Covid-19 : au Qatar, jusqu’à 3 ans de prison pour non-port du masque

Ne pas porter son masque en public au Qatar est désormais passible d’une amende de 50 000 euros et d’une peine de prison pouvant aller jusqu’à 3 ans.
C’est désormais le Qatar qui remporte la palme des sanctions les plus sévères du monde contre les personnes qui ne portent pas leur masque en public. Dimanche, le gouvernement a rendu obligatoire le port du masque « jusqu’à nouvel ordre », rapporte l’AFP. Cette mesure s’accompagne de peines très lourdes pour les contrevenants : 50 900 euros d’amende et une peine de prison pouvant aller jusqu’à 3 ans.
Ces décisions radicales devraient permettre de limiter au maximum la propagation du virus dans le pays. Jusqu’ici, les sanctions les plus lourdes étaient plutôt à mettre au crédit du Tchad (jusqu’à 15 jours de prison pour non port du masque) ou du Maroc (jusqu’à 3 mois de prison et 120 euros d’amende).
Au Qatar, les autorités estiment que les rassemblements familiaux pendant le ramadan pourraient avoir favorisé la progression du virus. Le pays a fermé ses restaurants, cinémas, écoles, centres commerciaux et mosquées. Seule exception, les chantiers de construction, notamment ceux liés à la Coupe du monde de football 2022, ont été maintenus.

*Situation critique des travailleurs immigrés au Qatar
A mesure que la peur grandit dans le pays, de nombreux travailleurs immigrés se retrouvent sans emploi et doivent faire la manche pour pouvoir se nourrir.
La situation devient de plus en plus critique pour les travailleurs immigrés au Qatar. Dans un pays où les conditions de travail réservées aux étrangers sont en temps normal très critiquées, ce sont ces mêmes étrangers qui subissent de plein fouet cette crise de coronavirus.
Le Qatar, l’un des pays les plus riches du monde, compte environ 2,7 millions d’habitants dont 2 millions sont des travailleurs étrangers, soit près de 75% de la population. De plus, le pays du Golfe a l’un des taux d’infection par habitant les plus élevés du monde avec près de 30000 cas confirmés. La semaine dernière, 25% des personnes testées pour le virus se sont révélées infectées, dont une grande majorité de travailleurs immigrés. Si le gouvernement assure que tous ces cas sont bénins et que le taux de mortalité reste très bas avec seulement 15 décès dans le pays, le virus fait tout de même des ravages.

*Les entreprises autorisées à résilier les contrats
À la mi-avril, le gouvernement a autorisé les entreprises qui ont cessé leur activité en raison des restrictions liées au coronavirus à imposer des congés sans solde à leurs salariés ainsi qu’à résilier leur contrat. Le gouvernement a annoncé dans le même temps que les employeurs devaient continuer à fournir de la nourriture et un hébergement à leurs employés. Mais, selon plusieurs témoignages de travailleurs rapportés par le Guardian, il semblerait que de nombreux employeurs n’en tiennent pas compte.
Une esthéticienne arrivée des Philippines il y a deux mois affirme n’avoir perçu qu’un demi-mois de salaire avant d’être licenciée et se retrouve désormais sans solution. “Mon patron dit qu’il n’a pas d’argent. Qu’est-ce qui va se passer avec ma famille aux Philippines maintenant ? Ils ont besoin de mon argent… Comment vais-je pouvoir obtenir de la nourriture ? Il n’y a personne pour nous en donner. Même mon patron n’en donne pas.”
Saidul, un travailleur du Bangladesh, se retrouve également sans emploi depuis le mois de mars et fait tout son possible pour pouvoir continuer à vivre : “J’ai dépensé toutes mes économies. J’emprunte de l’argent à des amis et à des membres de ma famille pour la nourriture et le loyer. C’est très difficile de continuer sans travail… Je n’ai pas peur du coronavirus, mais le problème est qu’il n’y a pas de travail.”

*“Comme si nous étions en prison”
Plusieurs travailleuses domestiques originaires du Népal racontent qu’elles ont été laissées sans aucune ressource après avoir refusé de s’installer dans les maisons des familles qu’elles servent. Ces dernières craignent le coronavirus ainsi que le risque d’abus de la part des familles, ce qui est courant chez les travailleurs domestiques du Golfe. De ce fait, l’entreprise qui les emploie les a obligées à signer un document déclarant qu’elle n’était plus responsable de leurs salaires. Depuis début mars, elles ont seulement reçu l’équivalent de 25 euros chacune. “Nous n’avons plus d’argent. Nous avons supplié notre responsable pour avoir de la nourriture, ce qu’il nous a finalement donné, mais que se passera-t-il après ça ?” raconte l’une d’entre elles.
De nombreux travailleurs ont été placés en quarantaine par le gouvernement dans des dortoirs délabrés et surpeuplés dans une zone industrielle. Le gouvernement a mis en place un programme de prêt d’environ 750 millions d’euros pour les entreprises afin que ces travailleurs isolés par le gouvernement puissent toucher l’intégralité de leur salaire. Mais nombre d’entre eux ont déclaré au Guardian qu’ils ont été placés en congé sans solde sans avoir leur mot à dire. “C’est comme si nous étions en prison” avoue l’un d’entre eux.

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