C’est un sujet dont on parle peu, mais qui relève d’une importance capitale : la crise du médicament en Tunisie. L’une des conséquences les plus graves que l’on peut observer au quotidien est, bien entendu, la pénurie de certains médicaments qui sont pourtant vitaux. Il existe plusieurs raisons expliquant ce qu’il se passe actuellement en Tunisie, mais focalisons-nous sur un seul chiffre qui peut donner une idée générale sur la crise.
Entre 65 et 70 millions de dinars : il s’agit du montant de la compensation des médicaments importés, assuré par la Pharmacie Centrale de Tunisie (PCT). Cette compensation concerne donc les médicaments importés, donc achetés en devises. Le plus grave, est que ces médicaments ont leur équivalant fabriqués en Tunisie. Une aberration. On ne peut que se poser des questions sur un tel choix de favoriser une importation coûteuse au détriment d’une industrie pharmaceutique nationale qui, malgré la crise, figure parmi les rares secteurs qui continuent de croître aujourd’hui, d’autant plus qu’il s’agit d’un secteur stratégique : la santé des Tunisiens. Cette industrie assure, pourtant, 52% des besoins nationaux en médicaments de la Tunisie en valeur et près de 70% en volume.
La crise du secteur est d’une profondeur impressionnante, et on peut la résumer avec un constat : elle est d’ordre politique. Les techniciens sont d’accord au sujet des problématiques à résoudre – création d’une agence du médicaments, simplification des procédures d’obtention des autorisations de mises sur le marché, etc. -. Or, ces problématiques ont été exposées et présentées à de nombreuses reprises aux décideurs politiques depuis des années, mais aucune avancée n’a été constatée. Il s’agit, de ce fait, d’une absence flagrante d’une volonté politique sérieuse… et pas que.
F. K