Quelle crédibilité accorder au roublard haï par une large part de l’humanité ?
Trump, le milliardaire génocidaire « ne mérite pas d’être sur terre » chante le duo Céline Dion-Nougaro. Une fois la reddition loupée devant la fierté, grand et mini satans brandissent le spectre du régime iranien à changer. Comment le forcer à congédier la théocratie pour lui substituer la démocratie ?
La réponse à l’interrogation transite par une aberration. Israël et les États-Unis foulent aux pieds l’optique démocratique. Ils affirment chercher à démocratiser des sociétés quand eux-mêmes associent leur voyoucratie à la mégalomanie et aux manières génocidaires.
Ils gèrent la distinction planétaire d’un monde social défini par le droit et de l’univers barbare livré au non-droit génocidaires.
Mais « qu’est-ce qu’une loi qu’une rivière borne ? », interrogeait Montesquieu dont l’itinéraire intellectuel et l’histoire narrent la séparation des pouvoirs. Étranger à « l’Esprit des lois », le président américain promet une intervention ponctuelle par ses frappes du nucléaire iranien et Khamenei le menace de « conséquences éternelles ».
Autrement dit, les répliques aux répliques ne sont guère finies et pourraient obliger Trump, le bon sauvage, à entrer dans l’engrenage issu de sa rage. Or il inscrivait son règne sous le signe de la paix retrouvée. Dans la nuit du 24 juin, ce jusque-là fou furieux annonce un cessez-le-feu.
L’arrêt des hostilités arrange l’Iran mais dérange le père des génocidaires. Condamné par la CPI pour crimes de guerre, nettoyage ethnique et génocide, Netanyahu doit comparaître devant la justice de son pays au vu d’autres affaires.
Cohérent, le truand essaye de briser la trève et donne à ses aviateurs l’ordre d’aller bombarder l’Iran. De son avion parti pour la Haye, Trump, furieux, ordonne l’arrêt, sur leur chemin, des aviateurs israéliens. Ils devront, dit-il, « retourner à la maison ». La séquence, au plus haut point révélatrice, illustre une observation désormais banalisée : sans l’argent, l’armement et les avions américains, Israël n’est rien. Dans ces conditions, si Netanyahu échoue à sauver sa peau par la perpétuation des combats, Gaza, jusque-là martyrisée, affamée, emprisonnée, pourrait devenir désenclavée.
Pareille formulation suggère une problématisation qui signifie ceci : l’actuel porte, en lui-même, la gestation de prochaines actualités.
Ce constat rejoint l’apport de Spinoza, le penseur de la « potentia ». L’actuel charrie et enfantera le potentiel.
Ainsi, aujourd’hui, Netanyahu « le pelé, le galeux » dirait la Fontaine, aurait tout intérêt à torpiller le cessez-le-feu.
Gaza réagit contre la fourberie, Spinoza justifie ce genre d’insurrection monté à l’assaut de l’oppression. Avant lui, toujours au XVe siècle, Luther et Calvin furent les réformateurs de l’optique ecclésiastique. Sa doctrine fait de Spinoza l’arrière-grand-père spirituel des réformateurs actuels.
Laïc et moderniste, Mustafa Kemal Ataturk abolira le pouvoir dictatorial du califat. Lui et Bourguiba empruntent la voie frayée par Spinoza. La grande philosophie anticipe la pratique politique.
Spinoza, Hollandais, écrivait au XVIIe siècle et Bourguiba luttait pour la modernité au XXe siècle.
La pensée outrepasse le temps et l’espace. Et maintenant, pour la seconde fois, Trump annonce un cessez-le-feu à Gaza. « Or, Gitche Manitou, le Maître de la Terre / Les considérait tous avec compassion ». « Je suis vraiment bien las de vos horribles guerres / Vos prières, vos vœux mêmes sont des forfaits / Le péril est pour vous dans vos humeurs contraires / Et c’est dans l’union qu’est votre force. En frères / Vivez donc et sachez vous maintenir en paix ». le 24 juin, le chef d’État-Major israélien déclarait : « Après l’Iran, nous allons nous concentrer sur Gaza ». Quel cessez-le-feu avec ces va-t-en guerre crapuleux ? Le 5 juillet prospère l’expectative entre la rétrospective sanglante et la perspective dite, par Manitou, rassurante. Que sortira, le 5 juillet, du cycle des négociations tenu à Doha ? Afin de prévenir le risque, pour lui, d’un accord palestino-israélien, le petit satan se précipite chez le grand avec, dans sa pochette, le projet du Hamas et de Hezbollah désarmés.
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