Grâce aux réformes engagées, le climat des affaires en Tunisie a connu une nette amélioration. C’est ce qui ressort du rapport Doing Business 2019, élaboré par la Banque Mondiale (BM) et publié mercredi 31 octobre 2018. Le rapport, rappelons-le, porte sur l’attractivité du climat des affaires de plusieurs économies dans le monde, à travers l’étude du cadre législatif et des réformes engagées. Il est aussi basé sur plusieurs indicateurs, à l’instar de la création d’entreprises, du transfert de propriété et de l’exécution des contrats. Il prend également en compte les obstacles rencontrés par les investisseurs.
La Tunisie, 5ème place à l’échelle arabe et africaine
Dans la région MENA (Moyen-Orient et Afrique du Nord), la Tunisie s’est inscrite dans l’optique globale d’un climat des affaires en nette amélioration par rapport à l’année précédente, avec 4 réformes engagées. Au total, 43 réformes ont été mises en oeuvre l’an dernier contre 29 seulement l’année d’avant selon Doing Business. Quatorze des 20 économies de la région ont introduit des réformes destinées à créer des emplois et à stimuler l’entreprise privée.
L’économie tunisienne est au coude à coude avec le Maroc, l’Arabie Saoudite et la Jordanie (4 réformes en 2018). C’est Djibouti qui occupe la pole position dans la région MENA (11ème place au niveau mondial), suivi de l’Egypte et des Emirats Arabes Unis.
Cette tendance a été saluée par Santiago Croci Downes, responsable du projet Doing Business. Il considère que l’accélération du rythme des réformes au Moyen-Orient et en Afrique du Nord constitue un signe encourageant sur la volonté des pays de la région MENA d’appuyer l’entrepreneuriat et l’initiative privée.
Dans ce contexte, la Tunisie occupe la 80ème place mondiale, alors qu’elle se situait à la 88ème place mondiale un an plus tôt. L’économie tunisienne est loin devant l’Algérie (157ème place), l’Egypte (120ème place), l’Iran (128ème place), l’Arabie Saoudite (92ème place). À l’échelle arabe, la Tunisie est le 5ème pays le plus attractif pour les affaires (6ème place une année auparavant). Sur le plan africain, le pays a grimpé de 3 places : 5ème place contre la 8ème place un an plus tôt.
Nouvelle-Zélande, Singapour et Danemark : le trio imbattable
Par ailleurs, sur un plan plus général, Doing Business a recensé, au total, 314 réformes engagées dans l’environnement des affaires dans le monde au cours de l’année dernière. Selon le rapport de la BM, il s’agit d’un nouveau record mondial en termes de réduction de la lourdeur administrative.
Au total, ce sont 128 économies dans le monde qui ont engagé les réformes saluées par l’institution mondiale. Ces mesures ont directement bénéficié aux PME (petites et moyennes entreprises) et elles ont permis de stimuler la création d’emplois et l’investissement privé. Selon la BM, les conditions pour la création d’entreprises se sont nettement améliorées grâce aux 50 réformes qui ont été entreprises par les économies mondiales allant dans ce sens.
Dans ce contexte, le top 10 du classement annuel de Doing Business regroupe la Nouvelle-Zélande (1ère place au niveau mondial) le Singapour (2ème place) et le Danemark (3ème place). Ces trois pays ont réussi à conserver leurs rangs pour la seconde année consécutive. Juste après, on trouve la RAS de Hong Kong en Chine (4ème place), la République de Corée (5ème place), la Géorgie (6ème place), la Norvège (7ème place), les États-Unis (8ème place), le Royaume-Uni (9ème place) et l’ex-République Yougoslave de Macédoine (10ème place).
D’autre part, Doing Business souligne des percées réalisées par plusieurs économies, à l’instar de celle des Émirats Arabes Unis, qui ont atteint, pour la première fois, la 11ème position au niveau mondiale, non loin du top 10. La Malaisie et Maurice, dans ce même contexte, ont grimpé au classement général, atteignant respectivement la 15ème et la 20ème place. Une année auparavant, la Malaisie a mis en exécution 6 réformes. Maurice, pour sa part, en a exécuté 5 et les Émirats Arabes Unis en ont mises en place 4. Maurice, soulignons-le, a notamment supprimé un obstacle qui empêchait les femmes de créer leurs propres entreprises.
