Chott Mami, un coin tranquille

A tous ceux qui sont à la recherche d’un « coin » de plage qui ne soit pas « trop » fréquenté, nous présentons aujourd’hui, « Chott Mami », à quelques tours de roue de la capitale, dans une région qui a beaucoup d’attraits : le « Sahel de Bizerte ».

La promenade

Elle commence à El Alia, construite à flanc de colline, par des Andalous chassés d’Espagne par la « Reconquête » chrétienne. Ils se sont installés sur les vestiges de l’antique Uzali qui était une « Colonie » romaine au IVe siècle. Plus tard, elle a surtout été connue pour sa culture des « cardères » : des chardons fameux utilisés pour donner leur lustre définitif aux chéchias.

A la sortie de ce bourg, on emprunte une petite route pittoresque. A gauche, la forêt du Rimel étend le moutonnement vert des frondaisons des pins et des eucalyptus. A droite, les pentes sont découpées en petits champs dont l’ocre estival leur vaut le qualificatif de « collines paillassons » !

On pourrait faire une pieuse halte au sanctuaire consacré à Sidi Al Echbab. Les pèlerins y viennent, nombreux, souvent en cette saison.

Plus loin, de charmants petits lacs de barrages collinaires peuvent offrir un agréable abri le temps d’un pique-nique à l’ombre des grands eucalyptus qui les ceinturent ou, durant la « belle saison », des pêches à la grenouille, mémorables. Beaucoup feront une grimace dégoûtée, alors que les amateurs les recherchent partout.

Les collines environnantes sont encore « préservées » : elles offrent, au printemps, mille fleurettes sauvages, de nombreuses plantes aromatiques et culinaires : thym, romarin, mauve (khoubiza), fenouil, ainsi que de nombreuses espèces d’orchidées splendides. Certaines pentes portent encore des terrasses soutenues par des murets de pierres sèches que les Andalous ont introduites dans la région. D’ailleurs, tout le long de la route, des paysans offrent aux visiteurs des produits agricoles frais cueillis et superbes. En ce moment, le raisin muscat local emporte tous les suffrages.

La recherche de zones tranquilles pour y faire construire une résidence secondaire, a fait surgir, au bord de la route, des maisons pour le moins, originales. Certaines retiennent l’attention et méritent d’être photographiées. Peut-être était-ce cela que leur « concepteur » avait souhaité.

Et puis, on arrive à un carrefour : une route mène à Metline, une autre, en face, conduit à Rafraf : elles ne nous intéressent pas aujourd’hui. Une autre peut nous conduire au port de Cap Zebib. On l’emprunte. On longe de magnifiques oliviers plantés à droite, mais, des morceaux de plastique issus de tas de déchets abandonnés n’importe où, sont pendus à leurs branches, même les plus hautes, hélas !

A un moment, sans prévenir, on découvre une petite route qui prend à droite de la chaussée principale. On l’emprunte. On la suit durant un kilomètre et demi environ. Elle décrit une large courbe qui borde des villas à ce moment-là. Des venelles sablonneuses s’ouvrent entre les villas. Empruntons-en une, au hasard : elles mènent toutes à la plage.

Chott Mami

Nous l’avons connu, il y a une vingtaine d’années, pratiquement désert, bordé de quelques maisons et portant encore des vestiges bétonnés de la guerre. La petite falaise de sable qui le limitait, laissait voir que, à un mètre de profondeur, il existait des pavements de mosaïques antiques et des pans de murs encore couverts d’enduits peints du « rouge de Pompeï » dont on découvrait des morceaux sur la plage.

Depuis, « nécessité fait loi » : plusieurs lignes de grandes et riches villas d’été ont été construites sur ces vestiges sans qu’ils aient été étudiés. Leurs propriétaires ont laissé subsister ces venelles carrossables, parfois bordées d’un parking, aménagé sur un espace encore vacant. Un « établissement » temporaire s’est installé : il vend des boissons et des vivres frais et loue des parasols plantés dans le sable, qui n’occupent pas toute la plage.

