, voire de l’intervention étrangère, dans les affaires intérieures des pays. De prétendus « opposants politiques » incapables de convaincre l’opinion nationale et de mobiliser les foules se tournent vers les puissances étrangères pour quémander leur intervention afin de faire changer le cours des choses. De quoi faire retourner dans leurs tombes les militants de la première heure qui ont sacrifié leur vie, subi les pires tortures, croupi dans les prisons, abandonné biens et famille, pour libérer leur pays de l’occupation étrangère ; les militants de la première heure des droits humains et universels à l’origine de l’arsenal juridique et des conventions internationales sur le sujet qui défendent l’humain, qui que ce soit, où qu’il soit, sans attendre de contrepartie financière ou politique, sans calculs, sans compromission. Que dire des autoproclamés défenseurs des droits de l’homme qui sollicitent l’intervention de pays étrangers pour faire respecter les droits de l’homme dans leurs propres pays sous prétexte que le régime en place est autoritaire? N’est-ce pas le propre du militantisme le fait de lutter contre les abus des dirigeants autoritaires et des dictateurs ? Solliciter qui ? Des pays étrangers où les droits de l’homme n’ont plus de sens ni de valeur quand il s’agit de Palestiniens ou de migrants étrangers ? Les opposants qui n’ont pas d’assise populaire, qui n’ont pas le charisme et la crédibilité des leaders d’opinion, qui n’ont pas le talent de diffuser leurs idées et de convaincre au-delà du cercle de la famille et des proches et qui appellent des forces étrangères pour les introniser sont des imposteurs et ne peuvent pas devenir des hommes d’Etat. Un leader d’opinion, un homme d’Etat, un porteur de projet se bat toujours pour un idéal difficilement accessible et c’est forcément une personne de courage, de détermination, de ténacité et de confiance, jamais de lâcheté. Faire appel à des pays étrangers pour changer le cours des choses dans son propre pays, au risque de le mettre à feu et à sang, de compromettre son avenir et de sacrifier la vie de nombre de ses compatriotes – comme l’ont demandé certaines pseudo-organisations de la société civile basés à l’étranger -, cela s’appelle de la haute trahison. Plus simplement, c’est de la lâcheté et de la perfidie. Autrement dit, le sale boulot pour arriver à ses fins.
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