On s’approche, jour après jour, des vacances parlementaires et les députés peinent encore à trancher sur la question des élections des membres restants de la Cour Constitutionnelle. Le même retard a été constaté pour l’élection des membres de l’instance de la bonne gouvernance et de la lutte contre la corruption. Est-ce une surprise ? Pas vraiment, compte tenu des tiraillements politiques qui ont toujours existé au sein de l’Assemblée des Représentants du Peuple (ARP).
On se souvient encore du triste retard accumulé dans l’élection d’un président pour l’ISIE (Instance Supérieure Indépendante pour les Élections). Chose qui n’avait été accomplie que peu de temps avant les élections municipales de mai 2018.
Pour la Cour Constitutionnelle, la problématique est tout aussi préoccupante pour la démocratie tunisienne, compte tenu du rôle qu’une telle institution incarne. Avant chaque séance de vote, les députés des différents blocs parlementaires clament haut et fort qu’ils ont enfin trouvé un consensus. Mais leurs échecs successifs témoignent de la vanité de leurs dires. Le dernier échec est tout récent : jeudi 18 juillet 2019. Aucun des membres n’a pu obtenir les 145 voix nécessaires.
Il y a eu, au total, 177 voix exprimées. Voici les résultats :
- Ayachi Hammami, 89 voix (Front Populaire et Bloc Démocratique)
- Abderrahmane Karim, 42 voix (bloc Al-Horra de Machrou3 Tounes)
- Mohamed Adel Kaanich, 60 voix (Nidaa Tounes et le bloc Al-Horra de Machrou3 Tounes)
- Maher Krichen, 21 voix (Loyauté pour la Nation)
- Abdelatif Bouazizi, 76 voix (Ennahdha)
- Mohamed Fadhel Troudi, 62 voix (Loyauté pour la Nation)
On ne peut que déplorer l’éparpillement des voix par-ci et par-là, malgré le consensus dont les députés chantent les louanges. Pourquoi avoir organisé, dans ce cas, autant de séances plénières si tout ces consensus n’étaient finalement qu’une mascarade, de la poudre aux yeux ? Sans doute, c’était une manière pour les députés – pas tous – de montrer leur soi-disant bonne volonté et de montrer qu’ils travaillaient. Mais c’était une pure perte de temps et la démocratie tunisienne ne peut plus supporter de tels agissements de la part de ceux que l’on croyait être les « élus du peuple », ou « les représentants du peuple ».
Vivement les élections législatives pour que les citoyens se décident, enfin, à changer de têtes à l’ARP. La Cour Constitutionnelle sera-t-elle installée avant cette échéance ? Pas si sûr à ce rythme-là.
F.K