C’est un chiffre aussi triste que symbolique. Le Royaume-Uni a passé mardi le cap des 100 000 morts du coronavirus, soit le bilan le plus lourd d’Europe et le cinquième au niveau mondial.
En annonçant la nouvelle avec une mine grave, Boris Johnson s’est dit «profondément désolé pour chaque vie perdue».
«Bien sûr, en tant que Premier ministre, j’assume la pleine responsabilité de tout ce que le gouvernement a fait. Nous avons fait tout ce que nous pouvions pour minimiser les pertes en vies humaines» a-t-il ajouté.
Ce lourd bilan de 100.162 morts dépasse le nombre de civils britanniques tués durant la Seconde Guerre mondiale. Et il est le double du nombre de tués pendant les bombardements du Blitz de 1940-1941, a déploré le chef de l’opposition travailliste, Keir Starmer. Le pays a enregistré plus de 20.000 contaminations et 1 631 décès supplémentaires ces dernières vingt-quatre heures. Le bilan devrait encore s’alourdir, l’épidémie aggravée par le nouveau variant – plus contagieux et potentiellement plus mortel – continuant à courir dans le pays. Le médecin en chef pour l’Angleterre, Chris Whitty, a averti que «de nombreuses morts seraient encore à déplorer dans les prochaines semaines», avant que la campagne de vaccination ne fasse effet.
Celle-ci s’accélère encore, avec déjà 6,8 millions de personnes ayant reçu une première dose. L’objectif est d’administrer d’ici mi-février une première injection de vaccin à 15 millions de personnes prioritaires, les plus de 70 ans et les soignants, afin d’envisager un déconfinement et une réouverture des écoles. Cette question des écoles fait actuellement l’objet d’une vive polémique. Le gouvernement a laissé entendre qu’elles pourraient ne pas rouvrir avant Pâques mais de nombreuses voix – des élus conservateurs notamment – font pression pour que les cours reprennent dès le retour des vacances de février. Elles préconisent que les enseignants soient vaccinés en priorité.
Malgré le troisième confinement décrété le 5 janvier, la situation sanitaire reste donc critique même si un reflux des contaminations est observé depuis ce nouveau tour de vis. Sous le feu des critiques pour sa gestion de la crise et ses multiples revirements, Boris Johnson envisage de nouvelles mesures avec un bouclage plus serré des frontières. Un test PCR négatif et un isolement de dix jours sont déjà obligatoires pour entrer dans le pays, mais le gouvernement pourrait vite annoncer une quarantaine obligatoire de dix jours dans des hôtels pour les voyageurs arrivant au Royaume-Uni. Il reste à savoir si cela concernera tous les arrivants ou seulement ceux en provenance de pays à risques, option vers laquelle Londres semblait se diriger dans un premier temps.
Signe peu encourageant, le gouvernement a demandé mardi aux Britanniques de ne pas faire de réservations pour leurs vacances d’été.
(Le Figaro)