Conférence de Mehdi Jomâa

Entre promesses annoncées et actions entreprises

 

«Il n’y a pas de place pour le terrorisme en Tunisie» souligne Mehdi Jomâa, lors de la conférence qu’il a tenue à l’occasion des 100 premiers jours de son gouvernement. Plusieurs points ont par ailleurs été évoqués, dont ceux stipulés par la feuille de route au sujet desquels le Premier ministre est critiqué. Élections, sécurité, démarches d’austérité, révision des nominations, etc. Retour sur une conférence tant attendue.

 


Outre les difficultés économiques et le flou politique, ce sont surtout les deux assassinats politiques et les embuscades terroristes ayant coûté les vies aux agents de la sécurité nationale qui ont fait chuter le gouvernement d’Ali Laarayedh et ont abouti au gouvernement de technocrates.

Le volet sécuritaire a alors été parmi les points les plus importants évoqués lors de la conférence du Premier ministre, Mehdi Jomâa. Création d’un pôle de lutte contre le terrorisme, incitation des citoyens à jouer un rôle dans cette lutte, poursuite de l’étroite collaboration avec l’Algérie, élaboration d’un plan pour optimiser la sécurité sur les frontières avec la Libye… Mehdi Jomâa a affiché lors de la conférence un volontarisme plutôt rassurant concernant la sécurité des frontières et la lutte contre le terrorisme. Sur le point de la sécurité intérieure se rapportant aux Ligues de protection de la Révolution et les agressions qu’elles commettent, Mehdi Jomâa, jusqu’ici critiqué pour ne pas avoir traité sérieusement le dossier, a annoncé que l’affaire est devant la justice qui tranchera le 26 mai prochain. La Révolution sera protégée par l’État a-t-il assuré.

Au bout de 100 jours, Mehdi Jomâa est également critiqué à cause des nominations qu’il n’a pas encore révisées et ce point n’a pas été omis lors de la conférence pendant laquelle il a promis de changer les directeurs de cabinets, les gouverneurs, les premiers délégués, les secrétaires généraux des gouvernorats, les responsables au sein des municipalités et même les omdas. 

Ainsi, le Premier ministre a souligné deux volets importants pour l’organisation des élections, qui, rappelle-t-on, constituent la principale mission de son gouvernement, à savoir la sécurité et la neutralité de l’administration. Il a d’ailleurs réitéré son intention de tenir les élections avant la fin de 2014.

Mehdi Jomâa a aussi évoqué la nécessité de remédier au déséquilibre de la balance commerciale, de combler les besoins de l’État qui s’élèvent à milliard et demi par an et de changer le modèle économique en l’orientant vers l’investissement. Le Premier ministre a souligné l’importance de trois axes : la loi des Finances complémentaire, la loi des Finances 2015 et le contrôle de la compensation qui doit aller à ceux qui en ont vraiment besoin. Pour redresser la barre, Mehdi Jomâa a aussi promis de combattre le commerce parallèle et de réviser le régime forfaitaire dans le cadre de la réforme de la fiscalité.

Selon le Premier ministre, le taux de croissance est de 2.8%, la production du phosphate est en progression et la saison touristique s’annonce réussie. Il a par ailleurs évoqué les pertes qu’a subies la Tunisie dans le secteur du phosphate, évaluées à 3 milliards de dinars pour les trois dernières années. Le Premier ministre a aussi annoncé un dialogue économique rassemblant plusieurs experts afin de trouver une issue à la situation économique en Tunisie.

Et même si le gouvernement est de transition, Mehdi Jomâa a annoncé élaborer des plans de longue durée, ainsi le secteur bancaire sera réformé en se basant sur un programme de deux à trois ans. La loi relative aux marchés publics sera elle aussi réformée. Dans l’immédiat, le Premier ministre a annoncé la réactivation de 400 projets, jusqu’ici suspendus et de 800 micro-projets.

Des mesures d’austérité ont été adoptées par le gouvernement, à savoir la diminution des bons de carburants et la réduction du nombre de véhicules administratifs.

 

La paix sociale

Mehdi Jomâa a aussi annoncé la mise en place de trente-trois accords signés entre l’UGTT et les anciens gouvernements, ainsi que l’activation du contrat social. Néanmoins et tout en parlant des conditions offertes par son gouvernement afin d’améliorer les conditions des salariés et d’instaurer la paix sociale, Mehdi Jomâa a lancé un appel au travail en évoquant l’importance de la productivité comme moyen pour baisser et contrôler les prix. Il a par ailleurs exprimé son insatisfaction par rapport au taux d’inflation bien qu’il soit passé de 6,4 à 5,2%.

Mehdi Jomâa a également évoqué l’emprunt national, lancé le 12 mai dernier et auquel ont souscrits les ministres et les hauts responsables de l’État à hauteur de 10% de leurs salaires. Les citoyens sont aussi appelés à y participer, l’objectif étant de collecter 500 millions de dinars qui viendront garnir les caisses de l’État.

Hajer Ajroudi

 

 

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