Les passes d’armes se sont multipliées entre le Front Populaire (FP) et Ennahdha depuis la conférence de presse sur les nouveaux éléments d’informations qui prouveraient l’implication du parti islamiste dans les assassinats politiques.
Le ton est particulièrement monté entre Mongi Rahoui, député du FP au sein de l’Assemblée des Représentants du Peuple (ARP), et certains dirigeants d’Ennahdha. Dans plusieurs émissions radiophoniques et sur des plateaux TV, le frontiste a réitéré sa conviction selon laquelle le parti islamiste serait bel et bien impliqué dans les assassinats. Sur Attessia TV durant la soirée du mercredi 3 octobre 2018, il a lancé que les nahdhouis iraient en prison si les dossiers dont ils font l’objet étaient traités.
Dans son passage dans Bled Lyoum sur la Radio Nationale ce jeudi 4 octobre 2018, Mongi Rahoui est revenu sur les déclarations de Mohamed Ben Salem, dirigeant au sein d’Ennahdha, qui a évoqué l’éventualité d’un nouvel assassinat politique en Tunisie. « Ce sont des déclarations dangereuses et codées. Disposerait-il [Mohamed Ben Salem] d’informations relatives à un assassinat politique ? », s’est-il interrogé. « Je n’ai pas confiance en ceux qui appartiennent à Ennahdha. Ils sont connus pour leurs coups bas et ils disposent d’un appareil sécuritaire secret », a-t-il encore lancé.
Par ailleurs, dans Politica ce jeudi 4 octobre, Mongi Rahoui est revenu sur l’appel d’Abdelkarim Harouni, président du Conseil de la Choura, à le priver de son immunité parlementaire. « Je n’ai pas peur. Ce sont les dirigeants d’Ennahdha qui ont peur de voir leur immunité levée, surtout avec les récentes révélations au sujet des assassinats politiques », a-t-il dit. Harouni, poursuit-il, est soupçonné de corruption et de recevoir l’argent du Qatar et de la Turquie. Il est aussi soupçonné, selon Rahoui, dans les affaires d’acheminement des jeunes vers les zones de conflits. « C’est lui qui a besoin d’immunité ! Je suis certain qu’il n’a pas pu fermer l’œil la nuit dernière suite aux révélations ! », a encore lancé le frontiste.
Vers des poursuites judiciaires de la part d’Ennahdha
La réponse de Mohamed Ben Salem est arrivée dans le cadre de la même émission, le même jour. « Ennahdha fait l’objet d’accusations infondées, dont celles qui émanent de Mongi Rahoui. Personne n’est au dessus de la Justice en Tunisie », a-t-il déclaré.
Certaines parties, poursuit Mohamed Ben Salem, sont incapables d’exister sans conflits et sans mensonges, mentionnant, bien entendu, le FP. « Ce que certains partis sont en train de faire est considéré comme une provocation, qui profite indirectement au terrorisme et menace la stabilité du pays », a-t-il renchéri.
Le nahdhaoui poursuit en affirmant que Mongi Rahoui rêve d’Ennahdha jour et nuit. « Au sein du parti, il a été convenu de ne plus laisser quiconque l’accuser », a-t-il ajouté, laissant entendre que quiconque accusant Ennahdha à tort sera poursuivi.
A titre de rappel, Abdelkarim Harouni, président du Conseil de la Choura d’Ennahdha a appelé, mercredi 3 octobre 2018, Mongi Rahoui à « se reprendre », au risque de voir son immunité levée.