Juste avant sa rencontre avec la délégation de Nidaa Tounes dans le cadre des consultations sur la composition du gouvernement d’union nationale, Youssef Chahed se serait entretenu avec le président de la République loin des regards des médias pour lui faire part des pressions qu’il subit actuellement de la part de certains partis politiques, selon Acharaa Al Magharibi.
Des partis qui se disputent la couverture
Le Chef du gouvernement désigné aurait abordé avec Béji Caïd Essebsi les pressions subies de la part de l’Union patriotique libre (UPL) qui aurait refusé de fournir la liste de ses candidats, avant de prendre connaissance des listes des autres partis.
Chahed aurait également évoqué les réticences d’Ennahdha par rapport à sa proposition portant sur la nomination de 3 ministres et 2 secrétaires d’État. Sans compter l’UGTT qui aurait, toujours selon la même source, utilisé son veto contre le maintien de Slim Chaker, ministre des Fiances, et de Mohamed Khalil, ministre des Affaires religieuses. Côté Nidaa Tounes, on se serait battu pour obtenir un maximum de portefeuilles ministériels, après avoir su que « seuls » quatre ministères seraient accordés au mouvement.
D’autre part, revenant sur sa rencontre imprévue avec le Chef de l’État, Youssef Chahed aurait déclaré que le président aurait soutenu ses choix concernant la composition du prochain gouvernement.
Une tâche qui s’annonce difficile
Rumeurs ou pas, il semble que la tâche du prochain gouvernement d’union nationale s’annonce d’ores et déjà difficile. Le tunisien a-t-il réellement besoin de savoir qui va occuper tel ou tel poste ? Son véritable besoin est pourtant clair : survivre dans une Tunisie frappée de plein fouet par une crise économique, sociale et politique sans précédent.
Depuis 2011, nous vivons dans la précarité sur tous les plans et le politique n’échappe pas à la règle. Jusqu’à présent, nous avons été les malheureux témoins de la naissance de 8 gouvernements différents en l’espace de 5 ans 1/2, dont la plupart n’ont pas tenu longtemps ! À chaque redistribution des cartes, on parle d’un gouvernement d’actions et d’union nationale. Illusions, hélas ! La lassitude grandit chez nos compatriotes qui n’ont que faire des magouilles des hommes politiques.
La Tunisie a besoin de stabilité et de continuité pour pouvoir mener à bien les grandes réformes, fussent-elles douloureuses, qui s’imposent, à savoir la réforme de l’éducation, l’économie, la lutte contre la corruption ou encore contre le terrorisme. Le Pacte de Carthage est un beau document, qui n’a rien d’innovant, il faut le rappeler. Il a été signé à l’occasion d’une cérémonie soigneusement organisée par le Chef de l’État. Celui-ci a tenté de reprendre sa place au sommet de l’État, malgré ses prérogatives limitées par la Constitution. Reste, désormais, à savoir si, au moins, les principes de ce Pacte seront respectés.
Les difficultés et les pressions politiques sont déjà trop pesantes pour Chahed. L’autre question qu’il faut se poser, avec, tout de même, un peu d’humour : Who’s next ? Autrement dit : qui succédera à Chahed après un éventuel échec du gouvernement d’union nationale ?
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