Covid-19 : ce que doit nous enseigner la hausse des cas au Danemark

Si la pandémie est loin d’être terminée, avec la lassitude liée aux restrictions, le cas danois avait tout pour redonner de l’espoir. Précurseur en Europe, le pays scandinave a mis fin début septembre aux restrictions contre le Covid-19. Idéalement, il devait montrer par là que le retour à une vie normale n’était pas une chimère, même face à la menace du très contagieux variant Delta.
Près de deux mois plus tard, le Danemark est confronté à une hausse des infections, et ce depuis plusieurs semaines. A l’approche de l’hiver, le pari d’un allègement des restrictions est-il voué à l’échec ? Alors que la quasi totalité du Vieux Continent est en ce moment confrontée à une hausse des contaminations, plusieurs leçons peuvent être tirées de la situation sanitaire au Danemark, pays qui dispose néanmoins de plusieurs atouts pour faire face à une reprise épidémique.
*Un rebond est possible, les gestes barrière restent importants
La tendance se confirme : la situation sanitaire continue de se dégrader en Europe. Quasiment tous les pays sont touchés, même si les disparités sont fortes. Les pays d’Europe de l’Est font face à une véritable vague, alors qu’une reprise épidémique se confirme à l’Ouest. En fin de semaine, les plus fortes hausses ont été enregistrées en République Tchèque (+101% de contaminations sur une semaine, 4100 cas quotidiens) et en Hongrie (+92% contaminations, 2600 cas quotidiens). En troisième position, on retrouve le Danemark (+80% de contaminations, 1500 cas quotidiens).
Dans ce pays de 5,8 millions d’habitants, les regards se tournent une nouvelle fois vers les courbes épidémiques, qui sont de nouveau en hausse. Au 31 octobre, le nombre de cas quotidiens (en moyenne glissante sur sept jours) s’élevait à 1710. Soit une hausse de 295% par rapport au début du mois, avec 432 cas à la date du 1er octobre. Preuve que la situation appelle à la vigilance, il faut remonter à début janvier pour retrouver des niveaux similaires.
Face au très contagieux variant Delta et avec l’abandon des restrictions, la tendance n’est guère surprenante. Le Danemark a notamment mis fin au passe sanitaire. Mais la hausse des cas n’est pas forcément liée uniquement à ces allègements : le contexte automne-hiver est en effet propice à une hausse des contaminations, comme mettaient en garde depuis des semaines de nombreux scientifiques.
« Le Danemark, les Pays-Bas, la Belgique, l’Autriche et l’Allemagne connaissent à leur tour des rebonds plus intenses qu’en France, en Espagne, en Italie ou en Suisse, mais ce décalage pourrait bien n’être juste qu’un retard de quelques semaines sur une évolution automno-hivernale qui se propagerait inéluctablement sur tout le continent », explique ainsi l’épidémiologiste Antoine Flahault dans un entretien à L’Express. Il appelle notamment à « s’interroger sur les leviers de ce rebond plutôt que se croire à l’abri ».
Dans ce contexte, les autorités françaises ont lancé cette semaine une nouvelle campagne sur l’importance des gestes barrière – qui semblent de plus en plus délaissés – alors que les différents indicateurs confirment une reprise épidémique.
*Le vaccin protège des hospitalisations
Malgré la hausse des cas, la situation n’est pas forcément alarmante au Danemark. Le pays dispose d’une arme face au virus, celle de la vaccination. Avec plus de 75% de la population totalement vaccinée, il peut aborder plus sereinement une circulation accrue du virus. En effet, on le sait, le vaccin protège surtout des formes graves de la maladie.
Début octobre, soit trois semaines après la fin des restrictions, le nombre de patients hospitalisés était inférieur à 100. L’indicateur a dépassé cette semaine la barre des 200. On compte ce lundi 248 patients hospitalisés pour Covid-19 (+15 personnes par rapport à dimanche), selon les chiffres de l’agence sanitaire danoise.
