Est-ce la fin des turbulences ?
La date du congrès constitutif du mouvement Nidaa Tounes a été fixée au 15 juin. Le président du parti et le Secrétaire général y seront élus. La décision d’organiser le congrès et les élections du mouvement arrivent dans un contexte marqué par les dissidences ainsi que par des critiques formulées de l’intérieur comme de l’extérieur. Béji Caïd Essebsi, fondateur et président du parti, a réagi en déclarant que son fils, Hafedh Caïd Essebsi, n’est pas son héritier au parti.
Rétablira-t-on la confiance et calmera-t-on les esprits avec le concours de la légitimité des urnes ?
Certains observateurs prédisent l’explosion, d’autres parlent de turbulences. Les membres vont jusqu’à signer des pétitions et d’autres menacent de boycotter le congrès qui semble pourtant être la planche de salut du mouvement.
La vague de pétitions a été suscitée par la décision de Béji Caïd Essebsi de nommer son fils, Hafedh Caïd Essebsi, à la tête de l’administration du parti avant de déclarer lui-même être contre l’hérédité en politique. La méfiance à l’encontre de ce qui semble alors être un double langage s’est vite installée. Il y a quelque temps par ailleurs, Hafedh Caïd Essebsi était à la tête de la commission des structures, dissoute justement par le fondateur du parti à cause des divergences qui y existaient. Une autre direction a été ensuite instaurée et Hafedh Caïd Essebsi est revenu au premier rang en étant nommé à sa tête. Une affaire qui a attisé les dissidences au sommet de la pyramide avec la position hostile à la nomination du Secrétaire général de Nidaa Tounes, Taïb Baccouche qui n’est pas le seul à exprimer cette position.
La pétition en question a été signée par 5.000 membres exprimant leur désapprobation de l’image empreinte de dissidences et de discorde donnée par leurs dirigeants. Remise aux mains du fondateur Béji Caïd Essebsi avant que la date du congrès ne soit annoncée, la pétition pourrait être l’un des éléments ayant suscité la décision de l’organiser le 15 juin.
Mais cette décision a été critiquée par le directeur exécutif Ridha Belhaj, qui a entre autres considéré que la décision n’a pas été le fruit d’un débat approfondi.Il a par ailleurs expliqué que l’élection d’un comité de direction par le Conseil national n’était pas légitime puisqu’une commission non élue ne pouvait élire un autre organe. La mesure semble être ainsi anti-démocratique, selon Ridha Belhaj, qui l’a par ailleurs qualifiée comme potentielle source de clientélisme.
Contre le fils…
Le Secrétaire général de Nidaa Tounes, Taïb Baccouche, proche du directeur exécutif Ridha Belhaj, s’oppose de plus en plus à Hafedh Caïd Essebsi, créant ainsi deux camps opposés. En comptant sur la présence de plusieurs tendances au sein du mouvement, entre destouriens, Rcdistes, militants de gauche et aussi de droite, nationalistes ou autres, les divisions l’emportent sur la concorde.
L’intégration au sein de Nidaa Tounes de personnalités notoires du RCD, comme Mohamed Gheriani nécessite pourtant plus que jamais la conservation de l’aile gauche, autrement, le mouvement n’aura plus de chance d’être crédible auprès de l’ électorat populaire, notamment dans les régions traumatisées par les injustices de l’ancien parti au pouvoir, le RCD. Mais en même temps, la machine Rcdiste est la mieux équipée en Tunisie pour affronter les élections et la campagne électorale. Sa performance lui a d’ailleurs valu la convoitise de plusieurs partis, Ennahdha entre autres.
Les divergences alimentant les luttes de positionnement des uns et des autres au sein de Nidaa Tounes.
Nidaa Tounes connaîtra-t-il l’implosion à quelques mois des élections ? La pétition sera-t-elle suivie par une série de démissions ? Il semble que quelques personnalités dirigeantes pourraient être sacrifiées afin de sauver l’essentiel et réinstaurer un minimum de cohésion.
Hajer Ajroudi