C’est certain, plus rien ne sera comme avant ?

Moncef Kammoun

Depuis quelques jours Nous restons à la maison, nous ne sortons plus de chez nous, plus de réunion, plus de rendez-vous, un week-end comme un autre, mais un week-end qui va durer des semaines, un mois, peut-être plus.
Quel moment étrange sommes-nous en train de vivre ? Confinés, connectés, à l’échelle de la planète, les rues sont vides, la queue devant les magasins et les supermarchés, un certain équilibre risque de se briser.
Aujourd’hui il est difficile de penser à autre chose qu’à l’épidémie qui  nous enseigne que dans la mondialisation il y a le meilleur, mais aussi le pire.
Les jours passent et les chiffres donnent chaque fois plus le vertige : depuis son apparition, en décembre, dans la région de Wuhan en Chine, l’épidémie a déjà  contaminé plus que 865.000 personnes et tué plus de 43.000 et ce dans 186 pays et sur les 5 continents.
Même si ces chiffres sont sous-estimés faute de tests suffisants, jamais un virus n’avait à ce point déstabilisé aussi vite autant de secteurs de l’activité humaine, le monde est vraiment à l’arrêt tant économiquement que socialement, la question de l’effondrement mondial s’est même posée.
Depuis plus d’un demi-siècle, on nous dit que notre système n’est pas durable et que les Etats ont montré leurs faiblesses et leurs difficultés à protéger réellement leus populations, d’où des crises financières qui débouchent sur des crises économiques, qui, elles-mêmes, débouchent aujourd’hui sur des gros dommages humanitaires.

Une occasion de changer tous ensemble
Est-ce la fin d’un monde ou le commencement d’un nouveau monde ? Nous sommes tous face à une remise en question de nous-mêmes.
Je crois que c’est un moment que beaucoup de gens vont pouvoir utiliser pour réfléchir à ce qui compte vraiment pour eux et à ce qui est essentiel à leurs yeux.
Même si ce n’est pas simple de renverser des décennies de comportements individuels, d’intérêts particuliers et d’orientations collectives, cette épidémie va apporter de grands changements à notre vie individuelle et collective.
Si certains pensent qu’après les enterrements et les guérisons, tout va reprendre son cours, la majorité pense que la pandémie va pousser le monde à réfléchir sur ce qui fait le bonheur.
Allons-nous vers plus de solidarité entre les Etats et de prise de conscience des dangers communs ou au contraire nous allons vers des rapports de force plus destructeurs des gens et des Etats.
Quoi qu’il en soit, la rapidité de réaction de l’humanité me convainc que rien ne sera plus jamais comme avant et qu’il y’aura un avant et un après coronavirus surtout en ce qui concerne notre comportement vis à vis du climat.
En effet les images satellites fournies par la Nasa qui font apparaitre un ciel dégagé de couleur bleue en chine, font réjouir les chinois qui croient fermement que leur ciel est naturellement gris.
Ces images montrent que ces nuages qui s’étendent sur une surface équivalente à celle des Etat Unis avec une épaisseur variant entre 2 et 3 kilomètres ne sont que pollution.

Une autre envie de politique
L’Histoire nous a toujours appris que l’humanité n’évolue significativement que lorsqu’elle a vraiment peur.
Toutes les épidémies majeures ont conduit à des changements essentiels dans l’organisation politique et culturelle des nations.
La grande peste du 14ème siècle a contribué à la remise en cause de l’autorité Religieuse en politique qui a été incapable de sauver des vies, d’où l’apparition en Europe de l’esprit scientifique et l’Etat moderne et la disparition des partis religieux. L’Europe d’alors, est donc passée d’une autorité fondée sur la foi, à une autorité fondée sur le respect de la force, puis à une autorité plus efficace, fondée sur le respect de l’Etat de droit.

Le désir de vivre
Heureusement, que le désir de vivre est toujours le plus fort et que les humains font abattre tout ce qui les empêche de jouir des rares moments de leur passage sur terre.
Les sages de ce monde mettent en garde contre la dérive et proposent des pistes de réflexion qui permettraient d’éviter la guerre de tous contre tous : une telle situation pourrait faire basculer nos civilisations dans le comble de l’individualisme et de la lutte sauvage pour la vie.
Il faudrait par contre que cette crise, marque vraiment les esprits  pour plus d’hygiène individuelle et collective, plus de médecins, d’infirmiers, d’équipements hospitaliers, afin de  promouvoir un tout nouveau mode de croissance, et de nouveaux secteurs économiques jusqu’ici, pour certains, négligés, surtout ceux de la santé et de l’éducation, dans toutes leurs dimensions.
Le monde ne sera plus jamais comme avant, il y aura en effet un impact sur toute l’architecture des relations politiques et économiques internationales. Le monde doit s’unir et contribuer plus que jamais à réparer le lien qui nous unit.
Tout cela va nous apprendre que la seule chose dans le monde qui est vraiment rare, qui a vraiment de la valeur : le temps, Le bon temps.
On se souvient tous des mots attribués à Alexandrele Grand qui conquit le monde et qui fut terrassé par une bactérie : «Je veux que mon cercueil soit transporté à bras d’hommes par les meilleurs médecins de l’époque, que les trésors que j’ai acquis  argent, or, pierres précieuses…  soient dispersés tout le long du chemin jusqu’à ma tombe, et que mes mains restent à l’air libre, se balançant en dehors du cercueil à la vue de tous», afin que «les médecins comprennent que face à la mort, ils n’ont pas le pouvoir de guérir, que tous puissent voir que les biens matériels ici acquis, restent ici-bas, et que les gens puissent voir que les mains vides nous arrivons dans ce monde et les mains vides nous en repartons quand s’épuise pour nous le trésor le plus précieux de tous : le temps ».

*M.K Architecte

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