Cette hausse doit appeler à la vigilance, sans y voir forcément les prémices d’une saturation des services hospitaliers, grâce à la couverture vaccinale. « Il ne fait aucun doute que ce que nous voyons en ce moment est une épidémie parmi les non vaccinés », a déclaré le professeur Hans Jørn Kolmos, professeur de microbiologie clinique à l’Université du Danemark du Sud dans The Local Denmark. « Il y a bien sûr de nombreuses personnes vaccinées qui sont hospitalisées mais il faut se rappeler ici qu’il faut toujours voir cela par rapport à l’importance d’une partie de la population réellement vaccinée. »
Cela peut-il durer ? « L’hiver à venir peut causer des problèmes importants, à la fois en termes de résurgence de Covid-19 – infections plus fréquentes possibles en raison de la baisse de l’efficacité du vaccin et/ou de l’évolution ultérieure du virus – et de la grippe, du virus respiratoire syncytial », soulignait début septembre à L’Express Jens Lundgren, professeur à l’Université de Copenhague. Selon lui, l’hypothèse d’un retour des restrictions n’était pas à exclure.
*Renforcer le bouclier vaccinal avant l’hiver, surtout pour les publics à risque…
Comme dit plus haut, le Danemark dispose indéniablement d’un atout avec sa couverture vaccinale. Avec plus de 75% de la population totalement vaccinée, elle est supérieure à la moyenne européenne, qui s’élève à 55% selon les données du site Our World in Data.
La France dispose d’une couverture vaccinale comparable. Cela signifie-t-il pour autant qu’il est possible de suivre l’exemple danois sur un allègement des restrictions ? Dans un contexte de rebond épidémique, au-delà du taux global de vaccination, aussi élevé soit-il, celui des personnes âgées est une donnée cruciale. En effet, ces personnes sont plus à risque de développer une forme de la maladie.
Sur la question, certains sont clairement en avance. Les chiffres du Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC) le montrent, plusieurs pays, comme le Danemark, sont parvenus à vacciner 100% des plus de 80 ans. En Europe de l’Ouest, c’est le cas notamment de l’Espagne, du Portugal, ou de l’Irlande. Mais dans cette zone, la France fait presque figure d’exception : le taux est inférieur à 90%, et s’établit à 87%. La France se classe au final à la 15e position (sur 27).
Face au risque d’une éventuelle nouvelle vague, l’urgence est donc de protéger les personnes fragiles. Les autorités entendent ainsi renforcer la protection des personnes âgées via le dispositif dit « aller vers ». Les différentes actions menées reposent sur la mobilisation d’acteurs divers, comme la participation de l’Assurance maladie, des médecins traitants, associations et élus, peut-on lire sur la page du gouvernement. Un numéro vert a également été lancé cette semaine à destination des plus de 80 ans.
*…Et booster la campagne de rappel
Face à la hausse des cas au Danemark, un autre élément inquiète les autorités : la perte d’efficacité des vaccins injectés en début d’année aux personnes les plus vulnérables. Comme ailleurs en Europe, une campagne de rappel vaccinal a ainsi été lancée en septembre. Afin d’aller plus loin et de renforcer encore plus la protection de la population très majoritairement totalement vaccinée, les autorités ont annoncé mi-octobre que la troisième dose sera proposée à tout le monde, environ six mois après la deuxième dose même si l’intervalle pourra être plus long.
« Nous avons un plan pour le déploiement de la troisième injection de vaccin. Les Danois seront invités six mois et 14 jours après avoir reçu la deuxième dose », a dit à la télévision publique DR le ministre de la Santé, Magnus Heunicke. « Le timing de la revaccination est crucial. Nous voulons commencer avec la dose de rappel avant que les gens ne tombent gravement malades à cause du Covid-19 », a pour sa part déclaré la directrice adjointe de l’agence sanitaire nationale, Helene Probst, citée dans un communiqué.
A l’approche de l’hiver, le gouvernement français appelle aussi les personnes âgées et fragiles à recevoir le rappel vaccinal, s’inquiétant de niveaux encore trop bas (seuls 30% des personnes éligibles ont reçu une troisième dose de vaccin contre le Covid-19). Dans les semaines à venir, le gouvernement français a annoncé qu’il décidera, en se basant sur la recommandation des autorités de santé, s’il faut conditionner le passe sanitaire à une troisième dose pour les personnes vulnérables.
(L’Express)

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