Commerce extérieur : Mettre fin aux dérapages

Le déficit de notre commerce extérieur a été supérieur à 13 milliards de dinars en 2015. Cette année il risque de dépasser les 15 milliards de dinars. Ce risque est réel quand on sait que rien qu’à fin mai 2016 ce déficit a accusé une aggravation de 9,5% par rapport à la même date de 2015.

Le déficit était en principe comblé au cours des années 2000 par les recettes provenant du tourisme, de l’exportation des phosphates et des produits chimiques dérivés, ainsi que par le transfert des revenus des Tunisiens résidents à l’étranger. Or les recettes du tourisme et des phosphates ont pratiquement fondu tandis que les transferts des TRE ont régressé de 7% en 2015.

Selon le ministre du Commerce, cette détérioration de la situation est due à la régression sensible de nos exportations d’huile d’olive de 760 millions de dinars en 2016 par rapport à 2015. En outre, nos importations de produits de consommation, qui ne sont pas inclus dans la fourchette des produits de première nécessité, ont connu une progression sensible de 9%. Parallèlement à cela les exportations ont baissé de 2,3%.

Parmi les dysfonctionnements et anomalies constatés par le ministre du Commerce, il y a la croissance rapide et injustifiée de certaines catégories de produits, c’est ainsi que les moteurs usagés qui ont été importés pour une valeur de 11 MD durant toute l’année 2015 ont grimpé à 17 MD pour les cinq premiers mois de 2016. Il faut dire que ce type d’importation était autorisé à condition qu’après réparation ces moteurs devaient être réexportés, ce qui ne semble pas être le cas et dans la réalité des faits. Il y a probablement une vaste opération suspecte qui se cache derrière ces chiffres.

Les importations de friperies ont connu en 2016 une croissance sans précédent, ce qui suppose qu’il y a là une anomalie qui mérite d’être élucidée.

Le déficit commercial avec la Chine a atteint, au terme des cinq mois de 2016, le record de 1,500 milliard de dinars, alors qu’il avait totalisé 3,500 milliards de dinars en 2015.

La Chine à elle seule, représente à fin mai 30% du déficit total de notre commerce extérieur

Cela pose le problème aigu de l’équilibre des échanges commerciaux bilatéraux entre les deux pays : la Chine devrait acheter nos produits pour compenser ne serait-ce qu’une partie de ce déficit, sinon elle pourrait investir dans des projets industriels en Tunisie.

Les dérapages et dysfonctionnements de notre commerce extérieur sont multiples et méritent de la part des autorités publiques des investigations approfondies en vue d’y mettre fin.

Il faudrait se rendre à l’évidence que notre pays a perdu une grande partie de ses ressources en devises en raison de la crise du tourisme et de la paralysie du secteur des phosphates.

Les recettes touristiques ont baissé de 42% en 2016 par rapport à 2015.

L’approfondissement du déficit de notre commerce extérieur est la principale source de l’effondrement du dinar que nous devons préserver coûte que coûte.

Nous ne pouvons pas réduire les importations des denrées alimentaires de base comme les céréales ni restreindre les importations de biens d’équipements, ni des matières première ou de pièces de rechange : il ne reste plus que la rationalisation des importations de biens de luxe.

En conséquence nous devons rationaliser nos importations pour éviter que la chute du dinar ne se transforme en véritable effondrement, ce qui pourrait engendrer une spirale inflationniste grave et incontrôlable.

Le gouvernement devrait donner un sérieux coup de frein aux importations des produits de luxe : cosmétiques, bijoux, parfums, prêt à porter, chaussures, voitures de luxe et tout ce qui peut concurrencer les produits tunisiens.

En outre, nous devons activer les instruments nécessaires au développement de nos exportations, notamment la diversification des marchés mais aussi la multiplication des encouragements au profit des exportateurs qui en ont  bien besoin.

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