L’association “Sciences et Patrimoine Kalaâ Kébira”, en partenariat avec l’association de l’Union culturelle de Sousse, organise un événement intellectuel exceptionnel le dimanche 26 janvier 2025, à partir de 9 heures du matin, à la salle des réunions de la municipalité de Kalaâ Kébira.
Intitulée « Lumières sur les événements de janvier 1952 dans la région du Sahel », cette rencontre constitue une initiative importante visant à approfondir la compréhension historique des événements marquants de cette période décisive pour la Tunisie, particulièrement en ce qui concerne la région du Sahel, qui a joué un rôle majeur dans la lutte pour l’indépendance.
L’événement aura une dimension académique forte, car il réunira une série de spécialistes, d’historiens, d’experts en patrimoine et de chercheurs. Ceux-ci interviendront pour faire la lumière sur les différents aspects des événements de janvier 1952, qui ont constitué un tournant dans la résistance tunisienne contre le colonialisme français. L’objectif est de mettre en lumière les particularités de la région du Sahel dans cette lutte et de fournir une analyse enrichie à la fois historique et sociale de cet épisode crucial.
L’histoire locale et les archives
La première session scientifique, présidée par Mohamed Sghaïer Gaïed, ancien président de l’association “Sciences et Patrimoine Kalaâ Kébira”, se concentrera sur la présentation de nouveaux éclairages sur l’histoire de la ville de Kalaâ Kebira et de la région environnante. Cette session débutera par une intervention de Mohamed Ali El Khorchfi, historien de renom, qui présentera des informations inédites sur l’origine et l’évolution de la ville de Kalaâ Kébira. Il mettra en lumière des aspects méconnus de la ville, son développement au fil des siècles, et sa place dans le paysage historique tunisien. En se basant sur des archives locales et des documents historiques, son intervention promet de fournir un regard novateur sur la façon dont cette ville a vécu les grands changements historiques, sociaux et politiques du pays.
Ensuite, Adel Ben Youssef, spécialiste de l’histoire contemporaine, interviendra sur un sujet fascinant : la visite de la mission française à Kalaa Kébira en 1885. Cette mission, qui fait partie de l’histoire coloniale de la Tunisie, est un témoin de la stratégie de l’administration coloniale française pour asseoir son pouvoir et de ses tentatives pour impliquer les populations locales dans l’ordre colonial. Ben Youssef présentera des documents et des photos d’époque qui illustrent l’impact de cette visite sur les habitants et comment elle a marqué la mémoire collective locale.
La résistance et l’impact des événements de janvier 1952
La deuxième session scientifique, animée par Camélia Hamila Mabrouk, s’attardera sur le rôle de la presse et des médias dans la résistance à l’occupation française, en particulier durant la période des événements de janvier 1952. Assia Atrous, rédactrice en chef du quotidien Assabah, présentera une intervention intitulée « Le rôle de la presse dans la lutte pour l’indépendance : le journal Assabah comme modèle ». Elle détaillera comment le journal a été un vecteur de la mobilisation populaire contre le colonialisme. Elle expliquera aussi comment la presse a contribué à diffuser les idées du mouvement national et à renforcer l’esprit de résistance dans toute la Tunisie.
Une autre intervention majeure sera celle de Hassan Ben Ali, rédacteur en chef de la revue Hadramout, qui se penchera sur la contribution de la ville de Kalaâ Kébira aux événements de janvier 1952. Il expliquera comment cette région, marquée par une forte activité politique et sociale, a joué un rôle clé dans le soulèvement contre l’oppression coloniale. L’intervention de Ben Ali permettra de mieux comprendre comment les événements du 18 janvier 1952 ont transcendé les frontières géographiques et ont eu un impact particulier dans la région du Sahel.
Adel Ben Youssef, dans sa conférence intitulée « Les événements du 22 janvier 1952 à Sousse : souvenir et leçon », offrira une rétrospective de cette journée emblématique de la lutte pour l’indépendance. À travers son analyse, il évoquera la manière dont les événements du 22 janvier ont renforcé la détermination du peuple tunisien à se libérer de la domination coloniale. Il soulignera aussi l’importance des martyrs et des figures locales qui ont marqué cette période.
Enfin, Khadija Zakhama Chalhloul proposera une réflexion critique sur « Les événements de janvier 1952 dans le Sahel » en offrant une perspective régionale. Elle présentera une analyse approfondie de la manière dont la région a vécu ces événements et les traces laissées dans la mémoire collective. Sa présentation permettra de mieux comprendre l’importance stratégique et symbolique de la région du Sahel dans la lutte pour l’indépendance tunisienne.
Témoignages et projection
Cet événement sera également marqué par la projection d’un film documentaire réalisé par Mohamed Saïdane et Omar Ayachi, qui retrace les événements de janvier 1952 à travers des images d’archive et des témoignages de ceux qui ont vécu ces moments décisifs. Ce documentaire constituera une part importante de la rencontre, en permettant aux participants de voir et d’entendre les récits de ceux qui ont joué un rôle crucial dans la résistance tunisienne.
Il sied de rappeler que les événements du 18 janvier 1952 constituent l’un des moments les plus marquants de l’histoire de la lutte pour l’indépendance de la Tunisie. Il s’agit d’une révolte populaire qui a vu des milliers de Tunisiens descendre dans les rues pour protester contre le rejet par la France de la demande d’indépendance de la Tunisie. La répression violente par les autorités coloniales, qui a entraîné de nombreux morts et arrestations, a exacerbé les tensions et a conduit à l’intensification de la lutte.
Le 18 janvier a agi comme un catalyseur pour les événements ultérieurs, en particulier dans la région du Sahel, où de nombreux activistes ont vu dans ces événements une occasion de revendiquer leur liberté. Cette date est devenue un symbole de la résistance tunisienne et de l’engagement de la population face à l’injustice coloniale.
Les événements de janvier 1952 ont culminé avec l’arrestation de leaders nationalistes, tels que Habib Bourguiba, Monji Slim et d’autres membres du mouvement national, mais ils ont également ouvert la voie à une intensification de la résistance, notamment à travers des grèves, des manifestations et des actions militaires organisées par les partisans de l’indépendance.
Ces événements ont marqué un tournant décisif dans la lutte pour l’indépendance et ont conduit à une pression croissante sur la France. Ils ont ainsi constitué le prélude à l’indépendance de la Tunisie, obtenue en 1956.