La nouvelle a défrayé la chronique ces dernières semaines : un Français ayant travaillé dans l’humanitaire, en Tunisie, a été condamné par la justice française pour avoir abusé sexuellement de 66 enfants, dont 41 tunisiens âgés de 6 à 17 ans sur une période de 10 ans ! Toute la Tunisie est en émoi, choquée et scandalisée par le fait que la justice tunisienne n’aurait pas porté plainte ou n’aurait pas réagi comme le voudraient les citoyens, soit en étant assise au premier banc des accusateurs. La France ne badine pas avec ce genre de chose et l’accusé écope de 16 ans de prison.
Mais que peut encore faire note pays si cet humanitaire avait bénéficié, lors de ses missions en Tunisie de certaines clauses dans son contrat de travailleur humanitaire lui accordant l’immunité totale ? Alors ne nous étonnons pas si un violeur d’enfants, se trouve en mission humanitaire en Tunisie en 2002 alors qu’il avait déjà été condamné en 2000 à un an de prison avec sursis en France pour atteintes sur mineurs en Autriche en 1994. (Information rapportée par le journal Le Figaro du 22 juin 2016).
L’argent contre les informations
Cette sordide histoire nous appelle à plus de vigilance dans nos rapports avec les organismes bailleurs de fonds, qui, à coup de millions de dollars, veulent nous aider, nous faire avancer dans un monde meilleur, pour le bien être de nos enfants et pour nos beaux yeux. En retour ils ne réclameraient rien du tout, en dehors de notre bien, peut être certains renseignements, des fichiers confidentiels, pas si importants que ça après tout. Ils aimeraient également que leurs travailleurs puissent accomplir leur tâche en paix, qu’ils puissent circuler librement sur tout le territoire de la république. Pour cela, il faudrait, par conséquent, l’immunité totale pour les membres en place en Tunisie. Si la Tunisie rejette ces conditions, elle ne recevra aucun millime. C’est ce qui s’est passé avec le Fonds Mondial pour la lutte contre le VIH/SIDA. Quand le ministère de la santé a refusé de donner son fichier et l’immunité aux membres de cet organisme, qui l’auraient demandé, l’accord-cadre avec le fonds Mondial de Lutte contre le sida, un accord qui assure jusqu’à la moitié des besoins financiers de la lutte contre le sida en Tunisie durant les 3 prochaines années, n’a pas été signé et l’argent n’a pas été versé.
Ce qu’on entend par fichier, c’est la liste nominative de tous les malades du SIDA, toutes les personnes porteuses du VIH même si elles n’ont pas développé la maladie. De là à trouver le nom de leurs parents, de leurs cousins, de leurs beaux frères, de leurs voisins, de leurs petits copains et petites copines il n’y a qu’un pas à faire. Il existe encore des personnes qui vous disent et alors, et si on leur donner cette liste où est le problème ?
Ce qu’on entend par immunité totale, c’est : je vais où je veux, quand je veux, avec qui je veux, je pratique les tests que je veux, sur qui je veux, vous ne me questionnez pas, vous n’avez pas tout à fait un droit de regard sur ce que je fais, etc. Là aussi, ceux qui réclament la signature de la convention par le ministère de la santé vous dirons certainement : où est le problème à partir du moment où on respecte la loi tunisienne ? Le problème c’est que la Tunisie a le devoir de protéger ses enfants, sinon et comme on le voit dans l’affaire de l’humanitaire-violeur, on peut s’attendre à tout.
Avec cette affaire entre le Ministère de la santé et le Fonds Mondial de lutte contre le VIH/SIDA, les associations bénéficiaires de ces fonds, qui se retrouvent à sec, ont crié au scandale : le ministère de la santé stoppe les dons, et fait preuve d’un « immobilisme » incompréhensible. La société civile devrait se féliciter de la vigilance du service juridique du ministère de la santé. Car des personnes compétentes, des juristes du Ministère, et mettant l’intérêt des tunisiens au dessous de tout, y compris les millions de dollars, ont alerté le ministre la santé sur les risques et la dangerosité de telles exigences de la part des bailleurs de fonds d’une façon générale et dans ce cas du Fonds Mondial de lutte contre le VIH/SIDA
La vigilance des uns et la paranoïa des autres
Pour être juste et ne froisser personne, disons que depuis que cet organisme (FONDS Mondial de lutte contre le VIH/SIDA) collabore avec la Tunisie, on n’a jamais fait état de la moindre remarque ou critique ou écart de comportement vis-à-vis des personnes y travaillant. Personne ne met en doute le sérieux et la droiture du personnel du Fonds Mondial de lutte contre le VIH/SIDA.
Mais il est intéressant de discuter avec certaines qui ont travaillé avec certaines associations qui s’occupent des malades du SIDA et qui sont donc bénéficiaires de ces fonds. Le langage tenu est digne des plus grands « complotistes », mais il serait intéressant de s’y attarder quelques secondes. Selon ces personnes, depuis qu’existent toutes ces campagnes de lutte contre le VIH/SIDA, les nouveaux cas d’infection par le VIH augmentent, le type de virus trouvé en Tunisie est plus méchant, d’ailleurs on avait un type européen maintenant on a un type africain, qui est plus dangereux car il se développe plus vite. Il y a de plus en plus d’homosexuels (attention il faut dire homme ayant des relations sexuelles avec un homme), plus de femmes contaminées par le VIH, plus de toxicomanes, plus de consommateurs de drogues injectables, etc.
Selon ces personnes qui sont peut être un peu paranoïaques, quand on commence un programme de lutte parce qu’on a 100 cas contre lesquelles on va développer un plan de riposte afin qu’on en ait moins dans 5 ans, il n’est pas logique de retrouver ce chiffre multiplier par 10 voire par 100, au bout de ce programme. À moins que le programme se soit retourné contre son objectif et a produit plus de cas. Ils vont vous farcir la tête d’éléments à charge, notamment en vous disant qu’on ne connait pas exactement le travail des humanitaires, qui sont officiellement chargés d’appliquer les programmes conjoints des bailleurs de fonds et du gouvernement tunisien. On rigolait quand on entendait ce genre de propos, car bien entendu le bon sens vous dira c’est grâce au diagnostic qu’on découvre plus de cas. Aujourd’hui avec la dernière affaire du viol d’enfants tunisiens par un humanitaire, on rigole moins et on apprécie la vigilance du Ministre de la Santé.
Samira Rekik