Après les deux claques qu’il a reçues de la BCT (Banque Centrale de Tunisie) et de la commission parlementaire des finances et de planification, le gouvernement a donc fini par retirer le projet de loi de finances complémentaire au titre de l’année 2020. Le projet, pour rappel, a suscité la controverse avec le manque-à-gagner de 14 milliards de dinars, nécessaires pour boucler le budget de l’année en cours.
Pour Mongi Rahoui, député du Front Populaire, ce retrait est synonyme de la chute du gouvernement. « Le projet [présenté par le gouvernement] n’est pas digne d’un projet. Sur le plan politique, son rejet par la commission concernée signifie la chute du gouvernement », a-t-il déclaré dans Houna Shems ce mardi 3 novembre 2020. Le député souligne, dans ce même contexte, que la Tunisie vit dans la dictature des institutions financières et des bailleurs de fonds qui touchent d’énormes taux d’intérêts. « Les politiques mises en place par les différents gouvernements ont mis en place un modèle soumis à ces institutions. Il s’agit d’un conflit d’intérêts et le principal bénéficiaire est le capitalisme », a-t-il encore lâché.
Les propos du député ont, certes, une part de vérité. Cependant, à l’heure actuelle, il faut réfléchir à une solution pour pouvoir combler ces 14 milliards de dinars. Le gouvernement, avec son projet retiré, comptait solliciter un emprunt interne auprès des banques commerciales. Pour la BCT, cela aurait présenté un risque sur la disponibilité des liquidités dans le pays. Quelle sera l’alternative à présent ? L’intégration du secteur informel ? L’intégration de la contrebande ? Pis encore : avant le 10 décembre 2020, la Tunisie devrait pouvoir adopter le projet de loi de Finances 2021. Les députés y parviendront-ils à temps ? Tant de questions en suspens.
F. K