Notre pays se trouve confronté depuis plusieurs années à une succession de chocs pétroliers qui connaissent une montée en puissance exponentielle et une fréquence accrue au point de devenir insupportables pour l’ensemble de l’économie nationale et en particulier pour les classes moyennes et défavorisées ainsi que pour le budget de l’Etat.
En effet, ces chocs pétroliers, par leur acuité, ont bouleversé tous les indicateurs financiers et commerciaux et tous les équilibres macro-économiques.
Les termes de l’équation énergétique sont nombreux, complexes et instables. Il y a d’une part l’évolution néfaste de la production nationale et d’autre part la progression rapide de la consommation, ce qui engendre un déséquilibre profond et croissant du déficit extérieur de la balance énergétique, de plus en plus coûteux en devises.
Il y a eu plusieurs chocs pétroliers qui ont ébranlé le secteur depuis 2011, notamment les différentes perturbations socio-politiques qui ont bloqué l’exploitation des ressources en pétrole et en gaz naturel à El Faouar, Tataouine, aux îles Kerkennah et ailleurs et qui ont jeté le trouble et la crainte chez les sociétés pétrolières étrangères.
Tout en provoquant le départ de certaines compagnies ainsi que la baisse de la production, une mention spéciale doit être réservée à la campagne “winou el pétrole” qui a jeté le discrédit sur tout le secteur, y compris les tutelles politiques et administratives.
La baisse de la production nationale de pétrole de 70.000 à 40.000 barils par jour en pratiquement trois ans entre 2015 et 2018, a engendré une hémorragie de devises pour la balance des paiements pour assurer les importations de pétrole et de gaz.
Elle a engendré une croissance sensible du déficit de la balance énergétique extérieure et surtout une aggravation de la subvention de consommation.
Ce qui a réduit encore plus notre indépendance énergétique qui est passée de 60% à 40% en trois ans. Une descente aux enfers pour les ménages avec la succession des augmentations catastrophiques du prix de l’électricité mais aussi les quatre hausses de 2018 du carburant à la pompe.
En effet, le coût global de la facture énergétique a atteint déjà fin août, un montant insupportable de 4,235 milliards de dinars. Qu’en serait-il alors en fin d’année, les données de base de l’équation énergétique ne cessant de se détériorer ?
Sur ce montant, le budget de l’Etat pour 2019 avait réservé 2,700 millions de dinars au titre de la compensation.
1,500 milliard de dinars ont été déjà consommés à ce jour, malgré les trois réajustements des prix à la pompe réalisés depuis le début de l’année jusqu’à fin août, ce qui représente 62% du montant nécessaire en 2018.
Ces trois augmentations ont permis d’engranger quand même 487 MD (février, juin et août) par le budget de l’Etat.
Les prévisions du budget 2019 concernant le secteur énergétique se sont révélées fortement dénuées de réalisme économique puisqu’elles ont été fondées sur une parité du taux de change dinar-dollar de 2,5 alors qu’il est de 2,77 dinars et sur un prix moyen de baril de 53 dollars alors que nous sommes à 75 dollars.
Les importations du secteur de l’énergie ont fortement contribué à l’approfondissement du déficit du commerce extérieur avec une hausse enregistrée en 2018 de 37,8% par rapport à 2017 selon l’Institut national de la statistique.
Le déficit de la balance énergétique représente 32,6% du déficit commercial global. Cela constitue le tiers, ce qui est un poids insupportable pour l’économie du pays.
Il faut dire que la seule embellie enregistrée par le secteur depuis huit ans est celle du décollage du sous-secteur des énergies renouvelables et du lancement de la réalisation de plusieurs grands projets publics et privés de production d’énergie solaire.
Comment s’en sortir ?
Deux séries de mesures s’imposent : rationaliser la consommation en faisant la chasse aux gaspillages et ils sont multiples à tous les niveaux, notamment dans l’administration et les entreprises.
Les exemples ne manquent pas : climatiseurs qui fonctionnent dans des bureaux inoccupés, bons d’essence pléthoriques au profit de cadres supérieurs qui les “vendent” aux stations-service, etc.
De son côté, la STEG doit réviser les seuils de tarification qui sont scandaleux, car faire payer à un ménage de 4 personnes (4 chambres) une facture de 500 D, tous les deux mois, est abusif alors que les créances impayées de la STEG se chiffrent à 11 milliards de dinars, donc on fait payer les bons payeurs on ménage les escrocs.
Il est très urgent de relancer la production énergétique, d’attirer de nouveaux investisseurs et de favoriser l’achèvement des projets en cours. Il faudrait vingt forages par an contre deux ou trois actuellement.