L’attentat terroriste meurtrier du 24 novembre à Tunis qui a coûté la vie à 12 policiers de la sécurité présidentielle au cœur de la capitale constitue une montée en puissance du terrorisme et une provocation vis-à-vis du peuple et de l’Etat tunisiens.
Le choix de la cible, du lieu et de la date (JCC) est plein de symboliques et représente une menace pour tous : les terroristes veulent semer la peur, saper la joie de vivre du peuple tunisien, porter atteinte à l’espoir, paralyser la croissance économique, saboter l’autorité de l’Etat, perturber la société et plonger le pays dans l’anarchie.
Nous en sommes arrivés là suite à la multiplication de plusieurs facteurs aggravants ces dernières années.
C’est l’extension de la pauvreté et l’augmentation du taux de chômage qui constituent le terreau favorable au développement du terrorisme, enrobé d’un vernis d’extrémisme religieux, notamment dans les zones défavorisées de l’intérieur du pays et les quartiers populaires des grandes villes. Laxisme, voire bienveillance de la Troïka durant deux ans vis-à-vis du terrorisme ont favorisé son expansion.
Pour l’affaiblir il y a lieu d’en assécher d’abord les sources de financement : transferts de fonds à partir de l’étranger, transits par les associations pseudo-caritatives, contrebande,…
Comment rebondir, renverser la vapeur, comment combattre sinon éradiquer le terrorisme avec ses racines, démanteler les cellules et les réseaux terroristes. Une guerre totale s’impose dans le cadre d’une mobilisation générale qui implique et engage l’Etat : volonté et pouvoir politique mais aussi engagement de l’administration, y compris l’Armée et les Forces de sécurité qui ont besoin d’être renforcées en hommes et en équipements.
La population ainsi que ses élus à l’Assemblée des représentants du peuple ont un rôle de premier plan à jouer. C’est également le cas pour la société civile y compris partis politiques, associations et organisations nationales.
Le pôle judiciaire de lutte antiterroriste dans son profil actuel n’est pas efficace : peu de procès ont abouti, alors qu’il y a 1200 procès en attente et 3600 terroristes arrêtés en neuf mois.
Il est indispensable de renforcer d’urgence et de façon significative le potentiel humain et les équipements de ce pôle tout en assurant la protection des juges.
Restaurer l’autorité de l’Etat est une priorité absolue pour le maintien de l’ordre. Cela peut se faire par l’application stricte de la loi dans tous les domaines de la vie publique.
La conséquence immédiate consisterait à rétablir la confiance chez les opérateurs économiques et les citoyens et améliorer le climat de l’investissement dans le pays, que ce soit chez les Tunisiens ou les étrangers. Seule l’unité nationale peut faire face au terrorisme et en venir à bout. Cela implique la stabilité politique par l’harmonisation des décisions du Législatif et de l’Exécutif.
En effet, les dissensions permanentes entre les partis politiques au pouvoir ou dans l’opposition créent une atmosphère de tension et de précarité sociale et ouvrent des brèches propices à la progression du terrorisme. Un consensus entre tous les partenaires sociaux sur le modèle de croissance et le schéma de développement du pays est de nature à constituer un levier de croissance.
Il est grand temps d’instaurer la paix sociale dans le pays en mettant fin au bras de fer qui oppose UTICA-UGTT sur les revendications salariales. Mais aussi réduire la contrebande et le commerce parallèle.
C’est le devoir de l’Etat, qui consiste à définir la stratégie et aboutir à la conclusion d’un pacte social mettant fin aux grèves, sit-in et troubles sociaux, et assurer la stabilisation des prix et des salaires.
Le terrorisme étant une mentalité et un comportement destructeurs, pour le combattre, il faudrait adopter et diffuser une culture de la modération, de la construction, de la solidarité et de la tolérance, assurer une formation solide de l’esprit critique chez les élèves et étudiants, avec l’implication de l’institution éducative qui serait un barrage inébranlable vis-à-vis de l’extrémisme et du terrorisme, mais cela fait déjà défaut depuis des décennies.
Il y a lieu de déplorer la démission des parents et de l’institution éducative dans leur devoir et leur mission d’éduquer, d’encadrer et d’orienter leurs enfants et leurs élèves, ils assument une lourde responsabilité dans la diffusion du terrorisme.
Le rôle de la culture sous ses différentes manifestations : cinéma, théâtre, musique, peinture, littérature,… est fondamental pour lutter contre l’extrémisme à cause de la défaillance des programmes d’éducation civique et religieuse dans les lycées : un programme à réformer pour favoriser le sentiment de l’appartenance au pays.
Maisons de la culture et de la jeunesse devraient être mises à niveau pour l’intégration sociale des jeunes, livrés à l’oisiveté.
Nous devons réagir également et surtout par le développement des régions frontalières en intensifiant l’investissement public, la modernisation et la réalisation d’infrastructures de base,… ainsi que l’implantation de projets économiques privés, créateurs de richesses, générateurs de sous-traitance et de distribution de salaires. La création massive d’emplois permanents et durables pour les jeunes doit être intensifiée dans les régions défavorisées. Il faut redonner de l’espoir et du rêve pour les jeunes.
21