Combattre le fléau du terrorisme, partout

“La Tunisie se lève contre l’hydre terroriste”, titre un quotidien du jeudi 9 mai, au lendemain de la séance avec le gouvernement à l’ANC au cours de laquelle le chef du gouvernement a déclaré que tout le monde, forces armées et de sécurité, ainsi que l’ensemble des Tunisiens, est décidé à faire front face au fléau du terrorisme et à le combattre.

Toute la Tunisie ? Voire… En effet, la TV nous montre les foules de manifestants, à Kasserine et d’autres villes du nord-ouest, proches de la zone infestée — qui tend à s’élargir puisqu’on signalait hier des opérations de ratissage dans les régions du Kef et de Oued Mliz (Jendouba) — et aux premières loges pour voir depuis douze jours le ballet des hélicoptères et des ambulances ramenant les blessés qui, avec les deux d’hier, sont maintenant au nombre de dix-huit. Dix-huit de nos fils et de nos frères dont certains resteront mutilés pour la vie (blessures aux yeux et membres amputés) !

Dans une guerre — car c’est une vraie guerre qui commence — comment la population civile peut-elle participer à l’effort des militaires ? L’aide la plus importante est la surveillance constante du milieu (rural ou citadin) depuis la frontière libyenne jusqu’au nord du pays, l’Algérie ayant sécurisé sa frontière.

J’ai d’ailleurs rappelé dans un récent numéro que la presque totalité des trafiquants d’armes ou de ravitaillement pour les terroristes a été signalée aux autorités par la population civile, au cours des dernières années, ce qui a entrainé des arrestations et parfois des échanges de coups de feu.

Ce qui nous gêne, c’est qu’on n’a plus entendu parler de ces personnes mises hors d’état de nuire, alors que la moindre rafle de la police dans les villes donne lieu à une exposition d’armes (épées, coutelas, gourdins) et de malfrats lors des bulletins d’information !

Au cours de la même séance de l’ANC, l’un des “ténors” du camp démocratique, Samir Taïeb, a signalé que l’une des têtes de l’hydre (animal fabuleux à sept têtes) pourrait bien être un certain nombre de mosquées qui sont sous le contrôle d’extrémistes (salafistes) telles que celle d’Al Fath — d’où sont sortis les manifestants qui ont incendié l’ambassade US — ou d’autres bien connues. C’est pourquoi, un jour, il faudra bien fouiller ces mosquées, car rien n’empêche les terroristes réfugiés dans les montagnes de quitter leurs repaires pour aller s’y cacher et d’y entreposer des armes. Bien sûr, certains feront valoir la “sanctuarisation” de ces “lieux saints”, mais on pourra leur rappeler que leurs “mentors en wahhabisme”, les dirigeants des vrais Lieux Saints, n’ont pas hésité à demander l’aide du GIGN (Groupe d’intervention de la Gendarmerie nationale) français pour extirper des caves de la grande mosquée de la Mecque des terroristes qui l’occupaient (le 21 avril 1979). Chez nous, nous n’avons pas besoin d’intervention étrangère, nos forces de l’ordre seraient suffisantes, si bien sûr la volonté de nos dirigeants l’exigeait, pour purger le pays de ces terroristes.

 

* Au Djebel Chaâmbi, voici maintenant neuf jours que les opérations militaires ont débuté ; d’après ce que l’on veut bien nous dire, 38 terroristes auraient été arrêtés — eux non plus n’ont d’ailleurs jamais été montrés — et une vingtaine d’autres seraient encore cachés dans la montagne après avoir posé des mines pour se protéger. Ces engins de fabrication locale sont responsables des blessures terribles infligées aux 18 militaires dont j’ai parlé plus haut. Les chaînes de TV nous ont montré les blessés sur leurs brancards puis sur leurs lits d’hôpital. Je ne veux pas jouer au spécialiste militaire que je ne suis pas, mais je pense qu’un “hôpital de campagne” aurait dû être installé au pied du Djebel Chaâmbi — j’ai fait mon service militaire dans le service de santé et, au cours de “manœuvres” nous avons pu installer un hôpital de cette sorte en deux jours — où seraient prodigués les premiers soins aux blessés qui seraient héliportés directement à l’hôpital militaire de Tunis qui possède les meilleurs installations et les plus grandes sommités médicales du pays ! Je dis cela parce que Nesma TV nous a montré hier soir l’état de délabrement de l’hôpital de Kasserine et des ambulances ainsi qe les réclamations du personnel médical, complètement débordé. Et il ne s’agit que de quelques mines, qu’est-ce que ce sera si un jour nos soldats entrent en contact avec les terroristes ?

Je continue : le journal La Presse du 7 mai a publié à la Une une photo légendée “les services de déminage de l’Armée nationale à l’œuvre” ; on y voit cinq soldats en tenue de campagne autour de ce qui doit être une mine : si l’on veut désamorcer ou simplement déterrer une mine, il faut des tenues spéciales dont les services de déminage du génie de tous les pays sont équipées, avec un casque à visière en plastique spécial pour protéger les yeux et le visage et un seul (ou deux) opérateurs à plat ventre mettant la mine hors d’usage. Sur la photo du journal, les cinq soldats seraient morts si la mine avait explosé… Autre moyen, pendant la guerre d’Algérie, les soldats français envoyaient des troupeaux de moutons dans les sentiers qu’ils voulaient utiliser.

Enfin, à mon avis, il faut prendre conscience du danger que représentent ces “maquis” dans nos montagnes. Il serait souhaitable que l’Armée puisse laisser aux forces de sécurité intérieure les tâches qu’elle accomplit depuis la proclamation de l’état d’urgence (avec certes beaucoup de succès) telles que la garde des gouvernorats et autres places stratégiques, la distribution des copies du baccalauréat qui approche, etc., et qu’elle se consacre à sa tâche originelle, la défense de la patrie menacée.

Raouf Bahri

 

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