Coopération régionale : Un vecteur de croissance et de développement

Par Bechir Ben Mohamed

La dynamique de la coopération financière régionale semble aller bon train. La dernière réunion de la ministre de l’Economie et de la planification, Feriel Ouerghi, avec le directeur du Bureau régional de la Banque africaine développement (BAD) Mohamed El Azizi, pour l’Afrique du Nord doit être de bon augure si l’on songe à l’ampleur des besoins de financement des comptes publics et extérieurs du pays.

 L’entrevue a porté sur la marche de la coopération entre la Tunisie et l’Institution panafricaine et les projets de développement objet d’appui potentiel de la banque en 2024, ainsi que les domaines prioritaires de partenariat inscrits dans le document stratégique de coopération bilatérale pour la période 2024-2028, indique le communiqué du ministère de l’Économie et de la planification.
La même source a précisé que la demande de la Tunisie concerne le financement des secteurs de l’eau, de l’assainissement, de la lutte contre le changement climatique, de l’agriculture, du transport, du développement humain, de la compétitivité et de l’environnement des affaires. Il était également question de passer en revue l’état d’avancement du projet de Banque d’entrepreneuriat des jeunes en Tunisie, en sus de programmes d’appui à la filière des céréales, l’autonomisation économique des jeunes et la modernisation de l’infrastructure routière et du secteur privé.
Dans ce cadre, une convention de financement valant près de 92 millions d’euros ou 276 millions de dinars a été signée avec la BAD aux fins de promouvoir la qualité des eaux usées en relation avec la lutte contre le changement climatique. Ce qui fait augmenter la valeur des engagements de la banque dans le secteur de l’eau potable et l’assainissement à plus de 400 millions d’euros depuis 2011, contribuant ainsi à l’amélioration des conditions de vie dans plusieurs zones défavorisées et au renforcement du secteur agricole. 

De l’importance de l’appui budgétaire multilatéral
La coopération multilatérale a toujours représenté le point fort de la coopération financière de la Tunisie. Cette coopération se manifeste au travers des appuis budgétaires et des prêts directs aux projets de développement
Le dernier rapport 2024 du ministère des Finances sur la dette publique indique que l’encours de la dette multilatérale, dont la BAD, s’élève à 60% de la dette extérieure publique.
La Banque mondiale, le Fonds monétaire international et la Banque africaine de développement figurent toujours en tête des financeurs de la Tunisie au plan multilatéral avec respectivement une quotepart de 30.8%, 21.1% et 18.8%.
L’enveloppe des prêts, sous forme d’appui budgétaire au budget de l’Etat en 2024, s’élève à 14470 millions de dinars, soit la moitié de l’ensemble des ressources d’emprunt (28 188 millions de dinars). Cette catégorie d’appui provient pour l’essentiel des bailleurs multilatéraux.
Le plus important réside dans le caractère concessionnel de la dette multilatérale de par la vocation de développement des institutions financières régionales et internationales. C’est grâce à la dette multilatérale que la charge d’intérêt moyenne de la dette publique en général est sous contrôle, contrairement aux idées reçues.
Eu égard à ces considérations, la promotion de la dette extérieure multilatérale est impérative. Il est grand temps de « normaliser » la dynamique du « bon » financement extérieur. 

De la nécessité de renforcer la programmation financière
Si les opportunités de la coopération financière multilatérale, notamment régionale, sont larges et si les effets d’entraînement de l’appui extérieur sont certains, il importe d’aménager les conditions idoines pour fortifier la capacité du pays à mobiliser suffisamment de ressources au développement.
Premièrement, il importe « d’assouplir » la condition de « souveraineté » nationale afin de saisir de réelles opportunités de financement, de coût et d’appui technique des bailleurs surtout multilatéraux, dont la philosophie est de soutenir le développement humain.
Deuxièmement, il faut maîtriser les priorités du développement socioéconomique et cibler les secteurs qui apportent de la valeur au niveau de vie, cadre de vie et qualité de vie. La maîtrise des stratégies et programmes de développement est une condition nécessaire pour consolider la position du pays dans les négociations avec les bailleurs et partenaires étrangers.
Troisièmement, il s’agit de hisser la gouvernance de l’investissement public et des réformes. Cela signifie qu’il faut bien sélectionner les projets à soumettre au financement extérieur, bien préparer les études de faisabilité des projets de développement, bien concevoir les actions de réforme et surtout bien coordonner entre les administrations publiques. Autrement dit, il faut bien préparer ses dossiers pour convaincre.
C’est seulement à ces conditions que le pays pourrait à la fois préserver ses intérêts, voire sa souveraineté et saisir les opportunités d’intégration extérieure et régionale offertes.
Le soutien à la coopération financière multilatérale, notamment régionale, s’avère nécessaire non seulement pour renflouer les caisses du Trésor à des conditions favorables en ce contexte de disette, mais surtout apporter des réponses concrètes aux besoins de développement durable présent et futur de la Tunisie.

Faut-il, pour autant, revoir certaines positions et normaliser les politiques de coopération régionale et internationale.

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