L’Union pour la Méditerranée a choisi pour sa conférence économique un thème d’une actualité brûlante “Emploi et développement territorial” et la Tunisie, pays du Printemps arabe, pour annoncer une nouvelle initiative porteuse d’emploi et d’optimisme pour les jeunes.
Le sondage d’opinion sur l’emploi des jeunes en Tunisie réalisé par l’UPM, est révélateur de la crise, de l’inquiétude, mais est aussi porteur d’optimisme et de confiance en l’avenir.
De quoi s’agit-il et en quoi consiste cette initiative ? Un instrument concret capable de servir de levier à la promotion de l’emploi ou une simple théorie doublée de bons principes ?
Ministres de l’emploi, de la formation, des PME et de certains secteurs économiques, syndicats de patrons, responsables d’institutions financières des pays du Nord et du Sud, experts économiques et sociaux, de l’UE et des pays membres de l’UPM, responsables d’associations d’encadrement créateurs d’entreprises, etc., se sont réunis à Tunis sur invitation de l’Union pour la Méditerranée afin d’échanger leurs informations et leurs expériences sur les problématiques de la promotion de l’emploi, de la création d’entreprise, de l’investissement et de la croissance dans les quinze pays du sud de la Méditerranée pendant deux jours, les 17 et 18 septembre.
Défis de la rive sud de la Méditerranée
Dans son intervention, M. Fathallah Sijilmassi, Secrétaire général de l’UPM a évoqué les défis à relever par les pays membres de l’UPM pour faire face aux exigences de la croissance dans un contexte de crise financière mondiale, mais aussi de l’incitation à l’investissement, de la création d’emplois, notamment pour les jeunes, du soutien à apporter aux PME et de la compétitivité des économies du Sud à sauvegarder dans une économie mondialisée soumise à la concurrence.
M. Saïd El Aïdi, ex-ministre de l’emploi et de la formation professionnelle, MM Ali Larayedh, Chef du Gouvernement provisoire ainsi que Ridha Saïdi et Mehdi Jomaa, Ministre chargé des dossiers économiques et Ministre de l’Industrie respectivement ont intervenu au cours des travaux de la conférence.
Programme MED4JOBS
La méthodologie suivie dans la conception de MED4jobs repose sur le pragmatisme, la progression par étapes et sur le lien qui existe entre emploi et développement territorial.
Cette initiative repose sur trois piliers qui sont l’employabilité, l’intermédiation et la création d’entreprises.
Tous les jeunes et moins jeunes qui sont porteurs de projets concrets doivent s’adresser à l’UPM, tout comme les gouvernements.
Il s’agit d’un vecteur d’une nouvelle impulsion en faveur de la promotion d’emplois et de création d’entreprises.
Selon le Secrétaire général de l’UPM, MED4jobs est une initiative régionale développée par le secrétariat de l’UPM pour contribuer à faciliter la création d’emplois dans les pays du sud méditerranéen à travers l’identification et la diffusion des meilleures pratiques existantes et à travers l’émergence d’opportunités visant à combler le fossé entre offre et demande d’emplois.
La conférence a réuni partenaires stratégiques et acteurs de premier plan à tous les niveaux. C’est une plate-forme de réflexion sur les problématiques et les stratégies à mettre en œuvre ensemble ou séparément pour faire face à cette priorité. Cette initiative repose sur trois axes majeurs. Améliorer l’employabilité, car les formations sont souvent en décalage avec les besoins des entreprises et des secteurs économiques qui sont les recruteurs.
Favoriser l’intermédiation entre demandeurs d’emplois et institutions d’employeurs, ce qui implique une circulation appropriée des informations, réduction des coûts, mise en place de technologies de communication avancées et de nouveaux concepts.
Lier l’emploi à la promotion de projets économiques locaux et régionaux, implique des stratégies de développement et d’investissement pour lutter contre la pauvreté et la marginalisation des zones intérieures.
Il y a enfin l’incitation à la création d’entreprises et au développement des PME. C’est pourquoi l’UPM est disposée à encadrer, à contribuer au financement et à l’accompagnement de 50 start-up dans les années à venir en Tunisie. Les promoteurs doivent donc approcher le secrétariat général de l’UPM dans ce but.
