Covid-19 : efficacité, stockage… Quatre questions sur le vaccin de Moderna

Aurons-nous un vaccin dès les premiers mois de l’année 2021 ? C’est de plus en plus probable. Après Pfizer/BioNTech la semaine dernière, la société de biotechnologie américaine Moderna a annoncé ce lundi que son candidat vaccin, mRNA-1273, est efficace à 94,5%.
Ce vaccin vient également s’ajouter aux solutions développées par les Chinois et les Russes, déjà homologuées dans leurs pays respectifs. Cette efficacité de 94,5% est, pour l’instant, le plus haut taux annoncé dans le monde, devant Pfizer/BioNTech (90%) et Spoutnik-V (RDIF, Russie, 92%). Le résultat de Moderna signifie que le risque de tomber malade du Covid-19 a été réduit de 94,5% entre le groupe placebo et le groupe vacciné du grand essai clinique en cours sur 30 000 personnes aux Etats-Unis, selon une analyse préliminaire des tout premiers cas : en l’occurrence, 90 participants du groupe placebo ont attrapé le Covid-19, contre 5 dans le groupe vacciné.
*Quelle est la technologie employée ?
Comme pour le vaccin Pfizer/BioNTech, c’est la récente technologie de « l’ARN messager » qui a été privilégiée. Celle-ci vise à entraîner notre système immunitaire à reconnaître le coronavirus, lui faire monter ses défenses de façon préventive, afin de neutraliser le vrai virus s’il venait à nous infecter. Comment ?
Les laboratoires injectent dans l’organisme des brins d’instructions génétiques appelées ARN messager, c’est-à-dire la molécule qui dit à nos cellules ce qu’il faut fabriquer. Toute cellule est une mini-usine de protéines, selon les instructions génétiques contenues dans l’ADN de son noyau (l’ADN est transcrit en ARN au moment voulu). Cet ARN messager – fabriqué en laboratoire – vient s’insérer et pirater cette machinerie pour faire fabriquer des protéines ou « antigènes » spécifiques du coronavirus : ses « spicules » (« spikes »), ces pointes si reconnaissables qui ornent sa surface et lui permettent de s’attacher aux cellules humaines pour les pénétrer. Ces protéines, inoffensives en elles-mêmes, vont être libérées par nos cellules et livrées au système immunitaire, qui va alors produire des anticorps.
*Y a-t-il des différences avec d’autres vaccins ?
A aucun moment, le virus SARS-CoV-2, même inactivé, n’est injecté, et l’ARN ne peut pas s’intégrer dans notre génome. Les vaccins conventionnels peuvent être faits de virus inactivés (polio, grippe), atténués (rougeole, fièvre jaune), ou tout simplement de protéines appelées antigènes (hépatite B).
Les compagnies chinoises Sinovac Biotech et Sinopharm ont choisi la première méthode, celle des virus « inactivés ». La Russie, qui a annoncé une efficacité de 92% pour son vaccin Spoutnik, utilise de son côté un vaccin « à vecteur viral », utilisant un virus transformé pour y ajouter une partie de celui responsable du Covid-19.
*Que sait-on de plus sur ce candidat vaccin ?
À l’inverse de Pfizer/BioNTech, quelques données supplémentaires ont été livrées par Moderna à propos de son vaccin contre le Covid-19. D’abord, aucun malade grave du Covid-19 n’a été enregistré parmi les personnes vaccinées, contre 11 dans le groupe placebo. Deux doses, à plusieurs semaines d’intervalle, sont nécessaires, comme pour le sérum de Pfizer/BioNTech.
Au total, environ 9 à 10% des personnes vaccinées ont éprouvé de la fatigue et des douleurs musculaires après la seconde dose, et dans une moindre proportion d’autres effets secondaires dont maux de tête (4,5%) et rougeur autour du point d’injection (2%).
On ignore encore la durée de la protection conférée par le vaccin, ce que seul le temps révélera. Stéphane Bancel, PDG de Moderna, s’est réjoui de l’annonce, précisant par ailleurs que les premières indications cliniques du vaccin peut « prévenir la maladie du Covid-19, y compris la forme grave ».
*Comment sera-t-il distribué et stocké ?
Moderna, dans son communiqué, annonce un stockage du vaccin jusqu’à 30 jours à une température de 2° à 8°. Il restera stable à -20° en vue d’un transport ou d’une longue conservation, de l’ordre de six mois. Le laboratoire se démarque de Pfizer/BioNTech dans ce domaine, l’alliance ayant annoncé lundi une conservation à -70°. De fait, le vaccin de Moderna pourrait être plus facilement distribué auprès des pharmacies et cabinets médicaux.
(L’Express, avec AFP)

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