Le lendemain de l’immolation de son fils, le 18 décembre 2010, la rage au ventre, Manoubia Bouazizi se dirige vers le Gouvernorat devant lequel le jeune homme a tenté de mettre fin à ses jours. Ses cris ne passent pas inaperçus, larmes aux yeux, elle interpelle les passants, dont plusieurs se joignent à elle. Cette marche provoque une manifestation spontanée et personne n’ose empêcher cette foule de se réunir et de se rendre jusqu’aux portes barricadées du Gouvernorat. Dès lors, bien que les BOP (Brigades de l’Ordre public : Unités antiémeutes) stationnées sur place soient sur le qui-vive, les manifestations ne vont plus s’arrêter et chaque mouvement de foule est filmé, les séquences téléchargées sur Internet. Dès le 18 décembre, les vidéos en provenance du Centre du pays envahissent les réseaux sociaux. Plusieurs jeunes de la région ont uploadé des vidéos, suivis par des blogueurs comme Aziz Amami et Lina Ben Mhenni qui se sont déplacés sur les lieux. Lorsque le black-out total (coupure de l’Internet) a été opéré par le régime, les vidéos sont sorties sur divers supports (clés USB, etc…) et reprises par Global Voice puis par les médias étrangers. Global Voice est un réseau mondial de blogueurs qui, à travers les traductions et les publications à l’échelle de la planète, a la capacité de créer l’événement. Les sujets choisis par Global Voice ne touchent jamais les alliés stratégiques des USA (pétromonarchies et Israël). Ce réseau a été fondé en 2004 à Harvard.
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