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La Direction générale de la santé en France (DGS) a annoncé, lundi, l’apparition en Bretagne d’un nouveau variant du coronavirus SARS-CoV2. Huit personnes, au moins, en ont été trouvées porteuses. L’une des hypothèses est qu’il pourrait échapper aux tests de dépistage classiques.
Après les variants britannique, sud-africain et brésilien, une nouvelle forme du Covid-19 a-t-elle fait son apparition en Bretagne, en France ? Alertée à la fin du mois de février par le centre hospitalier de Lannion, l’Agence régionale de santé en a immédiatement informé la Direction générale (DGS), laquelle a annoncé lundi que des « investigations sont en cours pour en évaluer la transmissibilité et la sévérité ».
Si l’apparition de variants est un processus naturel permettant au virus, par le biais de mutations au fil du temps, d’assurer sa « survie », certaines formes peuvent se révéler plus dangereuses ou contagieuses. À l’heure actuelle, trois variants dans le monde sont considérés comme préoccupants, à savoir ceux détectés en Angleterre, Afrique du Sud et Japon (mais sur des voyageurs venant du Brésil, d’où son nom commun de « variant brésilien »).
Il existe toutefois une deuxième catégorie de variants, surveillés par la communauté scientifique internationale en raison de leurs caractéristiques génétiques potentiellement problématiques, mais qui ne circulent pour l’instant qu’à moindre échelle. Le « variant breton » appartient à ce groupe.
*Est-il certain que ce variant trouve son origine en Bretagne ?
Le 22 février dernier, le centre hospitalier de Lannion révélait l’existence d’un cluster au sein de l’établissement, suite à la contamination d’une dizaine de personnes. Les malades avaient beau présenter les symptômes du nouveau coronavirus, « rattachés à un cluster », leurs tests PCR se révélaient pourtant négatifs.
Trois semaines plus tard, 79 cas étaient identifiés, dont 8 porteurs d’un variant non répertorié. Ceci était confirmé après séquençage.
Une définition particulière des cas, « adaptée à la situation et relative à une zone géographique incluant une partie des départements de Côtes-d’Armor et du Finistère, en Bretagne », était alors élaborée par Santé publique France, d’où la qualification de « variant breton ».
*Comment a-t-il été identifié ?
Des investigations épidémiologiques et virologiques ont été menées sur les patients de Lannion, par Santé publique France et le CNR Virus des infections respiratoires. La « discordance répétée » entre les signes cliniques de présence du nouveau coronavirus et « des résultats cependant négatifs aux tests nasopharyngés », ont incité les autorités sanitaires à diligenter des analyses moléculaires.
Celles-ci ont été réalisées par l’Institut Pasteur et ont mis « en évidence un nouveau variant […] porteur de neuf mutations dans la région codant pour la protéine S mais également dans d’autres régions virales », a précisé la DGS dans un message adressé aux professionnels de santé.
« Une évaluation est en cours afin d’apprécier l’impact possible de ces modifications génétiques sur un défaut de reconnaissance par les tests virologiques conduisant à un sous-diagnostic », poursuit-elle.
*Quel est son niveau de dangerosité ?
Le « variant breton » étant récent et peu répandu, aucune « étude d’impact » n’a encore été réalisée. La Direction générale de la santé (DGS) précise que des « investigations approfondies » sont en cours pour en évaluer la transmissibilité, la sévérité « et le risque éventuel d’échappement immunitaire de ce nouveau variant ».
Dans l’attente des résultats et en l’absence pour le moment de données concernant une éventuelle transmissibilité accrue de ce virus par rapport aux souches de 2020 « et une éventuelle plus grande fréquence des formes sévères », l’analyse de risque réalisée par Santé Publique France et le Centre National de Référence Virus respiratoires a décidé du classement de cette souche dans la catégorie « à suivre » (variant under investigation).
Cette dernière regroupe les milliers de variants qui apparaissent naturellement dans le monde, et dont seule une petite proportion posera des problèmes de santé publique, notamment s’ils s’avèrent plus contagieux ou plus virulents.
Toutefois, selon les autorités sanitaires, « les premières analyses de ce nouveau variant ne permettent de conclure ni à une gravité ni à une transmissibilité accrue par rapport au virus historique ».
(Ouest-France)