La pandémie du covid-19 est une crise globale qui impacte et qui continuera d’affecter tous les systèmes sanitaires, sociaux et économiques dans le monde entier, même les plus souverains.
Néanmoins, pour certains pays, cette crise représente une menace colossale qui risque de chambouler tous les repères et anéantir les piliers de l’économie.
La Tunisie compte parmi les pays les plus vulnérables qui se sont trouvés face à un dilemme, tiraillés entre la vie des citoyens et la précarité de leurs économies.
Néanmoins, le gouvernement tunisien a tranché, dès le départ, et a priorisé l’intérêt général et la sécurité du peuple.
De facto, des mesures exceptionnelles concernant l’économie ont été prises lors d’un discours prononcé par le chef du gouvernement et cette initiative a été chaleureusement saluée par le peuple.
Toutefois, entre la théorie et la réalité, l’écart est monstrueux.
En effet, à l’instar du propriétaire d’un hôtel qui a été choqué par la décision de la STEG qui a envoyé un agent pour couper l’électricité, de nombreux gérants d’entreprises se trouvent dans des situations périlleuses.
Après la déclaration du chef du gouvernement concernant le report du règlement des différentes charges ( cotisations patronales, CNSS, impôts, TVA, charges fixes) , ils se heurtent aux demandes de paiements de la part des établissements de l’Etat.
De plus, étant donné le décalage entre les charges et les revenus et la pression que leur mettent leurs fournisseurs qui ne prennent pas en considération la situation actuelle, la plupart de ces entreprises se trouvent dans l’incapacité de payer leurs salariés et de subvenir à leurs propres besoins faute de liquidité.
Certains n’ont pas lâché l’affaire et se sont adressés aux banques qui ont promis d’accorder des prêts aux PMEs et aux TPEs pour faciliter la continuité de leurs activités durant cette crise.
Cependant, même les banques n’ont pas été solidaires et ont refusé de faciliter le travail de ces entrepreneurs.
Aussi, certains dont l’activité repose sur des projets sur appels d’offres lancés par l’Etat sont aujourd’hui dans une situation scandaleuse du moment qu’ils sont même incapables de facturer leurs services et de débloquer les sommes colossales détenues par l’Etat.
Tout cela émane de la rigidité de l’administration qui a été accentuée par le confinement et par l’incohérence entre les décisions prises par le gouvernement et les pratiques des établissements de l’Etat et des administrations qui ne sont en aucun cas en train d’appliquer les mesures qui ont été annoncées par le chef du gouvernement.
De ce fait, entre l’imminence des paiements des impôts, des charges fixes et des salaires du mois d’Avril voire Mai, les chèques versés par les fournisseurs qui ne peuvent pas attendre et l’abandon des banques, ces acteurs du secteur privé se trouvent livrés à leur propre sort.
Beaucoup ont tenté de contacter les autorités concernées à l’instar de l’API, l’UTICA, les ministères concernés, mais en vain.
Ainsi, comme le propriétaire de l’hôtel, ils sont désormais en train de se poser des tas de questions : » Dois-je payer l’Etat ou le reste? Quelle est la priorité du gouvernement, n’est ce pas le social? Ils veulent des émeutes? Un soulèvement de tous les salariés dont les entreprises ne pourront pas payer les salaires? « , Où est le gouvernement? Et maintenant on va où?…
Ces acteurs sont en train de payer la rançon d’une politique qui a toujours agi au détriment de cette catégorie, une politique dont les séquelles ont été mises en exergue lors de cette crise. Ce paradoxe est sans doute parmi les révélations de cette pandémie et une chose est sûre, la relance de l’économie post-crise ne sera pas possible sans le secteur privé.