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Les experts de l’OMS ont poursuivi leur enquête sur les origines du coronavirus en visitant mercredi l’Institut de virologie de Wuhan, en Chine, qui se trouve à quelques kilomètres du marché soupçonné d’être le berceau de la pandémie de Covid-19.
Le laboratoire chinois, qui possède la plus grande collection de souches de virus en Asie, nourrit depuis le début de l’épidémie les théories selon lesquelles il aurait laissé échapper le coronavirus, ce que l’Institut dément fermement.
L’enquête, que la Chine a mis plus d’un an à autoriser, est extrêmement sensible pour le régime chinois, accusé d’avoir tardé à réagir face aux premiers cas de Covid signalés fin 2019. Les chercheurs n’ont pu entamer leurs travaux sur le terrain que la semaine dernière, après 14 jours de quarantaine.
*Les chercheurs y étudient différents types de pathogènes
L’institut n’accueille pas moins de 1 500 spécimens différents, selon son site internet.
Équipés de combinaisons intégrales, dans un espace de travail pensé pour éviter toute fuite, les chercheurs étudient différents types de pathogènes afin de pouvoir réagir rapidement à l’apparition de maladies infectieuses.
Ils ont notamment signé de nombreuses études sur les liens entre les chauves-souris et l’émergence de ces maladies en Chine. Ils ont ainsi contribué à mieux connaître le nouveau coronavirus après son apparition à Wuhan. En février 2020, leurs travaux avaient été publiés dans une revue scientifique, concluant que la séquence du génome du Sars-CoV-2 est à 96 % similaire à celle d’un coronavirus de chauve-souris.
*Ils collaborent régulièrement avec des scientifiques étrangers
Deux chercheurs de Wuhan ont notamment participé en 2015 à une étude internationale avec plusieurs universités américaines, lors de laquelle un agent pathogène avait été créé afin d’analyser la menace d’un virus semblable au Sras.
L’Institut de virologie a par ailleurs collaboré avec EcoHealth Alliance, une association basée aux États-Unis et spécialisée dans la prévention des maladies, et dont le président Peter Daszak fait partie des experts envoyés par l’OMS à Wuhan.
*L’Institut dispose de plusieurs laboratoires à haute sécurité
Le centre dispose depuis 2012 d’un laboratoire de haute sécurité P3 (pour « pathogène de classe 3 ») qui étudie de nombreux virus – notamment les coronavirus.
L’Institut de virologie possède également un P4 (pour les pathogènes encore plus dangereux). Un laboratoire à la sécurité encore plus renforcée, qui peut héberger des souches comme Ebola.
Formellement ouvert en 2018 et visité l’année précédente par l’ex-Premier ministre français Bernard Cazeneuve, ce P4 a été réalisé avec la collaboration de la France.
Aucune preuve ne vient jusqu’ici accréditer l’hypothèse d’une fuite
L’administration Trump avait plusieurs fois pointé du doigt l’institut de virologie wuhanais.
« Le gouvernement des États-Unis a des raisons de penser que plusieurs chercheurs à l’intérieur de (l’établissement) sont tombés malades à l’automne 2019, avant l’identification du premier cas de l’épidémie, avec des symptômes compatibles à ceux, à la fois du Covid-19, et de maladies saisonnières courantes », avait ainsi affirmé l’ancien chef de la diplomatie américaine, Mike Pompeo, mi-janvier.
Selon le quotidien Washington Post, l’ambassade des États-Unis à Pékin, après des visites à l’institut, avait alerté en 2018 les autorités américaines sur des mesures de sécurité qu’ils jugeaient insuffisantes.
La direction de l’Institut de virologie et le gouvernement chinois ont toutefois catégoriquement démenti que ces laboratoires soient la source du nouveau coronavirus.
*L’origine du virus toujours inconnue
Selon la plupart des scientifiques, le nouveau coronavirus à l’origine de la pandémie actuelle a probablement été transmis à l’homme par un animal. Le marché de Wuhan a été incriminé au début de l’épidémie, car il vendait notamment des animaux sauvages vivants – potentiels porteurs de coronavirus transmis par des chauves-souris. Mais le Sars-CoV-2 a pu provenir d’ailleurs. « Toutes les hypothèses sont sur la table. Il est clairement trop tôt pour parvenir à une conclusion sur l’endroit où est né ce virus, que ce soit en Chine ou hors de Chine », a déclaré la semaine dernière à Genève le directeur chargé des questions d’urgence sanitaire à l’OMS, Michael Ryan.
(AFP)