Corruption : de gros conflits d’intérêt dans le secteur l’énergie, selon Chawki Tabib

Dans son intervention dans la Matinale de Shems FM ce vendredi 7 septembre 2018, le président de l’Instance Nationale de Lutte contre la Corruption (INLUCC), Chawki Tabib, a été interpellé sur les récents scandales ayant touché le secteur de l’énergie et qui se sont soldés par l’éviction du ministre de l’Energie et de plusieurs autres responsables, et c’est sans compter la suppression du ministère concerné.
Chawki Tabib considère que l’on ne peut pas parler d’un secteur plus corrompu qu’un autre. Il mentionne, néanmoins, l’existence de la « petite corruption », observable au quotidien, et qui coûte à l’Etat entre 400 et 500 millions de dinars par an. Le secteur de l’énergie est plutôt affecté par la grande corruption, étant donné que de grandes entreprises sont concernées, opérant dans un cadre légal complexe.
« Il y a de grosses sommes d’argent qui circulent, d’autant plus qu’il existe une réelle omerta. De fait, on n’a encore jamais vu d’entreprises venues affirmer qu’on leur a refusé un contrat parce qu’elles n’ont pas payé de pots-de-vin. Il existe plusieurs signes de la corruption dans le secteur énergétique, et ils portent notamment sur des affaires datant de l’avant-2011. De gros conflits d’intérêt existent », a-t-il expliqué. L’INLUCC, poursuit son président, a toujours appelé à l’arrestation des corrompus. Dans ce cadre, il faut mettre en place les mécanismes adéquats pour les arrêter et pour, ainsi, prévenir la corruption.

Un code des hydrocarbures lacunaire
D’autre part, Chawi Tabib a rappelé que l’INLUCC a appelé à la publication des contrats signés dans le secteur énergétique pour en garantir la transparence. Or, les gouvernements successifs, note-t-il, ont refusé, au même titre que les grandes entreprises. Ces dernières ont prétendu que les contrats contenaient des informations techniques confidentielles. « C’est un faux argument », a assuré le président de l’INLUCC, qui a assuré que l’Instance a découvert que ces entreprises publiaient leurs contrats au Canada, mais pas en Tunisie.
Dans ce même contexte, l’INLUCC a appelé à ce que la Tunisie intègre l’initiative pour la transparence internationale pour les industries extractives. Sous la pression de l’Instance et de la société civile, l’Exécutif a fini par accepter. Dans ce cadre, l’Etat va s’engager à accepter de subir des contrôles internationaux dans le secteur énergétique.
L’autre bémol du secteur, poursuit-il, est relatif au code des hydrocarbures qu’il a qualifié d’ancien. « Il comporte plusieurs lacunes qui autorisent différentes  interprétations. Le cadre juridique est ambigu », a-t-il fait savoir.
Par ailleurs, Chawki Tabib a réagi au limogeage du secrétaire d’Etat chargé des hydrocarbures. « Nous avons toujours dit qu’il était inconcevable que des personnes faisant l’objet de poursuites judiciaires occupent des responsabilités au sein de l’Etat. Ils peuvent, de ce fait, profiter de leur position pour camoufler des informations », a-t-il commenté.

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