Civisme et anarchisme

Le président algérien obtient 84,3% des voix et ce vote conforte ses positions propalestiniennes, autrement dit anti-américaines.
Ainsi prescrit la démocratie. Aux Etats-Unis, le sondage divulgué le 11 septembre dévoile des républicains disposés à propulser Donald Trump au pouvoir quels que soient les résultats des prochaines élections présidentielles. L’attaque du Capitole procure un avant-goût de la violence charriée par semblable occurrence. Ici, l’expression « aux urnes citoyens » évacue le terrain occupé par la formulation « aux armes citoyens » américains. Ainsi prescrit l’anarchie.
Celle-ci n’a cure d’autrui. Thucydide écrit : « La société était renversée, le naturel de l’homme, qui aime d’ordinaire à enfreindre les lois, même lorsqu’elles sont en vigueur, l’emporte sur elles, il prend plaisir à se montrer au-dessus de la justice, à se déclarer ennemi de tout ce qui avait quelque supériorité ».
Avec l’apparition de l’Etat Islamique surgit une tout autre optique, ni anarchique, ni démocratique. Abou Iyadh, Emir autoproclamé, transpose le débat du profane au sacré.
Ces deux représentations, mises en présence, plongent la société au fond de l’ambiguïté. Ainsi au Parlement, les uns optent pour l’égalité quand les autres prônent la complémentarité.
A l’arrière-plan de ce vocabulaire, l’héritage bourguibiste subvertit le bagage daéchiste.
Aujourd’hui, en Tunisie, chaque votant perçoit, face à lui, ces deux orientations ennemies. A la croisée des chemins et n’en déplaise au baratin, le vote guide soit vers le bourguibisme, soit vers le ghannouchisme. Le 11 septembre, Ennahdha impute les nouvelles arrestations de nahdhaouis à l’ambiant politique « marqué par des campagnes d’escalade menées contre les forces de l’opposition en prévision du scrutin présidentiel ». Pareille prise de position explicite l’intention de participer à la prochaine compétition. Toutefois, les dégâts jadis provoqués par Ennahdha compromettent ses chances de gravir, une seconde fois, l’escalier de l’autorité. Les franges élargies de la population n’ont guère oublié les méfaits commis par les enturbannés. Intervenu en Algérie, ce procès opère, aussi, en Tunisie. Toujours selon Thucydide, « quand il s’agit de se venger, les hommes se plaisent à enfreindre les lois générales qui condamnent leurs excès ». Par un effet de miroir, l’Afghanistan dresse un repoussoir face à l’Algérie et à la Tunisie. Ces deux sociétés scolarisent Eve et Adam mais tel n’est pas le cas pour le machisme taliban.
Outre la primauté accordée à la modernité, la Tunisie et l’Algérie partagent d’autres points communs. Au premier rang de ces ressemblances figure le rejet de l’arrogance coloniale puis impériale. Arbi Zarrouk, déjà, recommanda au bey, de ne pas signer, au Bardo, le traité scélérat. Au temps de la colonisation, il était question, pour les envahisseurs, de « civiliser les sauvages », ces peuples sans écriture ni culture. Dans le droit fil de ce racisme atavique, Donald Trump dénigre les étrangers mal aimés : « Les émigrants mangent des chats et des chiens ». Le parrain des génocidaires israéliens perpétue les songes fondés sur des mensonges. Des images de synthèse, préfabriquées, servirent de support au milliardaire malintentionné.
Kamala Harris lui riait au nez pour moquer ses larmes de crocodile adressées à la « pauvre » animalité. Ce personnage soi-disant apitoyé soutient le carnage infligé aux Palestiniens bombardés sans arrêt. A ce propos, les mots de Jean Meslier iraient comme un gant à Trump : « D’où il arrive que ceux qui sont les plus forts, les plus rusés, les plus habiles et souvent même les plus méchants et les plus indignes soient les mieux servis en biens de la terre et les mieux pourvus de toutes les commodités de la vie ».
Pour l’emporter à la barbe des élections Trump compte sur l’usage du brigandage, marécage où il nage. Et, sans vergogne, il demande aux oiseaux migrateurs de financer le mur protecteur de ses barrières frontalières.
La monopolisation de l’aisance n’a cure des souffrances réservées aux mangeurs de chats et de chiens. 

Related posts

Le danger et la désinvolture 

Changer de paradigmes

El Amra et Jebeniana