L’organisation Médecins Contre la Dictature a proposé de remplacer la peine de prison pour consommation de drogues par l’accomplissement du service militaire.
Abdessalem Hamdi, l’un des membres de l’initiative « Le prisonnier inconnu », a exprimé sa position par rapport à une telle proposition en rappelant les objectifs de l’initiative, dont la lutte contre la restriction des libertés personnelles et publiques comme la consommation des drogues.
Abdessalem considère alors que l’idée de remplacer la peine de prison pour consommation de drogues par l’accomplissement du service militaire, vient confirmer le classement des consommateurs de drogues comme criminels qui devraient être pénalisés. « La condamnation est certes allégée, comme l’indique la proposition de l’Organisation Médecins contre la Dictature, mais sous-entend diverses autres significations », indique Abdessalem.
D’un autre côté, il explique que le fait de considérer les consommateurs de drogues comme malades et de les intégrer dans des centres de désintoxication au cours de l’accomplissement du service militaire est une sorte de dévalorisation de l’institution militaire.
« Je trouve simplement que la consommation de drogues est un comportement normal qui ne nécessite pas de sanction ni d’être considéré comme crime. L’application de la loi contre les consommateurs n’est valable qu’en cas de dégâts causés par ces derniers ou d’agressions de tiers. », précise-t-il.
Abdessalem finit par appeler à l’annulation de la loi 52 et à la surveillance des réseaux de contrebande et des grands dealers de drogues.
De son côté, l’activiste Wael Ounifi, considère que, d’une manière générale, la proposition est acceptable et reste meilleure que d’opter pour la peine de prison, une punition privatrice de liberté, accompagnée d’une amende. « En plus, c’est une proposition qui servirait l’intérêt public », indique-t-il.
Wael précise que « par contre, il faudrait tenir compte de la possibilité d’infiltration d’éléments terroristes dans l’institution militaire, au cas où cette proposition serait mise en oeuvre par l’Etat ». Il finit par rejoindre l’opinion de Abdessalem en disant qu’il ne faudrait tout de même pas considérer la consommation de drogues comme crime et que l’Etat devrait plutôt penser à subventionner les centres de désintoxication et d’en installer d’autres au lieu d’encombrer les prisons inutilement.
Face à cette proposition de l’Organisation Médecins contre la Dictature, les opinions divergent, mais se rejoignent, pour rejeter l’idée de soumettre les consommateurs de drogues à une loi restrictive qui les classe comme criminels.
L’Etat, prendrait-il en considération une telle proposition en vue d’alléger la pénalisation des consommateurs de drogues en Tunisie?
Afef Toumi