Des politiques et des militaires en Espagne, des artistes en Pologne… Partout éclatent des histoires de « coupe-file » dans la vaccination contre le Covid-19.
La corruption s’est trouvé un nouveau terrain de jeu. Alors que les doses de vaccins contre le Covid-19 s’arrachent, des passe-droits fleurissent partout. Ça sent le soufre en Espagne, notamment. 2,9 % de la population a déjà obtenu sa première injection : officiellement, il ne s’agit que de soignants et de personnes âgées. Mais « au moins 700 » élus ou hauts gradés auraient aussi profité des doses, selon Europa Press. Parmi eux, un procureur, des élus locaux de tous bords, le ministre régional de la Santé de Murcie et le chef de l’état-major des armées, limogé le 23 janvier. Ou encore l’évêque de Majorque : à 73 ans, il n’a pas attendu son tour, imminent, et a profité d’une visite chez des prêtres retraités pour se faire piquer en douce…
*« Un malentendu »
L’égoïsme à son paroxysme ? Pas si simple, admet le journal El Païs : certains ont été vaccinés sur « un malentendu » – comme des maires qui visitent des Ehpad et se voulaient « prudents » . Ou pour « ne pas gâcher ». C’est ce qui s’est passé à l’hôpital Coombe de Dublin, en Irlande, où seize proches de soignants ont reçu des « doses restantes » début janvier : « Elles auraient été jetées », a justifié le Dr O’Connell, dont deux enfants ont été vaccinés. Face aux réactions outrées, l’hôpital a finalement présenté ses excuses…
Lui jure avoir voulu « bien faire »… Le Polonais Leszek Miller, ex-Premier ministre et eurodéputé social-démocrate, a doublé tout le monde, fin décembre. À 76 ans, il ne figurait pas encore parmi les prioritaires, mais dit avoir voulu « rassurer les gens ». Pas de quoi convaincre les Polonais, qui ont découvert que l’université de médecine de Varsovie disposait de 450 doses destinées à des personnalités de la culture et des élus. Officiellement pour « promouvoir la vaccination », alors que 45 % de la population boudait l’injection. « Un véritable scandale », a réagi le Premier ministre conservateur Mateusz Morawiecki, en prenant soin de souligner que des membres de l’opposition s’étaient compromis…
*« On donne l’exemple »
La fronde enfle aussi en Autriche, où la justice a été saisie après le filoutage d’élus locaux dans des maisons de retraite. Idem pour des employés du comté de Denbigshire, au Pays de Galles… Ou encore au Brésil, où les plaintes s’accumulent. Sont notamment visés les enfants d’un député de Manaus, la capitale d’Amazonas, submergée par l’épidémie, qui a fait plus de 3 000 morts en janvier.
La France n’échappe pas aux polémiques. Le 6 janvier, la vaccination en public de deux élus de Nouvelle-Aquitaine leur a valu bien des critiques. « On donne l’exemple », a justifié Alain Rousset, le président de région. Argument réfuté par le Premier ministre, Jean Castex. Lui a refusé le vaccin, craignant que « ce soit interprété comme un passe-droit »… Le ton est aussi monté, mercredi, entre la CGT de l’Hôtel-Dieu et la mairie de Paris. Cette dernière, accusée de privilégier « ses personnels et autres VIP non prioritaires », soutient n’avoir pas dérogé à la règle « fixée par les autorités sanitaires ».
(Ouest-France)