Toujours selon Doing Business, l’Afghanistan, Djibouti, la Chine, l’Azerbaïdjan, l’Inde, le Togo, le Kenya, la Côte d’Ivoire, la Turquie et le Rwanda ont eux aussi connu une nette amélioration du climat des affaires. Djibouti et l’Inde, à titre d’exemple, ont engagé 6 réformes. L’Afghanistan et la Turquie en ont engagé, respectivement, 5 et 7.
Le point sur le classement
*À la 11e place du classement général Doing Business, les Émirats arabes unis (EAU) sont les mieux classés des pays de la région Moyen-Orient et Afrique du Nord (MENA), devant le Maroc (60e ) et Bahreïn (62e ).
*Aux prises avec une instabilité politique persistante, la Syrie (179e ), la Libye (186 e ) et le Yémen (187e ) sont au contraire les moins bien classés.
*Parmi les autres poids lourds économiques de la région, l’Algérie ressort au 157e rang, derrière l’Égypte (120 e ), l’Iran (128 e ), l’Arabie saoudite (92e ) et la Tunisie (80e ).
*La région obtient ses meilleurs résultats dans les quatre domaines suivants : paiement des taxes et impôts (82e ), obtention des permis de construire (98e ), transfert de propriété (90e ) et raccordement à l’électricité (94e ). Il faut, par exemple, 30 jours en moyenne pour enregistrer un transfert de propriété dans cette région, contre 48 jours en moyenne dans le monde.
*Elle affiche en revanche des contre performances pour l’obtention des prêts (126e rang), le règlement de l’insolvabilité (121 e ) et le commerce transfrontalier (121e ). En cas de faillite, par exemple, le taux de recouvrement moyen s’établit à 26,3 cents pour un dollar, contre 70,5 cents dans les économies à revenu élevé de l’OCDE. Le point sur les réformes
*Quelque 70 % des pays ont introduit des réformes dans au moins un des domaines couverts par Doing Business. Au total, ce sont 43 réformes facilitant les affaires qui ont été mises en œuvre dans 14 des 20 pays de la région l’an dernier, contre 29 réformes dans 13 pays l’année précédente.
*C’est dans les domaines de la création d’entreprise et de la protection des investisseurs minoritaires que l’on dénombre le plus de réformes (sept pour chacun).
*Djibouti figure dans la liste des 10 pays les plus réformateurs au monde pour la deuxième année consécutive. Au cours des 12 derniers mois, ce pays a engagé un total de six réformes et progressé de plus de 50 places dans le classement mondial. Djibouti figure également en tête du classement régional pour le nombre de réformes mises en œuvre.
*L’Égypte et l’Arabie saoudite figurent elles aussi parmi les pays les plus réformateurs avec respectivement cinq et quatre réformes à leur actif chacune.
*À titre d’exemple : – Djibouti a facilité la création d’entreprise en instaurant un guichet unique, ce qui a éliminé deux procédures. Cette réforme a également fait reculer de 17 % du revenu par habitant le coût de création d’une entreprise. – L’Égypte a facilité le règlement de l’insolvabilité en introduisant une procédure de redressement judiciaire, en permettant aux débiteurs d’engager cette procédure et aux créanciers de participer davantage.
– L’Arabie saoudite a facilité l’exportation et l’importation en introduisant un nouveau guichet électronique unique et en allongeant les horaires des services douaniers au port de Djeddah.
– Les Émirats arabes unis ont facilité l’accès à l’électricité en supprimant l’intégralité des coûts pour les raccordements commerciaux et industriels jusqu’à 150 kilovolt-ampères (kVA). Grâce à cette réforme, ce pays atteint le maximum de 100 pour toutes les composantes du raccordement à l’électricité. Les faits saillants :
*Parmi les changements introduits cette année, on note que l’indicateur «distance de la frontière » a été renommé « facilité de faire des affaires », afin de mieux refléter son objectif principal qui est de mesurer les progrès enregistrés en valeur absolue en direction des meilleures pratiques (sans que le calcul ne soit modifié).
*Aucun changement n’a été introduit cette année ni dans la méthodologie ni dans le calcul de la note de la facilité de faire des affaires, qui sous-tend le classement Doing Business.
*Cette année, le rapport présente quatre études de cas qui soulignent les avantages fonciers :
o De la formation annuelle obligatoire des agents de la fonction publique et des utilisateurs des registres du commerce et des registres fonciers ;
o De la formation des agents de dédouanement et des commissionnaires en douane ;
o Du cadre réglementaire robuste du secteur de l’électricité et de la certification de la profession d’électricien ;
o De la formation et de la spécialisation des juges
(Source : Banque mondiale)