Le mercredi 20 mars 2019 en début de soirée, un couple palestinien et ses deux fillettes rentrent chez eux après une visite à des parents. Un incident entre le chauffeur et un autre conducteur éclate sur la route près des blocs de béton d’une tour de contrôle militaire israélienne des environs de Bethléem en Cisjordanie. Alaa Ghayadah s’arrête, quitte son véhicule tandis que la seconde voiture poursuit son chemin. Un soldat israélien suit la scène nocturne. Il ouvre le feu sur le chauffeur, le touchant au ventre.
Survient une jeep avec à son bord des personnes de retour d’un mariage. Les jeunes palestiniens se portent au secours du blessé et l’évacuent vers un hôpital. L’un d’eux, Ahmad Manasrah, 22 ans, reste sur place pour tenter d’éloigner la voiture et mettre à l’abri la famille sous le choc. Le véhicule ne démarre pas. Il ressort et est à son tour pris pour cible. Le jeune est abattu d’une balle dans la poitrine. Il décède peu après son transfert dans un centre de soins.
Une enquête de l’unité d’enquête de la police militaire est lancée. Selon les militaires, des pierres auraient été jetées sur des voitures à proximité de l’incident, et le soldat de faction a suivi la procédure d’arrestation des suspects, qui a abouti aux tirs qui ont blessé Alaa Ghayadah et tué Ahmad Manasrah. Le militaire qui a été inculpé a conclu un accord de plaidoyer coupable. Il a été finalement condamné à trois mois de travaux d’intérêt général. L’avocat général n’a pas jugé nécessaire d’engager des poursuites pour les blessures infligées à l’autre protagoniste du drame. L’affaire est passée pratiquement inaperçue.
L’ONG B’Tselem s’est indignée dans les colonnes du quotidien centriste Yediot Aharonot. « Le seul crime commis par Ahmad Manasrah est d’avoir essayé de venir en aide à une femme effrayée qui se tenait au bord de la route la nuit. Il l’a payé de sa vie », estime Amit Gilutz, le porte-parole de B’Tselem. « Chez nous, la vie d’un Palestinien vaut trois mois de travail domestique. »
L’automne dernier, un autre soldat israélien a été condamné dans le cadre d’un accord de plaidoyer, pour avoir tué Othman Hiles, 14 ans. Il avait tiré sur l’adolescent palestinien qui n’était pas armé et escaladait la clôture de Gaza. Il avait écopé de trente jours de travaux d’intérêt général avec sursis et avait été rétrogradé au rang de simple soldat. En juin, un autre soldat a signé un accord de plaidoyer – pour avoir tué Nawaf al-‘Attar, 23 ans, alors qu’il s’approchait de la même clôture.
(Le Figaro)