De Genève : Taïeb Zahar
« Atteindre des taux de croissance élevés n’a aucun sens s’ils ne sont pas accompagnés du respect des droits du travail et de la volonté honnête d’une distribution juste et équitable de ses fruits ». C’est ce qu’a affirmé le chef du gouvernement Youssef Chahed dans son allocution à la 108è conférence internationale du travail à Genève. C’est notre conviction et celle de la Tunisie qui reste également convaincue que le développement économique reste fragile, quel que soit son volume, et ne mène forcément pas aux objectifs souhaités s’il n’est pas réalisé dans un climat démocratique et dans le respect des droits de l’homme ou en l’absence de conditions sociales où l’individu ne bénéficie pas des fondements d’une vie digne, ajoute Chahed.
Chahed ne manquera pas dans ce contexte de saluer l’ouverture d’un bureau de projets à Tunis en 2012 émettant l’espoir qu’il évolue en bureau permanent pour le renforcement de la coopération et du rayonnement de l’organisation dans la région maghrébine et l’ensemble de l’Afrique. Il a souligné le rôle combien important joué par l’OIT dans l’institutionnalisation du dialogue social en Tunisie à commencer par l’élaboration du pacte social adopté le 14 janvier 2013 à l’occasion du deuxième anniversaire de la révolution pour terminer avec l’instauration du conseil du dialogue social en novembre 2018.
Parlant de la situation qui prévaut en Tunisie, Chahed a fait savoir que la Tunisie oeuvre à la finalisation du système de l’identifiant social unique, à la numérisation totale du système de protection sociale avant la fin de l’année en cours. Ce qui, a-t-il dit, est de nature à permettre d’offrir de meilleurs services que ce soit aux assurés sociaux ou les bénéficiaires du programme d’intégration sociale et de lutte contre la pauvreté et d’assurer les meilleures bases pour l’instauration d’une plateforme nationale d’une protection sociale globale.
Le chef du gouvernement a affirmé que le fait que le gouvernement respecte les engagements sociaux de l’Etat en ce qui concerne l’institutionnalisation du dialogue social, l’amélioration périodique des salaires, la révision de la grille fiscale des salariés, la réforme du régime des retraites avec l’adoption du droit à une pension minimale pour les retraités et l’élargissement de la couverture sociale pour englober les sans emploi…et bien d’autres actions encore, prouvent si besoin est que l’Etat poursuit son processus de réformes sociales malgré les difficultés économiques que traverse le pays. Chahed affirmera que le pays ne se départira jamais de son rôle régulateur et de ses efforts pour une répartition juste et équitable des richesses.
Le chef du gouvernement a, à l’occasion annoncé que la Tunisie allait ratifier la convention 129 de l’OIT sur l’inspection de l’emploi dans le secteur agricole. La Tunisie aura ainsi adopté les quatre conventions de travail internationales sur la gouvernance ainsi que la convention 187 sur le cadre promotionnel de la santé et la sécurité professionnelle. Ce qui permettrait le renforcement des fondements d’un environnement de travail sécurisé et sain sans oublier le protocole 2014 sur le travail obligatoire. Cette adoption s’inscrit dans le cadre du développement des droits et principes de base du travail.
Une activité intense
La participation au 100è anniversaire de l’OIT a été l’occasion pour le chef du gouvernement pour s’entretenir avec des chefs de gouvernement de pays amis.
Une identité de vues sur les questions d’intérêt commun est ressortie de cet entretien surtout en ce qui concerne le traitement de la situation en Libye et en Algérie.
Dans une déclaration aux médias, Othmani a affirmé que les relations entre les deux pays sont excellentes et qu’il faut les développer encore plus surtout que la région est confrontée à de difficiles défis dans un contexte régional et international complexe et dont on ne peut prédire des développements.
La rencontre a permis, également, de mettre l’accent sur l’échange de visites entre les hauts responsables des deux pays, sur les concertations politiques communes en plus de l’importance du renforcement du cadre juridique organisant les relations bilatérales entre les deux pays.