Acclamé par le public occidental, le phénomène « Chernobyl » de la chaîne de TV américaine HBO, ne semble pourtant pas avoir séduit le Kremlin.
Si elle est devenue la série la mieux notée par le site de notation américain IMDB avec un 9.6/10, dépassant Game of Thrones ou Breaking Bad jusqu’à présent en haut du classement, Chernobyl ne semble pas avoir conquis les autorités Russes. La mini série qui retrace la tragédie nucléaire qui a bouleversé l’Ukraine en 1986 s’était pourtant targuée de son réalisme. Pour sa réalisation le créateur de la série, Craig Mazin, a affirmé s’être basé sur les témoignages de rescapés de la catastrophe. Le tournage s’est, pour une grande, part effectué entre l’Ukraine et une ancienne centrale nucléaire soviétique en Lituanie, possédant des réacteurs RBMK comme sur le site Tchernobyl. Une série sombre et dramatique qui effectue un devoir de mémoire sur cet événement noir de la guerre froide. Loin de vouloir raviver les velléités entre les deux blocs de la guerre froide, Daniel Craig n’a pourtant pas pu éviter de dépeindre la Russie comme un pays attaché à son identité et réfractaire à l’idéologie capitaliste américaine.
Irrité, le Kremlin accuse à ce jour la chaîne HBO et son créateur d’avoir exacerbé le rôle néfaste des autorités soviétiques lors de la catastrophe. En cause, la série présente un gouvernement incapable de gérer ses affaires en interne et dépassé par les événements. « Chernobyl n’a pas montré la partie la plus importante de l’histoire – notre victoire « , souligne le quotidien russe très populaire Komsomolskaya Pravda. Le gouvernement dénonce aussi la partialité de HBO, à ses yeux la série ne valoriserait que trop faiblement les actes héroïques des « liquidateurs » (travailleurs d’urgence soviétiques).
Un passé qui ne passe pas pour la Russie qui a refusé la diffusion de la série sur le petit écran. Cette dernière est uniquement accessible sur la plateforme de streaming Amediateka qui en a obtenu les droits de diffusion. Aussi, la chaîne de TV nationale NTV annoncé préparer sa propre version de la tragédie. On y verrait évoluer un agent de la C.I.A infiltré au sein de la centrale et auteur d’un sabotage qui mènerait à la tragédie nucléaire. Cette version raconterait, selon son réalisateur, Alexey Muradov, « ce qui s’est réellement passé à l’époque« .
La critique autour de Chernobyl n’est toutefois pas unanime ni partagée par l’ensemble du pays puisque le média Izvesti, pourtant pro-gouvernemental, a souligné la véracité faits exposés et son « degré de réalisme« .
Un débat qui quoiqu’il advienne permettra à la Russie de revenir sur son passé.