Incursion dans la Technopole de Borj Cedria réalisée grâce à l’appui nippon
Le premier projet de coopération signé entre la Tunisie et le Japon à travers l’Agence japonaise de coopération internationale (JICA) remonte à 1976. Pendant 40 ans, la JICA a octroyé à la Tunisie des financements estimés à près de 5,7 milliards de dinars (3 milliards de dollars). Ces ressources ont ciblé plusieurs secteurs importants dont l’électricité, le transport et les eaux. En 2015, quatre ans après la Révolution, la JICA reste animée de la même détermination en soutenant la transition politique et économique de la Tunisie.
L’ambassadeur japonais, M. Juichi TAKAHARA, a partagé avec les hauts responsables tunisiens, ce success story de la coopération tuniso-japonaise. Le bureau de la JICA en Tunisie fête 40 ans d’existence dans notre pays. Le représentant résident de la JICA, M. Atsushi ASANO a convié également les journalistes à une visite à l’un des 41 projets réalisés par la JICA, la technopole de Borj Cédria. Le travail de l’agence n’était pas de tout repos face aux différences culturelles qui existent entre les deux pays. Malgré cela, les projets initiés sont presque achevés, leur contribution au développement du pays n’en sera que plus grande.
La technopole de Borj Cédria, en chantier, mais opérationnel
Le jour de la visite, la météo, ces derniers temps capricieuse, nous accorda un répit rendant plus aisée la tâche de l’évaluation de l’avancement du projet de la technopole. Le beau temps nous a, surtout, épargnés de patauger dans un terrain encore marécageux et difficile d’accès. En chantier depuis des années, la technopole ne présente encore aucune allure particulière. A termes, et à voir de près sa maquette en 3D, présentée à l’entrée de la Direction générale, « la technopole de Borj-Cédria (TBC) sera un important espace dédié à la recherche développement, R&D, à la formation et l’enseignement technique, pouvant abriter des entreprises innovantes ou en favoriser la création .
La TBC sera un acteur principal dans la promotion des énergies renouvelables, du développement durable et des matériaux. L’objectif de la TBC est de stimuler et de développer, en Tunisie et particulièrement dans la région du Grand Tunis et du Cap Bon, la recherche développement et l’innovation dans le but de favoriser la création et l’épanouissement des entreprises innovantes ». Malgré le fait que la technopole soit encore en chantier, les prémices d’un avenir prometteur sont présentes.
Le centre de biotechnologie
Le centre de biotechnologie à la technopole de Borj-Cédria (CBBC) est spécialisé en biotechnologie végétale et développe des activités de recherche qui répondent aux besoins du secteur agroalimentaire, notamment. Le centre est appelé à rechercher de nouvelles variétés végétales adaptées au stress de la chaleur ou de la sécheresse. Il est également appelé à contribuer à l’amélioration des rendements des grandes cultures et des arbres fruitiers. Il aura pour mission de faciliter la mise en place d’entreprises innovantes dans la zone industrielle de la technopole afin de mieux exploiter les résultats des recherches développées au centre. A ce propos, le directeur du centre M. Chadli Ebdelli explique que le centre de biotechnologie a contribué à la gestion des déchets de la société Alkimia.
En effet, les sous-produits de l’industrie des détergents de cette société ont été valorisés en agronomie comme fertilisant grâce aux travaux et analyses approfondies effectuées par les chercheurs du centre de biotechnologie de Borj-Cedria. Outre l’impact environnemental, Alkimia a réussi à exporter ces déchets à l’étranger. Les chercheurs du centre peuvent utiliser des plantes ou associer d’autres composants pour purifier des sols contaminés par des métaux lourds ou des sels. Malheureusement, les recherches bien qu’innovantes et intéressantes restent dans le placard faute d’entrepreneurs capables de convertir ces recherches en projets concrets, pouvant créer des emplois et de la valeur ajoutée. Cela ne doit pas étonner outre mesure, quand on sait que trois unités seulement sont implantées dans la zone industrielle de Borj-Cedria.
Le centre de recherche et des technologies de l’énergie
Avant de prendre ses nouvelles lettres de noblesse de technopole, ce centre, jadis de physique et d’énergétique (CPE), a été depuis 1983, le premier noyau de recherche installé à l’Institut national de recherche scientifique et technique, (INRST) en 1983. De l’avis de son Directeur général, ce centre était depuis 1982 précurseur dans la création de panneaux photovoltaïques. Très vite, le projet à été étouffé au niveau du ministère de l’Industrie avec l’option prise d’importer des panneaux photovoltaïques allemands.
Aujourd’hui, le centre de recherche et des technologies de l’énergie espère commencer une nouvelle étape de son existence. Un nouveau local et de nouveaux équipements pour entamer la recherche dans le domaine de l’énergie. Mais tout n’est pas gagné d’avance, l’acquisition des machines, nous confie un professeur chercheur, reste entourée de doutes. Le ministère procède par appel d’offres national et international. Selon ce même chercheur, pour acquérir l’une des machines utilisées actuellement dans le centre, il a fallu près de trois ans pour que le choix se porte sur une entreprise connue d’avance et pour acquérir une machine peu performante et onéreuse.
La contribution de la JICA
La JICA a accordé un prêt de près de 127 millions de dinars, soit près de 75% du coût du projet de développement du parc scientifique de Borj-Cedria. L’objectif de ce projet est de développer la fonction de l’enseignement supérieur (espace universitaire) et de recherche- développement (espace d’innovation) au parc scientifique et technologique. Concrètement, ce prêt contribuera à la construction des espaces et l’acquisition des équipements. Le prêt de la JICA contribuera au programme de bourses d’études doctorales pour 29 doctorants dans les domaines de l’énergie, la biotechnologie, l’eau et l’environnement. L’apport du partenaire japonais est aussi technique. Jusqu’à cette année, 578 experts japonais ont été envoyés et 1278 stagiaires tunisiens accueillis dans le cadre de la coopération technique.
De plus, la JICA a envoyé environ 500 volontaires japonais en Tunisie depuis 1975 opérant notamment dans les domaines de la formation professionnelle et de la jeunesse. Après la Révolution, la JICA met l’accent sur le développement industriel et la réduction des disparités régionales. Pour les années à venir, cet appui se poursuivra et l’année 2015 est considérée comme une date buttoir de la nouvelle Tunisie. A ce propos, le représentant résident du bureau de la JICA en Tunisie estime que : « La nouvelle Tunisie démarrera en 2015. La JICA envisage de soutenir les efforts et l’engagement des Tunisiens pour le développement du pays». Malgré la différence de culture, les retards au niveau de l’exécution des projets, le Japon continuera à soutenir la Tunisie.
Najeh Jaouadi