Il ne serait pas exagéré de dire que les coordinations régionales des sit-inneurs ont presque constitué une autorité à part en Tunisie. On l’a, notamment, vu à Tataouine avec le « gouvernement » d’El Kamour et son « chef » Tarak Haddad. D’autres se sont formées pour revendiquer, elles aussi, le droit de leurs régions au développement.
L’adoption des accords d’El Kamour – qui suscitent encore la controverse – a été comme le feu vert dont ces coordinations avaient besoin pour entrer en action. « Battre le fer tant qu’il est chaud ». Autrement dit : « puisque le gouvernement a cédé à Tataouine, autant le pousser à faire de même avec nous ».
C’est probablement ce genre de réflexions que les coordinateurs pourraient avoir. Elles sont dangereuses dans la mesure où elles prouvent la faiblesse de l’État, mais aussi dans la mesure où elles attisent les tensions et instaurent le régionalisme.
Néji Jalloul, ancien ministre de l’Éducation, s’est justement penché sur la question des coordinations. C’était ce jeudi 26 novembre 2020 dans une déclaration accordée à nos confrères de Shems FM. « Nous avons des régions qui suspendent l’approvisionnement en gaz, d’autres qui suspendent l’eau et d’autres qui font de même avec les phosphates », a-t-il rappelé, exprimant, par la même occasion, sa peur de voir le pays se diviser. Pour l’ancien ministre, il est clair qu’il existe des « complices » au sein des autorités qui soutiennent les coordinations régionales et qui les financent. « Ces coordinations ne sont pas spontanées », a-t-il assuré, appelant le président de la République, Kaïs Saïed, à intervenir en sa qualité de garant de l’unité de l’État et de la sûreté nationale.