Coronavirus: qu’est-ce que « l’effet Coupe du monde » redouté par les soignants?

Alors que les Etats planchent sur une sortie du confinement, les soignants redoutent des scènes de liesse pouvant favoriser la propagation de l’épidémie.
Un jour d’après qui inquiète. Alors que les pays négocient une nouvelle semaine de confinement pour ralentir la progression de l’épidémie de coronavirus, certains professionnels de santé craignent déjà la suite.
Car même s’il “n’est pas pour demain”, selon les mots du Premier ministre français Édouard Philippe, le retour à la normale semble être dans beaucoup d’esprits. Le beau temps et les vacances font craindre un certain relâchement, pendant que les responsables politiques commencent à réfléchir aux modalités d’un déconfinement partiel.
Mis sur la table dès le premier avril, le mot décontenance les professionnels de santé, toujours confrontés aux ravages du covid-19. S’ils n’envisagent pas encore concrètement la suite des événements, trop occupés à gérer l’afflux incessant de malades dans les services de santé, certains soignants confient toutefois au HuffPost une certaine appréhension face à un “effet Coupe du monde.”
*Attention à la deuxième vague
Autrement dit: des comportements qui favoriseraient une nouvelle progression épidémique.
“On a peur de l’effet Coupe du monde avec des gens qui se retrouveront dans des bars, entre amis, dans des parcs, pour faire la fête”, explique Marie* (prénom modifié) infirmière à l’APHP avant de prévenir: “Ce n’est pas parce qu’on parlera de déconfinement que le virus aura disparu.” Même sentiment pour Marc, médecin-urgentiste dans les Bouches-du-Rhône qui craint de voir chez les Français une sorte de “soulagement” et de “désir de communion.”
Un réel danger selon eux. Car au-delà des blessures et autres actes hospitaliers que pourraient entraîner ce genre de scènes de liesse, ces soignants craignent surtout une recrudescence de la transmission du virus, provoquant une nouvelle vague d’hospitalisations.
“On écoute des célébrités confinées dire dans les médias qu’ils organiseront de grandes fêtes, de grandes retrouvailles avec leurs amis une fois le confinement terminé…”, déplore Marie avant de fustiger: “Mais en fait non. C’est juste impensable, on risque de se re-contaminer les uns les autres.”
“C’est une crainte partagée par tous les professionnels de santé. On sait grâce aux modélisations épidémiologiques que nous allons avoir une deuxième phase”, abonde Justin Breysse le président de l’Intersyndicale Nationale des Internes. “Le but, c’est qu’elle soit la plus faible possible”, explique-t-il au HuffPost.
*Le gouvernement a un rôle à jouer
Mais pour le rhumatologue, le danger de “l’effet Coupe du monde” ne vient pas forcément des habitudes des Français mais plutôt de l’impréparation du gouvernement pour gérer le vif de la crise et organiser l’après.
Car pour Justin Breysse, si l’exécutif a décidé le confinement, “une médecine du moyen-âge” selon ses mots, c’est avant tout parce qu’il ne possédait pas d’équipements de prévention, comme les masques, ni de test de dépistage nécessaire
Autant de matériel qui sera obligatoire à un retour -plus ou moins- à la normale, selon les recommandations du conseil scientifique.
“Quand on n’a pas la base pour traiter correctement les gens, on les confine. Sortir du confinement voudrait donc dire avoir le matériel nécessaire pour le faire”, explique Justin Breysse avant d’ajouter: “moi j’ai vraiment des doutes quant à la capacité des administrations à se doter de tels moyens.”
À partir de là, le médecin estime que la faute d’une nouvelle poussée épidémique incomberait plutôt au gouvernement qu’aux habitudes sociales des Français. Et Justin Breysse de redouter les mesures de privation de liberté “autoritaires” et “moyenâgeuses”que le gouvernement pourrait être tenté d’appliquer pour éviter justement “l’effet Coupe du monde.” Et ce même après le confinement officiel.
La grande fête sur les Champs-Elysées, avec klaxons et drapeaux, n’est visiblement pas pour tout de suite.
(HuffPost) 

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