Comment réagir de façon constructive et rebondir de façon positive, suite à un drame humain et à une catastrophe sécuritaire susceptible d’être fatale non seulement pour la saison et le tourisme en général, mais aussi pour les investissements extérieurs ? Difficile de concevoir à chaud une stratégie de relance, d’autant plus que l’image de notre pays a souffert et que nous sommes à un moment décisif des réservations pour la haute saison estivale prochaine.
Première consolation et signe annonciateur du beau temps au milieu de la tempête : la réaction positive de différents pays et chefs d’Etat étrangers qui ont témoigné leur solidarité, leur confiance et leur appui à notre pays en ces moments difficiles. La société civile, a suivi dans le bon sens pour affirmer “je suis Bardo” ou bien “je suis Tunisien” ou encore “la Tunisie restera debout”.
Il y a donc un terrain propice pour renverser la vapeur. Mais comment regagner la confiance des candidats aux vacances et celle des tour-opérateurs soucieux, de façon légitime, de la sécurité de leurs clients et les convaincre de venir en masse en Tunisie cet été ?
Au delà de la nécessaire sécurisation, efficace et professionnelle de tous les sites touristiques, édifices et lieux publics, il faut faire beaucoup mieux que sauver la saison touristique. Redéployer et renforcer le développement du secteur.
Il y a, quand même, une retombée positive, c’est que le musée du Bardo, qui recèle la plus grande collection de fresques et mosaïques romaines au monde et qui a bénéficié d’une restauration –rénovation – mise à niveau, pilotée par Le Louvre et financée par la Banque mondiale récemment pour 8 MD, est devenu célèbre à travers le monde. “Le Louvre tunisien” doit devenir le point focal d’une relance puissante et vigoureuse du tourisme culturel.
Nous devons capitaliser sur cette réputation. Cette renommée – pourquoi pas – doit faire briller de mille feux l’image du tourisme tunisien en focalisant sur le tourisme culturel.
Il faut dire que notre pays recèle tous les ingrédients nécessaires pour la mise en œuvre d’un tourisme culturel riche, diversifié, attractif, pourvoyeur de recettes fructueuses, destiné à une clientèle haut de gamme avec deux avantages très motivants pour notre pays.
Il est d’abord opérationnel toute l’année, donc très rentable pour l’hôtellerie et les transporteurs aériens mais, ensuite, il concerne aussi bien les villes du littoral que les régions intérieures du pays où se trouvent 70% des sites archéologiques.
Cela permet de corriger aussi bien l’effet de saisonnalité du tourisme balnéaire que contribuer au développement régional des zones intérieures.
Il y a bien sûr des actions de communication à entreprendre de suite sur le plan international : une campagne de promotion de l’image outre les invitations de journalistes et de tours-opérateurs à visiter le pays pour prendre acte de la sécurité des sites, l’hygiène de l’environnement et de la paix sociale. Il faudrait aussi organiser des événements festifs, des actions d’éclat bien médiatisées.
En coopération étroite avec certaines institutions internationales spécialisées comme l’UNESCO, l’organisation mondiale du tourisme et l’organisation mondiale des musées, nous pouvons mettre au point rapidement une stratégie de développement du tourisme culturel. Certains pays ayant une expérience réussie en la matière, peuvent apporter leur expertise technique comme l’Italie, la France et l’Espagne.
Le tourisme culturel comporterait la mise en valeur des sites archéologiques et monuments historiques, la confection de guides et de cartes routières appropriées, la conception de circuits culturels et historiques à thèmes, la création de relais, restaurants et auberges à proximité immédiate des sites archéologiques.
Des industries culturelles doivent prospérer à cette occasion.
La création d’un fonds pour le financement du tourisme culturel est nécessaire, ouvert à des dons provenant de fondations culturelles et institutions financières internationales.
Il s’agit de faire échec au terrorisme qui frappe partout en France comme en Tunisie. C’est un défi à relever, c’est la réponse qu’il convient d’apporter grâce au tourisme international. Le terrorisme étant implanté dans la région pour un bon moment, nous devons adopter une stratégie plus efficace de lutte contre ce fléau à l’avenir mais aussi savoir comment coexister avec lui en déployant une stratégie et des activités touristiques pérennes, à moyen terme, plutôt que de sauver des saisons à la va-vite après chaque événement sécuritaire.