La dépendance énergétique européenne se lit dans les exportations libyennes.Malgré une décennie de turbulences politiques, la Libye conserve son statut de fournisseur énergétique clé pour l’Europe. Les chiffres sont éloquents : entre 2021 et 2024, 68 % des exportations libyennes ont été absorbées par les pays de l’Union européenne, révèle un rapport récent de la Banque centrale de Libye (BCL) relayé par le média Al Wasat. Ces données mettent en lumière la dépendance persistante du Vieux Continent aux hydrocarbures libyens, dans un contexte mondial de flambée des prix de l’énergie et de tensions géopolitiques.
L’Italie, principal débouché commercial
Sans surprise, l’Italie caracole en tête des importateurs avec 23,2 % du total des exportations libyennes sur cette période. Rien qu’en 2024, les achats italiens ont atteint le montant astronomique de 6,9 milliards de dollars. Une manne pétrolière qui représente l’essentiel des revenus du pays, le brut comptant pour plus de 95 % des exportations libyennes. Dans le peloton de tête des clients européens suivent l’Allemagne, le Royaume-Uni, la Grèce, l’Espagne et la France – autant d’économies industrialisées assoiffées d’énergie.
Le rapport de la BCL souligne cette relation commerciale déséquilibrée : l’UE dépend du pétrole libyen tandis que la Libye mise tout sur ce seul produit. « Les économies de la zone euro sont structurellement dépendantes des matières premières énergétiques », peut-on lire dans le document. Une vulnérabilité qui se paie cash lors des crises pétrolières ou des troubles politiques à Tripoli.
L’Asie, un marché secondaire
Si l’Europe domine largement, les pays asiatiques émergent comme débouché secondaire avec 14 % des exportations libyennes entre 2021 et 2024. Une part modeste qui reflète la logique géopolitique actuelle : la proximité géographique avec l’UE et des infrastructures existantes (oléoducs, terminaux pétroliers) privilégient les échanges trans-méditerranéens.
Ce rapport confirme les limites du « tout pétrole » libyen. D’un côté, Tripoli reste prisonnier de la volatilité des cours du brut. De l’autre, Bruxelles doit composer avec un fournisseur politiquement instable, alors même que l’UE cherche à réduire sa dépendance au gaz russe. Un paradoxe qui n’a pas fini de compliquer les équations énergétiques des deux rives de la Méditerranée.