Conscience de crise mais confiance et optimisme
Le sondage d’opinion réalisé par Pascal Chelala à titre du bureau d’études (TNS opinion) pour le compte du baromètre de la politique de voisinage de l’UE sur le thème de l’emploi des jeunes en Tunisie, sur un échantillon représentatif de 1000 jeunes en Tunisie, est éloquent des réalités de l’emploi et du chômage.
Disons tout d’abord que cette enquête est récente, car elle s’est déroulée en Tunisie en juin et juillet 2013 dans toutes les régions du pays, sans distinction de sexe ou de classe sociale.
Ensuite, cette enquête a été complétée par un suivi des publications faites par les médias classiques et celles des médias sociaux en même temps.
Il en résulte qu’un citoyen sur cinq est touché par le chômage, problème plus grave chez les femmes que chez les hommes. 44% des enquêtés, soit près de la moitié, restent optimistes et estiment que la situation de la crise et le problème du chômage vont se résorber dans les deux ans à venir. La crainte des Tunisiens de perdre leur emploi est moins élevée que dans les pays du sud de l’Europe. Les incertitudes les plus prononcées existent chez les jeunes et parmi les interviewés les plus instruits en particulier dans le centre du pays (Sousse, Kairouan). Cependant plus des deux-tiers sont bien décidés à lutter pour pouvoir garder leur emploi dans les mois à venir.
En cas de perte d’emploi, 30% s’engageraient pour le même type d’emploi, mais sont disposés à une mobilité qu’elle soit territoriale ou sectorielle.
Les trois-quarts n’ont jamais sollicité une agence pour l’emploi pour décrocher un poste, même si la plupart des gens en Tunisie connaissent le rôle de ces agences. Les Tunisiens estiment que l’expérience professionnelle et le niveau de qualification sont les deux facteurs clés pour trouver un emploi.
La majorité des interviewés ne croient plus en l’emploi à vie, la durée moyenne d’un emploi chez un même employeur ne dépasse pas cinq ans.
79% des Tunisiens sont conscients de l’existence d’une crise économique, mais 63% estiment que la situation financière du ménage est bonne. 46% de la population active est inquiète pour son emploi, mais est prête à lutter pour conserver son emploi.
Cependant, 68% pensent qu’ils pourront sauvegarder leur emploi dans les mois à venir. Même en cas de perte d’emploi, 50% pensent qu’ils pourront retrouver un emploi dans les prochains mois.
En ce qui concerne l’entrepreneuriat, 49% pensent qu’il est facile de créer une entreprise comme alternative à la recherche d’un emploi rémunéré alors que 50% ne le pensent pas. Les deux-tiers connaissent les procédures alors que 50% n’osent pas sauter le pas.
Pour ce qui est de l’importance des qualifications professionnelles, 32% estiment que la connaissance des langues est essentielle pour trouver un emploi. Ce qui est surprenant, c’est que 4% seulement ont suivi une formation appropriée pour cela, il y a là une défaillance de taille à laquelle il faut remédier.
Le travail à l’étranger n’est pas considéré comme une option populaire en la matière. La majorité des interviewés considère que 20% des salariés ne sont pas légalement déclarés et que le travail dans le commerce parallèle est un choix délibéré pour les uns, une obligation pour les autres et découle du manque de contrôle.
La majorité estime que l’UE contribue à l’amélioration de l’emploi en Tunisie.
Un plan d’action en faveur de la promotion du système de la formation professionnelle s’impose pour favoriser l’emploi.
Ridha Lahmar
Les grands projets structurants de l’UPM
Installée à Barcelone depuis 2010, l’Union pour la Méditerranée est dotée d’un secrétariat général actif. Il a mis au point cinq projets :
Le plan solaire méditerranéen
La lutte contre la pollution de la Méditerranée
Les autoroutes de la Mer
La consolidation de l’université Euro-Médit et le développement de la recherche et des échanges d’étudiants.
L’encouragement et le développement des PME.