Qui a cru que l’euro vaudra, un jour, plus du triple du dinar tunisien ? Aujourd’hui, selon les données de la BCT (Banque Centrale de Tunisie), le ratio est de 3,21 dinars pour 1 euro (8 juin 2020). Impensable il y a à peine deux ans et impensable avant 2011. Aujourd’hui, si l’on atteint un ratio de 3 dinars pour 1 euro, on affirme qu’il s’agit d’une baisse encourageante et on s’estime heureux. Or, cela n’a rien d’exceptionnel et ce taux de changes reste très élevé et pénalisant pour l’économie tunisienne, sachant qu’avant 2011, nous étions à 1,9 dinars pour 1 euro.
Pourtant, plusieurs économistes ont mis en garde contre la dépréciation vertigineuse du dinar face aux monnaies de nos principaux partenaires économiques. L’ancienne ministre des Finances, Lamia Zribi – qui est une compétence incontestable -, a elle-même évoqué la probabilité d’un ratio euro-dinar de 1 pour 3. On se souvient du tollé que cela avait provoqué à l’époque. C’était ce que les détracteurs de l’ancienne ministre attendaient pour la faire tomber, et c’est exactement ce qui était arrivé : la ministre a été limogée peu de temps après ses déclarations pourtant vraies et qu’elles n’avait pas formulées à la légère.
D’autres personnes, moins connues que Lamia Zribi, ont fait part de leurs inquiétudes au sujet de l’évolution du dinar tunisien. C’est l’exemple de Chokri Mamoghli, universitaire tunisien, qui avait lui aussi prédit un ratio euro-dinar de 1 pour 3. C’était en 2017, une époque – si lointaine ! – où 1 euro équivalait à 2,450 dinars. « Ce qui est grave, c’est que cette évolution ne risque pas de s’arrêter et il est fortement probable, vu l’ampleur des déficits et des échéances de remboursement de la dette étrangère qui nous attendent à partir de 2017, que le cours de l’euro soit aux alentours de 3 dinars l’année prochaine. », avait-il écrit dans un article publié sur Wepost Mag en 2017…