En raison de l’absence de « fléchage » et certainement de la discrétion des résidents, la plage n’est guère fréquentée, même en plein été. Metline, d’un côté, Rafraf et Sounine de l’autre, « aspirent » les baigneurs qui craignent de s’engager sur d’étroites pistes de sable qu’ils ne connaissent pas.

Une fois arrivée sur la plage, quoi faire ?

Chott Mami, orienté face à l’est, présente l’avantage certain d’être agréable même quand la brise souffle un peu fort du nord / nord-ouest. Les collines au fond du golfe puis les villas qui la bordent la mettent à l’abri. Aucun risque de se faire cingler les chevilles par le sable poussé par le vent. De plus, cette orientation garantit une mer toujours calme : les brises d’Est en été sont plutôt agréables. Les « Véliplanchistes » sont favorisés : ils peuvent aller et venir le long de la plage en ayant toujours un « vent portant » et en ne courant jamais le risque d’être entraînés vers le large.

Au loin, vers le sud-est, le croc de l’îlot Pilau et la table de l’île Plane agrémentée de la silhouette de son bateau échoué donnent des envies d’escapades. Actuellement, on peut trouver des patrons de barque qui emmènent pour la journée, des curieux sur l’île Plane. Contactez-les, prenez rendez-vous, emportez des provisions et vous passerez une journée très agréable. Autour de l’îlot Pilau ou près de l’île Cani, les plongeurs ramèneront beaucoup de gros oursins délicieux.

Les sages, restés sur la plage, peuvent réussir de très belles parties de pêche à la ligne en s’écartant un peu des baigneurs. La brise d’est pousse l’eau de mer vers la côte. Les petites déformations de la ligne du littoral dévient cette eau, « sous le vent », et engendrent de petits courants côtiers qui renvoient l’eau vers le large. On les remarque aux endroits où les vagues ne se forment pas ni ne déferlent. Lancez votre ligne dans un de ces courants sortant qui emmènent vers le large tout ce que les vagues ont déterré sur la plage. Les poissons connaisseurs se rassemblent dans ces courants porteurs de nourriture et se prennent facilement à la ligne. Mettez un bouchon lesté ou un « buldo » à 50 centimètres de votre hameçon et laissez-le prendre en s’éloignant du bord. A moins de 100 mètres du rivage, de belles daurades, des marbrés gourmands, de grosses saupes (chelba) parfois engament volontiers.

Attention aux vives venimeuses ! D’ailleurs, il faut les craindre sur toutes les plages de sable. Même mortes, leur venin est encore toxique. Cependant, leur chair est délicieuse. Essayez de la préparer à la « tahitienne » : les filets sont mis à baigner dans un jus de citron ou de vinaigre, légèrement salé mais très poivré pendant quelques heures, jusqu’à ce que la chaire soit blanche. Hé oui : on les mange crues ! Les sardines aussi sont délicieuses préparées ainsi.

Patrimoine abandonné

Si vous avez envie de vous dégourdir les jambes, allez vous promener sur la plage vers le nord, vers Cap Zebib. Elle rétrécit, se couvre de cailloux et on découvre dans la falaise, haute de plus d’un mètre ici, les vestiges d’habitations antiques. Ils ont la forme d’un H. La barre horizontale est le pavement mosaïqué qui « pleure » ses tesselles sur le sable.

En 1957, il existait encore ici une citadelle d’époque punique. La mer l’a détruite sans que l’I.N.P. n’intervienne, au moins pour connaître le nom de cette agglomération : Thunissa, Thinissa, Hyppo Accra ? La protection du patrimoine et le développement d’un tourisme culturel ne seraient-ils que des « paroles vides », de vains mots ?

Profitez de tous les plaisirs que peut offrir une très belle plage qui n’impose pas de « bronzer idiot » ou de fermer les yeux comme l’Agence pour la protection et l’aménagement du littoral.

Alix Martin

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