Ces années, ces siècles qui passent

Il est d’usage chez les humains et à chaque boucle des 365 jours solaires, de se souhaiter une bonne nouvelle boucle. On l’a bien souhaitée en 2019 et on a eu ce qu’on a eu en 2020. De même à la veille des deux Guerres mondiales et d’autres calamités que l’humanité a vécues ; et la boucle n’a pas fini d’être bouclée.
Faut-il dès lors réviser nos rituels annuels et chambouler nos héritages solaires et autres lunaires ? D’autant plus que la vie poursuit son petit chemin, n’ayant cure de nos vœux et espoirs, rythmés sur un bête et ennuyeux mécanisme cyclique. La vie étant un ensemble de conjonctures dont nous sommes en partie individuellement responsables, et la même année, heureuse pour certains ne l’est nullement pour d’autres. Et qui plus est, on a l’impression que les nouvelles années sont pires que celles passées.

Un petit compte à rebours ?
Pourquoi pas !
Commençons par la Tunisie. Bien sûr, nous n’étions pas le pays de cocagne tant rêvé, mais à force de sombrer de plus en plus dans l’absurde politique, social, culturel, économique et même identitaire, nous avons épuisé ou presque, nos réserves d’optimisme. Certains diront que le processus démocratique, libertaire ou autres vocables grandiloquents, exige ce passage douloureux. Sauf qu’il y a des limites à la douleur, à moins qu’il y ait un but défini, une raison expliquée, un happy end à l’horizon.
Il est certain qu’on est en train de perdre systématiquement nos repères, avec en prime cette clochardisation rampante et si visible qui ronge l’humain, le matériel et l’immatériel, et c’est le but avoué ou non des nouveaux et puissants locataires de nos palais qui déstructurent pour mieux régner. Comment dès lors remonter la pente, avec une institution éducative à la dérive, une culture défaillante et une mentalité d’opportunisme, de mendicité et de rejet de tout projet porteur d’avenir.

Bonne année quand même Mesdames, Messieurs. 

 D’un autre côté, nous appartenons à ce qu’on appelle improprement, le monde arabe. Ce « monde » figé sur une image surannée qui date d’au moins huit siècles. Un monde qui refuse systématiquement toute évolution et qui a perdu tous ses ressorts et leviers. Il vit à l’écart du progrès, et se refuse aux réformes des idées et à la révolution des mentalités, tout en important, pour les plus nantis, les biens de consommation et gadgets occidentaux, dont les armes inutiles, signe d’une vaine valorisation.
Aujourd’hui, ce monde arabe, soit de bédouins, soit bédouinisé, passe à la phase finale tant attendue, la reconnaissance de la colonisation sioniste, et la servitude comme soulagement. Le fruit était mûr. On ne doute aucunement que le pire s’annonce d’ores et déjà.

A ce monde arabe dégénéré et capitulard,
nous souhaitons une bonne et meilleure année. C’est de mise.

Et pendant ce temps là…
Il y a un autre monde qui n’a cessé d’évoluer, de créer, d’inventer. Ce monde du « grand blond » aux vertus peut-être douteuses, mais que la légitimité de l’intelligence justifie, à ses yeux d’abord, aux nôtres aussi, toujours subjugués par un Occident qui nous a damé le pion grâce à nos connivences coupables, et à notre immobilisme béat, entretenu par nos dictateurs, heureux de mettre la main sur des peuples amorphes et sans mémoire ainsi que sur le pactole. 

Mais cet Occident de plus en plus dominateur,
a-t-il besoin de nos vœux ? Alors je passe,
comme disent les joueurs en mal de cartes.

Je sais que je joue les oiseaux de mauvais augure et que brosse dans le sens contraire du poil. Mais le rôle du journaliste, de l’intellectuel, du moins, de l’observateur, n’est-il pas de remuer violemment les consciences et de toujours essayer de réactiver ce qui reste de nos neurones ?
Non, quelque part je ne renonce pas à l’espoir. L’espoir d’une révolution culturelle, d’une laïcité libératrice, d’une décolonisation de nos esprits infectés par des siècles de soumission à l’adversité et aux faiseurs d’adversité. Un long et dur chemin à faire, un chemin de calvaire qu’entreprendraient des générations futures, enfin lasses des somnifères idéologiques et des systèmes castrateurs.
Cela reste du domaine des possibles.
Les Preux Allemands, vainqueurs de la reconstruction allemande après la dernière Guerre ne disent-ils pas : « C’est l’espoir qui meurt en dernier » ?
Je vous souhaite quand même et comme le voudrait l’usage, une bonne et heureuse année.

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