Toute participation politique structurée possède, à n’en pas douter, ses références et ses repères propres. Elle a aussi ses objectifs et ses visées. Il ne fait aucun doute, non plus, que ces références, dont notamment les attaches civilisationnelles, culturelles, religieuses et identitaires, constituent le point de départ et le point d’arrivée de toute participation politique. C’est que tous les partis, institutions et structures se fondent dans leur mode de participation politique sur de telles références. Mais, à présent, avec la globalisation croissante de la mondialisation, il devient évident que tout ce qu’on tenait pour être des références inébranlables sont ruinées. La participation individuelle s’en est débarrassée. La participation institutionnelle s’est elle aussi libérée du joug de ces références traditionnelles qui l’entravaient.
Alors, peut-on dire que la participation politique se fonde encore sur la religion, les idéologies, l’identité ou l’ethnie par exemple ? Le temps des constantes et des repères fixes n’est-il pas à jamais révolu ?
Il suffirait d’observer les mutations dans les vieilles démocraties occidentales pour se rendre compte que les partis politiques s’orientent de plus en plus vers la formulation de nouvelles références afin de polariser, de motiver et de stimuler la participation politique. Ces nouvelles références, ce sont les programmes !
Mais la question qui se pose à ce niveau est la suivante : ces programmes deviendront-ils un jour des constantes ?
Cela ne risquera jamais d’arriver, parce que les programmes sont changeants. C’est ce qui oblige les structures politiques à toujours proposer de nouveaux programmes, selon les aléas des circonstances et les aspirations de la base populaire, car les individus ne sont guère plus intéressés par les surenchères théoriques et les luttes idéologiques ou sectaires autant que par la rentabilité, la croissance et leur pouvoir d’achat. Nous avons remarqué, dans les démocraties occidentales, à quel point le taux d’électeurs indécis, ceux qui attendent les dernières minutes pour trancher, est élevé. La raison en est uniquement qu’ils préfèrent approfondir leur étude des programmes électoraux proposés, afin que leurs choix correspondent à leurs aspirations.
A partir de là, il devient possible de soulever quelques interrogations :
Jusqu’à quel point est-il possible de profiter de ces changements d’orientation dans la reformulation des méthodes de participation politique individuelle et collective ?
Y a-t-il une relation entre ces mutations et la disparité des attitudes individuelles et collectives à propos des questions de démocratie, de justice sociale, de Droits de l’Homme et de libertés ?
Ces questions nécessitent des réponses claires, afin de préciser le point de vue qu’on doit adopter et la méthode qu’on doit suivre.
C’est là qu’apparaît aussi l’importance de la concorde, ce consensus autour d’un ensemble de principes et de procédures censés développer la participation politique individuelle et institutionnelle. C’est qu’il s’agit d’un consensus de programmes et d’objectifs et non d’un consensus de régions, d’obédiences, de croyances ou d’ethnies, comme c’est le cas dans certains pays qui ont sombré dans les marécages du chaos.
Certains chercheurs parlent ainsi de cette forme de participation chaotique et de la nécessité de s’y opposer. Mais cela ne sera possible qu’à travers des programmes consensuels clairs. Ils parlent aussi de l’infiltration des mouvements intégristes, avec leurs programmes moyenâgeux et de la nécessité de les affronter. Là encore, cette confrontation ne se fera, dans les différentes sociétés, qu’à travers un dispositif complet de consensus national, car il n’est pas possible de libérer la religion et l’identité de l’étreinte des mouvements groupusculaires sans renforcer le consensus national et reformuler les références en concordance avec les événements et les nouvelles données géopolitiques qui modulent les sociétés et le monde.
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