C’est sans doute sous haute tension que la 42ème session du Conseil de la Choura d’Ennahdha a commencé ce samedi 8 août 2020 à Hammamet. Les membres du Conseil vont débattre des questions nationales et, aussi, du prochain congrès du parti islamiste. Il faut dire, ces derniers temps, que rien ne va plus à Ennahdha.
Vendredi 7 août 2020, le parti a été secoué par la démission de Habib Khedher de la présidence du cabinet de Rached Ghannouchi. Certaines rumeurs et certains députés, à l’instar de Safi Saïed, stipulent que le Cheikh Ghannouchi envisagerait lui-même de partir de la présidence de l’ARP (Assemblée des Représentants du Peuple). Une fonction qu’il assure malgré toutes les controverses qu’il a suscitées.
Rached Ghannouchi persona non grata pour la présidence d’Ennahdha ?
D’un autre côté, la place du Cheikh à la tête d’Ennahdha semble elle-même contestée par la jeune génération nahdhaoui. Les frondeurs, même si la discipline du parti leur impose un calme remarquable, sont toujours là – Abdelatif Mekki, Lotfi Zitoun, Mohamed Ben Salem… -, mais nul doute qu’ils souhaitent voir le Cheikh partir, d’autant plus que ce dernier a été fragilisé en raison des nombreuses gaffes et polémiques qu’il a provoquées, notamment le dépassement de ses prérogatives en tant que président de l’ARP.
Autre élément à prendre en considération : c’est avec un très faible nombre de votes favorables que le Cheikh a été reconduit à la tête de l’ARP le 31 juillet 2020, lors de la plénière consacrée à la motion de censure. Les résultats du vote ont été contestés, chose que l’on ne peut que trop comprendre. 18 bulletins ont été annulés et le nombre de votes défavorables à Rached Ghannouchi était bien supérieur à celui des votes favorables. Et pourtant, le Cheikh est resté et Ennahdha a pris cela pour une victoire, mais une victoire au goût d’une défaite.
Dans tous les cas, nul doute que la 42ème session du Conseil de La Choura sera, au moins, différente des autres compte tenu de tous les éléments que nous venons d’évoquer. Le sort du Cheikh sera sans doute au cœur des débats, que ce soit à la tête de l’ARP ou d’Ennahdha.
F. K