Le soutien de la France à la Tunisie postrévolutionnaire commence peu à peu à se concrétiser. Le bilan s’impose, un an après la visite du président français, François Hollande. L’exercice s’est fait dans le cadre d’un Forum tuniso-français visant à soutenir la relance économique en Tunisie.
Et c’est justement l’économique qui prime dans ce bilan de dix-huit pages. En effet, lors d’une conférence de presse organisée dans ce cadre, l’ambassadeur de France, M. Francois Gouyette, a insisté sur le volet économique. Les trois premiers grands projets de coopération viennent d’être adoptés par l’Assemblée nationale constituante. «Une étape importante qui vient d’être franchie et qui permettra finalement la mise en œuvre de ces projets» a annoncé l’ambassadeur. Selon lui, ces projets sont majeurs pour le développement économique en Tunisie. Essentiellement infrastructurels, il s’agit de l’acquisition d’un matériel roulant destiné au Réseau Ferroviaire Rapide (RER), du projet de rénovation, de la régulation des ports de Rades, de la Goulette et de Bizerte et du réseau ferré dans la région de Gafsa. Ce dernier projet contribuera à la relance du bassin minier de Gafsa en berne depuis quelque temps et permettra de diviser par cinq le coût du transport de la tonne de phosphate par camion estimée à 24 dinars. Ces trois projets font partie d’une enveloppe de 345 millions d’euros, le total des prêts et dons exceptionnels du trésor français destinés à la Tunisie. Selon M. Gouyette, cet effort supplémentaire a été supporté par l’Agence française de Développement (AFD), principal opérateur de la France en matière de financement du développement. «D’ici la fin de 2014 il est prévu de porter son niveau d’engagement jusqu’à 120 millions d’euros dans des projets qui correspondent aux besoins prioritaires de la Tunisie», a ajouté l’ambassadeur de France. La Tunisie demeure ainsi la première bénéficiaire de la politique de financement de l’AFD.
La conversion des créances
Un an après que François Hollande ait annoncé la conversion de 60 millions d’euros de dette en investissements privés, rien n’a été encore entrepris. L’argent n’est pas encore débloqué, car les deux parties viennent juste de finir l’étape de l’identification des secteurs dans lesquels l’investissement aura lieu, à savoir la santé, l’agriculture et l’environnement. Techniquement, l’action prendra du temps entre le repérage des projets et l’établissement des conditions de conversion de la dette. Une fois que l’accord bilatéral sera signé, les investisseurs pourront se présenter munis de leurs projets et s’engager à investir le montant de la dette. Les projets seront soumis à un comité d’approbation essentiellement tunisien. Bien que le montant de la conversion soit modeste par rapport au total de la dette tunisienne, ce qu’il faut retenir selon François de Charrette, adjoint économique de l’ambassadeur de France, c’est la symbolique de l’acte, un message de confiance que la France a voulu transmettre aux investisseurs. Sur les 1.300 entreprises françaises implantées en Tunisie s’ajoutent récemment deux entreprises mobilisant un montant d’investissement de 26 millions d’euros, dont l’enseigne BIC dans la région de Bizerte. L’investissement français demeure timide. Il attend que la situation s’éclaircisse avec les élections et l’adoption du projet de loi sur le partenariat privé- public qui tarde à venir. L’un des projets qui attendent l’approbation de cette loi, la concession de l’aéroport d’Enfidha, intéresse grandement les investisseurs français. Par ailleurs, le fonds d’investissement de 20 millions d’euros conjoint entre les deux Caisses des dépôts et de consignations tunisienne et française n’est pas encore lancé à cause des formalités administratives au niveau tunisien. La coopération tuniso-française touche tous les secteurs d’activité, à savoir l’emploi, la formation professionnelle, la société civile, l’administration, l’enseignement, l’État de droit, les PME et les TIC.
N.J