Ces dossiers qui divisent…

La rentrée scolaire, 2015-2016, s’annonce chaude, voire mouvementée. Hormis la tension toujours vive qui continue de déchirer, depuis avril dernier, le ministère de l’Éducation et le syndicat de l’enseignement de base, voilà que le syndicat de l’enseignement secondaire annonce la couleur et défie le ministère annonçant, non sans arrogance, que la suppression du fameux 20% appliqué pour le décompte de la moyenne à l’examen du bac, ne passera pas.

Que défend le syndicat de l’enseignement secondaire ? Telle est la question que tout le monde se pose sans réussir à percer le mystère. Pourtant, il est communément admis que ce pourcentage appliqué, depuis maintenant des années, est l’une des sources qui ont conduit à la dévalorisation de ce diplôme, à la baisse inquiétante du niveau de notre enseignement et à l’existence d’un système de notation et d’évaluation qui n’ont fait que précipiter notre école dans les abysses de la médiocrité.
Pourquoi, l’annulation de ce pourcentage, que tout le monde réclame, élèves, corps enseignants, spécialistes et parents d’élèves, depuis bien des années pour sauver notre école, redonner à nos diplômes leur valeur d’antan et nous réconcilier, enfin, avec notre système d’éducation, dérange-elle le syndicat d’enseignement secondaire ? Est-ce que le fait de décréter une mesure ou une réforme importante doit avoir nécessairement l’aval de ce syndicat? Aberrant !
Ce qui se passe en Tunisie, depuis la Révolution de 2011, relève de l’irrationnel et l’on daigne parfois oublier que « tout ce qui est excessif est insignifiant ». La dérive syndicale, qu’on est en train de vivre dans tous les secteurs d’activité, ne connait pas de limites aboutissant, souvent, à des situations intenables qui vont à l’encontre des causes qu’on s’évertue à défendre ou des intérêts qu’on voudrait préserver.
Dans le cas d’espèce, à quoi rime la velléité de maintenir le statu quo dans l’examen du bac ? Cela ne peut renseigner que sur la persistance d’un comportement plaidant pour la médiocrité et le nivellement par le bas de nos diplômes avec, en sus, un air de défiance et d’arrogance.
L’autre sujet qui continue d’alimenter la discorde et une vive polémique, que certaines parties font tout pour l’entretenir, concerne l’initiative du Président Béji Caid Essebsi de réconciliation nationale au profit des hommes d’affaires et de hauts cadres de l’Administration non impliqués dans des affaires de corruption.
A travers ce projet de loi, l’ambition affirmée, notamment dans le contexte difficile et hésitant que connait le pays, consiste à permettre à toutes les personnes concernées de régulariser leurs situations et contribuer à la relance de l’économie.
Très vite, de nombreux partis politiques, le CPR en premier lieu, le Front populaire, le courant démocratique, Al Joumhouri et des indépendants, ensuite, ont crié au scandale, estimant que cette initiative n’est qu’une manœuvre pour « recycler la corruption », donnant des privilèges injustifiés à des personnes ayant commis des crimes financiers et économiques.
Pour le gouvernement Essid, l’ARP (Assemblée des Représentants du Peuple) et la présidence de la République, la rentrée politique risque d’être tumultueuse, puisque plusieurs parties sont en train d’affuter leurs armes pour replonger le pays dans un nouveau cycle de mouvements sociaux qui ne peut qu’aggraver davantage les difficultés que connait le pays. Que peut servir l’entreprise de continuer à diaboliser les hommes d’affaires plus de quatre ans après la Révolution ? Certainement pas la relance de l’investissement ou la création de nouveaux emplois !
En attendant que la justice transitionnelle, cette machine lourde qui risque de prendre encore du temps et des moyens pour entrer en branle, faut-il se résigner à l’évidence et se complaire dans un immobilisme tuant qui a, jusqu’ici, servi les intérêts de certains chasseurs de primes et de têtes ?
A l’évidence, les menaces, à peine voilées, proférées par certaines parties pour faire avorter l’engagement de réforme dans l’éducation, en privilégiant des lectures orientées vers des desseins populistes, empêcher, par tous les moyens y compris par le recours à la rue, l’examen par l’ARP de la loi sur la réconciliation nationale et paralyser l’activité économique, si des augmentations salariales ne seraient pas décidées, relèvent d’une méthode d’action à courte vue. Alors que tout le monde réclame, à cor et cri, le respect de la Constitution et des règles démocratiques, le débat public dans notre pays peine toujours à respecter les règles les plus élémentaires sur lesquelles peut s’articuler tout système digne de ce nom. Dans cette guerre, de tous contre tous, que se livre la classe politique, ce qui fait cruellement défaut, c’est le débat contradictoire et une certaine capacité de nos acteurs à assumer leur responsabilité envers le pays et les Tunisiens. Une responsabilité qui ne peut nullement être satisfaite en voyant partout des pyromanes qui ont hâte de mettre le feu aux poudres.

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