«Sur le volet politique nous avons travaillé durant 6 ans, nous avons mis les moyens. Mais sur le volet économique, nous n’avons pas fait les réformes qu’il faut».C’est-ce qu’a affirmé Youssef Chahed sur TV5 Monde dans une interview diffusée à partir du Musée du Bardo. La symbolique du lieu est importante dans la mesure où le chef du gouvernement a voulu lancer un message de sécurité et de stabilité de la Tunisie à partir d’un lieu qui a connu l’un des attentats terroristes les plus sanglants lors duquel une vingtaine de touristes ont trouvé la mort. Le chef du gouvernement a précisé dans ce sens que «les terroristes ont frappé le musée du Bardo car la Tunisie est une démocratie. Les terroristes ne veulent pas d’une démocratie en Tunisie». Deux ans près ce drame,Chahed ne cache pas sa satisfaction de l’évolution de la situation sécuritaire dans le pays et affirme, avec un brin d’optimisme, que «les touristes reviennent en Tunisie, nous l’observons bien. Nous avons fait des efforts extraordinaires pour le retour des touristes».
Le chef du gouvernement n’est pas allé par quatre chemins et ses réponses ont été précises. Il expliquera que la Tunisie a agi, durant les six dernières années, dans le sens de la réussite et de la consolidation de sa transition politique et tous les moyens ont été investis dans ce sens. Et les réformes politiques nécessaires ont été menées. Ce qui n’est pas le cas sur le plan économique. Chahed avouera que « les réformes économiques nécessaires n’ont pas été faites ». Dans ce contexte, il soulignera que, «aujourd’hui, la Tunisie a besoin de réformes économiques et sociales. Ces réformes pourront changer le modèle de développement économique que nous avons suivi depuis 50 ans en Tunisie ». Pour ce faire, Chahed établi un ordre de priorité dans la mise en œuvre de son programme d’action. « Nous avons besoin de quatre réformes : la réforme des caisses sociales, de la fonction publique, du financement de l’économie et la restructuration des établissements publiques » précise-t-il tout en reconnaissant que d’autres réformes s’imposent, « mais, il faut établir des priorités pour se fixer des objectifs clairs et pouvoir booster l’économie et assurer une croissance à deux chiffres ». Il faut souligner que ça n’est pas la première fois que Youssef Chahed avance une perspective d’une croissance à deux chiffres, convaincu qu’il est que la Tunisie en est capable.
Cette Tunisie est, aujourd’hui, «une démocratie qui partage les mêmes valeurs que le monde développé» mais qui a besoin de retrouver son équilibre. De gros efforts doivent être fournis pour remettre la machine en marche, et le chef du gouvernement en est conscient.
Interrogé sur la question des réfugiés qui semble préoccuper plus d’un pays européen, le chef du gouvernement a rappelé qu’en 2011, la Tunisie avait accueilli 1,5 million de réfugiés provenant de la Libye «sans aucune aide internationale, avec ses seuls moyens du bord. C’était une expérience assez difficile pour le pays mais il ne s’était pas départi de sa mission humanitaire ». Le message est clair à qui veut l’entendre, particulièrement les Européens qui sont ici rappelés à leur devoir de solidarité.
Interview du Chef du gouvernement Youssef Chahed sur TV5 Monde