Comment sauver les retraites ?

En marge de la conférence de presse relative à l’économie informelle, Mahmoud Ben Romdhane, ministre des Affaires Sociales, est revenu sur la question cruciale du régime des retraites. Aujourd’hui, comme nous le savons, le système est en déficit. Outre l’économie informelle évoquée précédemment, la transition démographique figure parmi les facteurs qui expliquent la situation actuelle de la CNSS et de la CNRPS.

La plus rapide des transitions démographiques

Durant les années 60, les femmes Tunisiennes étaient parmi les championnes Africaines en termes de fécondité. Une femme donnait naissance à 7 enfants en moyenne. Or, en 1990, l’indice est passé à 2,1 enfants par femme, soit tout juste la reproduction démographique. En 30 ans donc, la Tunisie a réalisé la plus rapide des transitions démographiques dans le monde.
Autre facteur clé ayant affecté l’état de la CNSS et de la CNRPS : l’espérance de vie. En 1956, elle se chiffrait à 47 ans. Aujourd’hui, elle a atteint les 75 ans.

Qui va financer les retraites ?

La combinaison de ces deux facteurs, transition démographique, donc vieillissement de la population et espérance de vie, ont eu les conséquences désastreuses, que l’on connaît aujourd’hui, sur la CNSS et la CNRPS . Avec un nombre d’actifs en baisse continue et un nombre de retraités en constante augmentation, il est devenu difficile de financer les pensions de retraite. Le système corporatiste que nous avons hérité du modèle Français fait donc face à ses limites. Mahmoud Ben Romdhane l’avait lui-même affirmé : le déficit structurel de la CNSS et de la CNRPS est en augmentation exponentielle.

Travailler plus, pour payer plus ?

Que faire face à une telle situation ? L’une des mesures phares qui a été avancée par le gouvernent concerne l’augmentation de la durée de cotisation pour les actifs. Exit la retraite à 60 ans. Désormais, les travailleurs auront la possibilité de choisir entre partir à 60 ans ou au-delà de cette limite qui a n’a que trop duré. Ainsi, il sera possible d’assurer un financement plus conséquent pour la Sécurité Sociale.

Encore faut-il que les employeurs jouent le jeu. Nombreux sont ceux qui évitent ouvertement de payer les impôts sociaux, creusant ainsi le déficit de la  CNSS et la de CNRPS . Se pose ensuite la question du chômage des jeunes. Nombreux diront que le fait d’augmenter la durée de cotisation risquerait d’exclure les jeunes actifs du marché de l’emploi.

L’équation est donc périlleuse pour le gouvernement. Ses choix vont se révéler cruciaux. Il sera vital de trouver un équilibre entre la lutte contre le chômage et celle contre les déficits de la Sécurité Sociale. La création de richesse est l’une des solutions pouvant remédier à cette grande problématique. Celle-ci passe inévitablement par l’investissement.

Or, cette notion est en berne en Tunisie et les investissements publics manquent cruellement à l’appel…

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