Combattre l’économie informelle pour sauver la Sécurité Sociale

Le système de Sécurité Sociale traverse une crise sans précédent en Tunisie, notamment depuis 2011. Les pertes enregistrées par les caisses sociales sont astronomiques : CNSS et CNRPS sont en proie à un endettement lourd qui ne fait que les enfoncer davantage dans une situation inextricable. Qu’est-ce qui a fragilisé le secteur de la sécurité sociale en Tunisie ? Quelles sont les solutions ?

C’était justement l’une des problématiques soulevée lors d’une conférence de presse organisée par le Centre de Recherches et d’Etudes Sociale (CRES), en partenariat avec la Banque Africaine de Développement (BAD), sous le thème de « Protection Sociale et économie informelle en Tunisie : défis de la transition à l’économie formelle ».

Pour Mahmoud Ben Romdhane, ministre des Affaires Sociales, l’économie informelle représente l’un des facteurs ayant affecté le système de Sécurité Sociale en Tunisie. Près de 1 million de personnes travaillent au noir dans notre pays. Autrement dit, autant d’individus qui échappent à toute obligation sociale ou fiscale. Combattre l’économie informelle, selon le ministre, peut aider rétablir l’équilibre des caisses sociales.

« Il s’agit d’offrir à chacun la possibilité de travailler dignement, tout en bénéficiant de tous ses droits sociaux », a déclaré Mahmoud Ben Romdhane pour qui il existe deux façons d’éviter les charges sociales. Selon lui, en plus de l’impact négatif du secteur informel, il y a les entreprises qui ne déclarent pas leurs salariés, évitant ainsi de payer toute charge sociale. D’autre part, il y a celles qui enregistrent leurs salariés, mais en déclarant un salaire inférieur à celui qui est réellement touché par l’employé.

L’employeur doit assumer ses responsabilités

Combattre l’économie informelle est une nécessité pour pouvoir parvenir à l’équilibre des caisses sociales. « Le ministère des Affaires Sociales a pris une mesure phare qu’il a présenté au Chef du Gouvernement et au ministre des Finances. Lors de chaque transaction commerciale, chaque employeur doit prouver qu’il a bel et bien payé ses contributions et ses impôts vis-à-vis de la CNSS. Ceci va obliger chaque acteur économique à accomplir son devoirs social», a annoncé Mahmoud Ben Romdhane.

Le travailleur doit connaître ses droits

L’économie informelle est sans doute l’un des facteurs les plus pesants pour la Sécurité Sociale en Tunisie, hormis l’impact de la transition démographique, il existe une autre problématique : une bonne partie des travailleurs ne connaissent pas leurs droits quand il s’agit de signer un contrat de travail, s’il y en a un d’ailleurs.

Cette naïveté est l’un des éléments conduisant à l’enracinement de la précarité en Tunisie. Nombreux sont les jeunes qui travaillent au noir aujourd’hui dans notre pays. Ils font face à des promesses de contrats non concrétisées. Ils ignorent pratiquement tout du fonctionnement de la Sécurité Sociale. Les employeurs malintentionnés ne manqueront pas d’exploiter ces faiblisses.

C’est là où intervient le rôle de l’Etat et, notamment, celui du ministère des Affaires Sociales. Il est vital de lutter contre cette désinformation des travailleurs. Il faut les encadrer et les renseigner sur tout ce qu’ils doivent savoir sur le droit du travail et sur la Sécurité Sociale. C’est l’une des pistes qu’il faudra emprunter afin de lutter contre l’économie informelle.

 

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